lundi, mars 20, 2006

Je déménage Homère...

Comme je le disais dans un billet précédent, je viens de quitter l'appartement qui m'abritait depuis plusieurs années...je change de quartier...Adieu Ahuntsic, à moi le Plateau.

Ma chambre à coucher était habitée par la figure centrale d'Homère. J'avais acheté un buste d'Homère en 2001 au Musée national archéologique d'Athènes. Nous étions un groupe de 20 personnes (tous des français sauf moi) en ''learning travel'' sur l'antiquité...l'autobus était immense et je plaçais le buste d'Homère sur le siège à côté de moi...c'était le ''running gag''...tout le monde saluait chaque matin, Homère le canadien...

Je suis devenu attaché à mon buste d'Homère comme souvenir de voyage mais aussi comme représentation de la culture occidentale; en plus L'Iliade (écrit 9 siècle av JC!), c'est tellement beau et fort! J'en ai pris le plus grand soin lors du déménagement!!

Pendant que je réfléchis à tout cela, j'apprends aujourd'hui dans les journaux montréalais que des archéologues chypriotes ont découvert récemment un cercueil en pierre vieux de 2 500 ans, ornés de fresques colorées illustrant des poèmes grecs antiques, dans l'ouest de Chypre.

Les fresques du cercueil dépeignent devinez quoi? : Ulysse dans des scènes de l'Iliade et l'Odyssée, deux poèmes épiques d'Homère extrêmement populaires dans le monde grecque. Cette nouvelle me touche; il en a vu du pays, ce chère Homère... et sur plus de 2500 ans...

Vous pouvez être sûr qu'il aura une place de choix, sur le Plateau Mont-Royal, à Montréal!

dimanche, mars 19, 2006

Souvenir de mes ''Madames Paki''

Je viens de déménager du quartier montréalais d'Ahuntsic pour le Plateau Mont-Royal. Pas loin de 10 ans dans le nord de l'île de Montréal qui l'aurait cru..

Je suis d'accord avec Michel Rivard qui a écrit que la nostalgie est comme une femme aux yeux trop bleus...j'essaie donc d'éviter la ronde des souvenirs que ce soit les bons ou les naufrages. De toute façon, côtoyer l'antiquité m'a appris que les vestiges de naufrages prennent de la valeur avec le temps...j'attendrai bien encore une décennie ou deux avant d'aborder le sujet!

Pour ce blogue, je vous ferai plutôt part d'un souvenir anecdotique (mais affectueux) de mes nombreux passages à la buanderie St-Laurent (au coin du boul. St-Laurent et de Port-Royal à la limite sud du quartier Ahuntsic). Je n'ai pas eu de laveuse/sécheuse pendant près d'une décennie parce que appart. trop petit. J'ai donc longuement fréquenté cette buanderie.

J'y arrivais souvent tard le soir ou même après minuit. Je dors peu la nuit; j'aimais profiter de ces heures nocturnes pour faire un tour à la buanderie en lisant mon roman du jour. À ces heures tardives, on y rencontre surtout des femmes sans âge entourées de grands sacs blancs bourrés de linges sales. Il y avait toujours quelques haïtiennes mais surtout des femmes ''hindous''--à peu près toujours les mêmes--que j'identifiais dans ma tête comme mes ''Madames Paki''. Elles lavaient le linge pour d'autres avec des gestes mécaniques, sans dire un mot, dans le silence.

Au cours de ces nombreuses années, de ma centaine de visites nocturnes peut-être, elles ne m'ont jamais adressées la parole-- moi non plus d'ailleurs. Au début, je sentais une certaine surprise dans leurs regards: que fait cet homme (j'étais le seul homme) blanc (j'étais le seul blanc) en pleine nuit dans cette buanderie avec son petit sac ridicule alors que nous, nous sommes obligés d'y être.

Après quelques mois, j'étais fondu dans le décor et elles ne me regardaient à peine arriver. J'étais content de faire partie de la famille...Je plaçais mon linge, je m'installais toujours sur la même chaise (j'étais le seul à m'asseoir...ces femmes restent toujours debout!) et je prenais mon roman. Je lisais des romans style ''Germinal'' de Zola et je ne pouvais m'empêcher de penser à l'injustice de la destinée...Je quittais bien sûr bien avant elles.

Et maintenant que je suis sur le Plateau (avec laveuse/sécheuse!), je repense à mes Madames Paki qui laverons encore ce soir le linge des autres dans une buanderie quelconque du nord de Montréal ...

mardi, mars 14, 2006

Dieu, Jésus et la foi

Les 10 raisons pourquoi Dieu n'existe pas!

Ceux qui me connaissent bien savent que j'ai un très grand attachement à l'église catholique mais que je doute fortement que Jésus de Nazareth fût le fils de Dieu. Je sais que c'est bizarre mais c'est comme ça...j'aime le patrimoine religieux, le sacré, l'idée que des textes anciens et spirituels se transmettent jusqu'à nous depuis des siècles mais je n'arrive pas à croire profondement.

