Toutefois, les collections muséales de Berlin ont connu une histoire rocambolesque. La seconde guerre mondiale et la division est-ouest de Berlin qui s'ensuivit a contribué à éparpiller dans la ville les collections de ce qu'on appelait avant le Musée Frédéric-III, éphémère roi de Prusse en 1888.
Par exemple, à partir de 1950, il y avait le Musée antique de Berlin-est et le Musée Antique de Berlin-Ouest...
Après la réunification du pays, en 1990, le gouvernement allemand, conscient du caractère unique du site, décida de rénover les 5 musées de l'île, dont la construction s'était étalée sur un siècle, jusqu'en 1930. Berlin retrouvait son rang de capitale fédérale et se devait de présenter dignement le meilleur de ses collections, allant de l'art sumérien à Claude Monet. L'Unesco encouragea l'initiative en classant cet espace au Patrimoine mondial, en 1999.
Ainsi débuta un projet de longue haleine, qui devrait durer encore au moins 20 ans, avec pour objectif d'attirer jusqu'à quatre millions de visiteurs par an. La Alte Nationalgalerie (ancienne Galerie nationale) bénéficia la première de ce ravalement en profondeur. Rouverte au public en 2001, cent vingt-cinq ans après son inauguration, elle propose les tableaux du XIXe siècle, du romantisme allemand (dont Caspar David Friedrich) au début du modernisme en passant par l'impressionnisme français.
Après six ans de travaux de rénovation et une phase d’aménagement qui a duré plusieurs mois, le musée Bode a réouvert le 17 octobre 2006 et brille à nouveau dans tout son éclat. Il abrite non seulement la Collection de sculptures et le Musée d’art byzantin, mais aussi le Cabinet des monnaies et des œuvres de la Galerie de peinture.
Le Bode-Museum, du nom d'un ancien directeur des musées prussiens, Wilhelm von Bode, est le deuxième de la liste à avoir fait peau neuve, pour la somme de 230 millions de $ can.
UN PROJET TOTAL DE $2 MILLIARDS (can)
Les travaux continuent et sont maintenant en cours au Neues Museum (Nouveau Musée) dévolu à l'art égyptien et à d'autres pièces archéologiques. Sa réouverture est prévue en 2009 par les plus optimistes.

Entre-temps, un bâtiment de verre en forme de cube, conçu par l'architecte britannique David Chipperfield, devrait sortir de terre face au Neues Museum. Il servira de point d'accueil central pour les visiteurs des cinq établissements. Pour faciliter le transit, un tunnel nommé "promenade" devrait être creusé entre quatre des musées - l'Alte Nationalgalerie est exclue.

Cette idée, destinée à faire du lieu "le plus grand univers de musées pour l'art mondial", déplaît fortement à des personnalités culturelles de Berlin. Elles redoutent que cette voie souterraine n'attire des groupes de touristes pressés qui, au pas de charge, passeraient en revue quelque six mille ans d'histoire sans en retenir grand-chose. Et dérangeraient les "véritables" amateurs d'art. Certains choix architecturaux sont également dénoncés par une association de citoyens, la Société Berlin historique, qui a réuni plus de 15 000 signatures. Tout cela me rappelle le débat de la rénovation du Louvre et de sa pyramide.
La rénovation de l'ensemble (quen l'on appelle l'Ile aux musées) est critiquée en outre à cause de son coût, estimé aujourd'hui à $ 2 milliards (can). La Cour des comptes allemande a déjà mis en garde contre un dépassement. Pour convaincre les sceptiques du bien-fondé du projet en cette période de restrictions budgétaires, Angela Merkel, la chancelière, a enregistré un message vidéo téléchargeable sur baladeur numérique. Selon elle, "il est important pour nous tous, en cette période de mondialisation, de savoir d'où nous venons et quelles sont les racines de nos valeurs". Tout à fait d'accord!

Source: MasterPlan des musées berlinois et le journal Le Monde
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