samedi, février 25, 2006

Mes coups de coeur du XXe siècle...

25 billets à venir pour les 25 romans du siècle passé qui m'ont marqué

Je souhaite dissiper un probable malentendu avec ce nouveau projet sur mon blogue. Je suis aussi fasciné par le XXe s., surtout les décennies que je n'ai pas connu adulte (1900-1980). C'est une époque fantastique qui a vu les plus bouleversements les plus rapides qu'ait connu l'humanité.

Mon père (qui est né en 1929) est typé en ce sens: il se souvient très bien de la venue de l'électricité dans son village situé à 90 kms au nord de Montréal (au milieu des années 40), tout autant que de l'introduction de la radio qui a suivi par la suite, de la télévision, des voyages accessibles en avion, de la télévision couleur, du câble et depuis 5 ans d'internet. Un homme qui a commencé sa vie en lisant un journal avec une lampe à l'huile et qui la termine en étant très actif sur internet.

Le XXe est donc le siècle de tous les changements: technologiques bien sûr mais aussi sociales, politiques et économiques...ce fût malgré les espoirs des intellectuels des années 20, le siècle des grandes déceptions (les grandes guerres, les ratés du rêve communisme, les dépressions économiques, les guerres éthiques, etc)

Ma façon d'aborder ce siècle sera par la littérature ce qui ne surprendra pas les lecteurs de L'ancien et du moderne. C'est un blogue personnel. Je vous présenterai donc au fur et à mesure 25 romans qui ont marqué un moment de ma vie et qui ont aussi, à leur façon, façonnés le siècle.

Je vous présente les 25 auteurs (autour de leur livre que j'ai préféré) pour lesquels je consacrerai un billet. Bien sûr, il y aura pas mal d'auteurs francophones (et un seul québécois)....c'est le reflet de mes lectures... Autre critère: l'essentiel de l'oeuvre doit avoir été publié au XXe siècle!

Je vous les présenterai dans ce blogue par ordre alphabétique:

1- Isaac Asimov (Les Robots)
2- Victor-Lévy Beaulieu (Race de monde)
3- Italo Calvino (Si par une nuit d'hiver un voyageur)
4- Albert Camus (L'Étranger)
5- Agatha Christie (Les dix petits nègres)
6- Albert Cohen (La Belle du Seigneur)
7- Simone de Beauvoir (Mémoire d'une jeune fille rangée)
8- Aldous Huxley (Le meilleur des mondes)
9- James Joyce (Ulysse)
10 Franz Kafka (Le Procès)
11- Milan Kundera (L'insoutenable légèreté de l'être)
12- Jack Kerouac (Sur la route)
13- Joseph Kessel (Le lion)
14- John Le Carré (Un pur espion)
15- André Malraux (L'espoir)
16- Gabriel Garcia Marquez (Cent ans de solitude)
17- Vladimir Nabokov (Lolita)
18- George Orwell (1984)
19- Marcel Proust (À la recherche du temps perdu)
20- Antoine de Saint-Exupéry (Le petit prince)
21- Jean-Paul Sarte (La Nausée)
22- Georges Simenon (Maigret...)
23- J.R.R. Tolkien (Le Seigneur des anneaux)
24- Boris Vian (L'écume des jours)
25- Marguerite Yourcenar ( Les mémoires d'Hadrien)

À bientôt

L'ancien et le moderne

vendredi, février 17, 2006

Inscription à mon blogue

Bonjour à tous,

Grâce à mon ami Daniel, je peux maintenant offrir une nouvelle fonctionnalité à mes lecteurs soit la possiblité de recevoir des nouvelles de mon blogue une fois par semaine (ou aux deux semaines) sur les nouveaux billets que j'aurai envoyés (voir colonne de droite après mon profil pour vous inscrire) . Comme je fais en général d'assez longs billets de façon plus ou moins régulière; cela permettra aux lecteurs moins assidus d'éviter d'oublier L'ancien et le moderne...

Je suis actuellement entre deux déménagements et un peu moins apte à être actif pour l'instant sur mon blogue n'ayant pas accès à mon ordi à la maison...Mais vous ne perdez rien pour attendre, j'ai plein d'idées de sujets de billets qui bouillonnent dans ma petite tête...

À bientôt et merci pour votre visite

L'ancien et le moderne

lundi, février 06, 2006

La mort de Jean Irigoin, helléniste

J'ai appris la mort de Jean Irigoin aujourd'hui par un article du journal Le Monde de la semaine dernière. C'était l'incarnation même de l'helléniste érudit. Membre de l'Institut et professeur honoraire au Collège de France, Jean Irigoin est mort samedi 28 janvier à Paris. Il était âgé de 85 ans.

J'ai acheté et lu ces dernières parutions sans toujours tout comprendre mais assurément impressionné par une telle érudition. C'est Jean Irigoin qui m'a donné la passion de mieux comprendre les mécanismes de transmission des textes de l'antiquité jusqu'à nous.

