lundi, septembre 15, 2008

Que conserver de notre vie?

S’il n’y avait qu’un seul instant de notre vie à emporter pour le grand voyage, lequel choisir?

Au détriment de quoi et de qui?

Et surtout, comment se reconnaître au milieu de tant d’ombres, de tant de lumières, de tant de titans?...

Qui sommes-nous au juste?

Ce que nous avons été ou bien ce que nous aurions aimé être? Le tort que nous avons causé ou bien celui que nous avons subi? Les rendez-vous que nous avons ratés ou les rencontres fortuites qui ont dévié le cours de notre destin? Les coulisses qui nous ont préservés de la vanité ou bien les feux de la rampe qui nous ont servi de bûchers?

Nous sommes tout cela en même temps, toute la vie qui a été la nôtre, avec ses hauts et ses bas, ses prouesses et ses vicissitudes; nous sommes aussi l’ensemble des fantômes qui nous hantent… nous sommes plusieurs personnages en un, si convaincants dans les différents rôles que nous avons assumés qu’il nous est impossible de savoir lequel nous avons été vraiment, lequel nous sommes devenus, lequel nous survivra.

Tiré de Ce que le jour doit à la nuit
de Yasmina Khadra (Julliard, 2008)

mardi, septembre 02, 2008

L'enfance

L’enfance, je crois que personne ne la quitte vraiment.

On peut la rejeter, bien sûr, mais c’est la meilleure preuve qu’on y tient. C’est comme une forêt vierge, l’enfance. Souvent, quand on la vit, on la subit. Mais on se construit, en même temps, une série de chambres obscures qu’on n’arrivera jamais, plus tard, à explorer jusqu’au bout…

L'enfance, c'est tout ce que l’on a perdu et ce que l’on a gardé. C'est ce qu'on n’a jamais cédé et ce qu'on a cédé trop facilement, même pour ne rien obtenir…

C’est dérisoire, mais il n’y a sans doute que cela de vrai.

La vie n'est peut-être qu'un long aller-retour entre soi et les débuts de notre existence.

Tiré (et adapté) de Fanny Ardant