Cette dualité par rapport à l'église et à Jésus explique peut-être mes longues heures de lectures bibliques (merci à l'auteur prolifique Gérald Messadié, au duo de Corpus Chrsiti--Gérard Mordillat et Jérôme Prieur et à bien d'autres ). Mais finalement, après toutes ces lectures (dont la Bible) et réflexion --j'ai le goût prétentieux de répondre à la question fondamentale... : Est-ce que Dieu existe?

Vaste question mais j'y vais avec une réponse directe, simple et personnelle: "Non"

Pourquoi? Vous trouverez mes 10 raisons qui expliquent cette réponse...

1) Après analyse de plusieurs recherches archéologiques, il existe de fortes présomptions de l'existence de Jésus. De plus, à cause de la force de la tradition, j'ai personnellement la conviction qu'il y a eu un personnage historique du nom de Jésus;

2) La vie de Jésus racontée dans la Bible est plus proche du mythe que de l'histoire même revisitée selon nos critères modernes;

3) Les Évangiles contiennent tant de contradictions et d'invraisemblances qu'il ne sauraient représenter une source scientifiquement valable sur le Jésus de l'histoire;

4) L'histoire du développement de l'Eglise montre plutôt une construction progressive de l'idée même de Jésus et de Dieu que la transmission d'un héritage historique bien précis;

5) Paul qui est le personnage chrétien le plus ancré dans l'histoire ne parle à aucun moment du Jésus de Nazareth dépeint par les évangiles. Son silence sur la vie de Jésus est plus éloquent que tout le reste. Son Christ ne se rattache à aucun personnage historique précis. En passant, la vie de St-Paul est fascinante..je suggère fortement les lectures sur ce père de l'église;

6) La foi est la seule façon d'expliquer de manière cohérente l'ensemble des miracles et des actes surnaturels présents dans les évangiles. Si Jésus est le fils de Dieu alors bien-sûr il a pu vivre une vie semblable (c'est-à-dire surnaturelle) à celle racontée par les évangélistes. Toutefois, sur ce point précis aussi, on observe trop de contradiction dans la Bible.

7) Il faut expliquer aussi les silences des historiens de l'époque sur Jésus qui ayant vraiment accompli tous ces miracles aurait du être nécessairement remarqué des intellectuels de son époque (philosophes, historiens, hommes politiques etc…);

En fait, un seul historien mentionne Jésus, il s'agit de Flavius-Josèphe, historien juif du début de notre ère. Quelques lignes dans une oeuvre immense, et je cite:

« A cette époque-là, il y eut un homme sage nommé Jésus dont la conduite était bonne ; ses vertus furent reconnues. Et beaucoup de Juifs et d’autres peuples se firent ses disciples. Et le gouverneur romain, Pilate, le condamna à être crucifié et à mourir.Mais ceux qui étaient ses disciples préchèrent sa doctrine. Ils racontent qu’il leur apparut trois jours après sa crucifixion et qu’il était vivant. Peut-être était-il le Messie dont les prophètes avaient annoncé la venue […]. » Flavius-Josèphe, Antiquités judaïques, vers 93-94.

C'est très peu...

8) Autre argument logique et de bon sens: Jésus, fils de Dieu aurait pu venir sur Terre a n'importe qu'elle époque; les malheurs qui frappent notre bonne vieille planète ne datant pas d'hier sa présence aurait été justifiée tout au long de l'histoire de l'humanité. Hors voilà qu'il apparaît justement au moment le plus vraisemblable : Tout le monde attend et espère un Messie, un Sauveur. En ce premier siècle de notre ère la venue d'un tel personnage est considérée en Palestine comme imminente et les signes accompagnant sa venue sont bien connus de tous. Dans ce contexte comment faire la différence entre l'existence réelle d'un personnage remplissant par ses actes toutes les prophéties des écritures et l'invention pure et simple du dit personnage pour donner corps au mythe.

9) Les rationalistes comme moi doivent donc rester cohérent et rejeter la plus grande partie des faits relatifs à l'histoire de Jésus. Tous les événements surnaturels étant exclus par définition d'une grille de lecture rationnelle de la Bible. La tentative de réinterprétation rationnelle des événements miraculeux par certains auteurs est trop invraisemblable et improbable pour y accorder un quelconque crédit. En définitive, le Jésus qui reste après cette analyse est bien différent de celui des évangiles et a tout jamais différent .

Malgré toutes les tentatives de biographies pseudo-historiques tirées des évangiles et quel que soit le talent de leurs auteurs, Jésus demeure un personnage "sur-humain" qui ne ressemble à aucun philosophe ou sage de l'Antiquité. Ses actes et ses paroles rapportés par les évangiles en font un personnage irréel qui agit selon un destin qu'il semble tout à la fois connaître (puisqu'il est le fils de Dieu et donc divin lui aussi) et redouter ou ne pas comprendre (ses dernières paroles sur la croix).

10) Donc seule la foi profonde (qui est prête à aller à l'encontre des faits) est capable de trouver une cohérence dans tout cela. Pour un croyant, toutes les pièces du puzzle s'agencent parfaitement dans ce mystère divin même si aucune preuve absolue n'existe pour la consacrer définitivement.

Mille excuses...mais la vie en vaut la peine pour elle-même...

jeudi, mars 09, 2006

Première impression de Berlin

Je suis arrivé hier à l'aéroport international de Berlin, situé dans l'ancien Berlin-est...ca commence mal un voyage d'affaires...l'aéroport est plus laid que celui de Dorval-Montréal avant les rénovations (ce n'est pas peu dire!) et il est bordélique comme c'est pas possible dans un pays occidental d'aujourd'hui...

Après on traverse un décor d'une tristesse infinie avant d'atteindre Berlin-la-Belle...les allemands ont encore beaucoup de boulot devant eux...

lundi, mars 06, 2006

Avez-vous lu Cicéron dernièrement?

Qu'est-ce que tu lis actuellement? Voilà la question que l'on me pose de temps en temps depuis que je fais l'intéressant dans ce blogue. Et malgré mon déménagement et mon plan de travail (voir billet de la semaine dernière), ce n'est pas un auteur du XXe s.!

Non, le naturel reviens au galop...rien de révolutionnaire, comme vous voyez. Les habitués de ce blogue ne seront pas surpris de constaté ma fidélité envers les auteurs classiques et prendre connaissance de ma dernière lecture: l'Anthologie de la littérature latine de Jacques Grimard et René Morin.

Si j'ai été intéressé par cette anthologie, c'est qu'il est le fait de deux universitaires, éminents latinistes, qui ne répugnent pas pour autant à rendre abordables des textes qui très souvent ne nous sont parvenus que de façon parcellaire. Au premier chef, il y a l'intérêt sociologique et historique.

Le lecteur pourra y vérifier que la plupart de nos attitudes, de nos habitudes de vie et de pensée trouvent dans cette civilisation leur source (ce qui explique ma fascination pour les littéraires de l'antiquité...). Les extraits de Tite-Live, de César et de Cicéron, par exemple, satisferont à cet appétit. Mais il y a davantage. Chez Martial, Catulle, Ovide et Apulée, entre autres, on trouve des poèmes ou des récits qui n'ont rien d'académique. La survie des littératures grecque et latine, qui a longtemps dépendu de l'enseignement qu'on en faisait dans les lycées et collèges, n'aurait certes pas été transmise de la même manière il y a quelques décennies. Le ton y est leste, amusé, à l'occasion un tantinet grivois. J'oserais dire contemporain. Si j'étais un être de culture, je vérifierais les éditions qui avaient cours au temps de mes études universitaires, mais je suis comme vous un paresseux.

Je me contente donc du plaisir retenu. Il est réel et n'a pas besoin de la sanction des siècles pour trouver sa justification. Lire Sénèque ou Térence Ovide ou Suétone demande un effort, certes, mais qui se trouve récompensé.

«On voit donc que, dans sa forme comme dans sa signification, un texte antique, apparemment solide, voire indestructible puisqu'il a résisté aux assauts de siècles, aux dents des souris et à l'oubli des clercs, s'avère pourtant fort fragile : son estimation comme sa consommation intellectuelle et esthétique sont hautement problématiques.»

Cet extrait de la préface éclairante de Jacques Gaillard nous libère en quelque sorte, nous lecteurs, de cette obligation de nous extasier à laquelle on nous a contraints depuis toujours. Oui, le texte est antique, oui il a été lu par des milliers d'intellectuels et de lettrés, mais ce qui compte avant tout n'est-il pas qu'il nous rejoigne ? Quand Sénèque écrit à Marcia, dont le père a choisi de se suicider plutôt que d'accepter la persécution dont on le menace : «Tu es née mortelle, tu as enfanté des mortels : toi, tu n'es qu'un corps pourrissant, suppurant et plein de maladies, tu as conçu l'espoir que cette substance si débile aurait porté en elle du solide et de l'éternel ?», quand Sénèque propose cette lettre, n'est-ce pas à nous de 2006 qu'il s'adresse ? Il m'arrive de penser que des forces conservatrices -- religieuses, politiques ou autres -- nous ont longtemps empêchés de prendre connaissance de ces bouteilles lancées à la mer. Ce n'est certes pas cette anthologie qui me donnerait tort.

Anthologie de la littérature latine Édition de Jacques Gaillard et René Martin Gallimard, «Folio classique» Paris, 2005, 574 pages

Source: Gilles Archambault. Le Devoir