Né le 8 novembre 1920 à Aix-en-Provence, Jean Irigoin avait commencé sa carrière d'enseignant au lycée d'Aix, avant de gagner Berlin, alors en plein désordre, comme chef de la section culturelle du groupe français du conseil de contrôle de la ville (1946-1948). Il devait du reste conserver de solides liens avec le monde allemand puisqu'il fut en 1952-1953 chargé de cours à l'université d'Hambourg, dans la toute jeune RFA.


D'une indépendance d'esprit qui ne se démentira pas, Jean Irigoin ne suit pas la voie royale de ses confrères, mais opte pour le CNRS tout en finissant sa thèse (Histoire du texte de Pindare, 1952), collabore au Thesaurus Linguae Graecae et intègre l'université de Poitiers, où il est successivement maître de conférences (1953), puis professeur de langue et littérature grecques (1956), tout en donnant deux thèses complémentaires, Recherches sur les mètres de la lyrique chorale grecque (1953) et Les Scholies métriques de Pindare (1958).

En 1965, Jean Irigoin intègre Paris-X Nanterre pour y enseigner la philologie grecque, tout en assurant une direction d'études à l'Ecole pratique des hautes études qu'il conserve jusqu'en 1992. Entre-temps, il obtient une chaire en Sorbonne (1972), puis celle de "tradition et critique des textes grecs" au Collège de France (1985-1992).

Membre ou correspondant de nombreuses académies étrangères, il a surtout assuré la direction, pendant plus de trente ans, de la prestigieuse série grecque de la Collection des universités de France, la "Budé" pour les étudiants, dont 236 volumes parurent durant son mandat, entre 1964 et 1999. C'est chez le même éditeur qu'on peut trouver deux recueils de ses travaux, Tradition et critique des textes grecs (1997) et La Tradition des textes grecs. Pour une critique historique (2003), qui offrent autant d'admirables leçons de philologie par l'exemple. Son oeuvre fit progresser de façon considérable la mise au point des textes qu'il étudiait, campant une sorte de détective qui ne lâchait pas la piste empruntée tant qu'il n'avait pas pu établir la juste leçon philologique.

Sa mort m'émeut plus qu'il ne devrait...émotion devant la perte d'un grand esprit.

vendredi, février 03, 2006

L'exposition de CollectArt

Grâce à mon amie Louise, j'ai connu le Groupe CollectArt à la fin des années 90...depuis je suis pas mal impliqué dans ce collectif .

Fondé en 1987 , le Groupe CollectArt est une société en nom collectif regroupant une vingtaine d'individus ayant à cœur la relève québécoise en art contemporain. Il s’agit d’un des rares collectifs d’achat d’œuvres d’art contemporain connus. CollectArt poursuit le double objectif d'acquisition d'œuvres d'art contemporain de la relève québécoise ainsi que le développement de la connaissance de l'art contemporain auprès de ses membres.

Le 31 janvier 2006 avait lieu le vernissage de la Collection CollectArt à la Maison de la Culture Frontenac à Montréal. Pour la première fois, on peut admirer dans un même lieu la trentaine d'oeuvre de la Collection CollectArt ( et cela jusqu'au début mars 2006).

En effet, le Groupe CollectArt fait dès la première année (1987) ses premières acquisitions – des œuvres de Louise Robert, Louis Pelletier, Suzelle Levasseur et Robert Wolfe. CollectArt a pris le parti de s'intéresser à des œuvres qui témoignent de l'émergence des nouvelles forces en arts visuels au Québec. Au fil des ans, la collection témoignera également de l’engagement de CollectArt envers la relève québécoise en art contemporain – des œuvres d’artistes aujourd’hui connus et reconnus tels Sylvia Safdie, Marc Garneau, Marcel Saint-Pierre, Marie-Claude Bouthillier et les œuvres acquises au cours des récentes années - Marc Séguin, Marc-André Soucy, Jérôme Fortin, Stéphane La Rue pour ne nommer que ceux-ci.

Chaque année, en fonction de son budget, CollectArt fait l'acquisition d'une ou plusieurs œuvres. Pour chacune d’elles, les membres du groupe se prononcent… et la démocratie fait également son œuvre. CollectArt assure aussi une circulation des œuvres afin que chaque membre ait en sa possession au moins une œuvre pendant une année entière. C’est donc dans l’espoir de partager leur plaisir et possiblement inspirer d’autres groupes que les membres ont accepté de présenter l’ensemble de cette collection sous un même toit. L’amour de l’art contemporain en collectif vaut grandement le déplacement.

Les artistes dont les œuvres composent la collection CollectArt : Claude-Philippe Benoit, Pierre Blanchette, Marie-Claude Bouthillier, Paul Bureau, Cozic, Mario Côté, Marc Garneau, MassimoGuerrera, Jérôme Fortin, Jacques Hurtubise, Stéphane La Rue, Jennifer Lefort, Suzelle Levasseur, Jean McEwen, Louis Pelletier, Louise Robert, E. Romany, Sylvia Safdie, Marcel Saint-Pierre, Marc Séguin, Marc-André Soucy, Serge Tousignant, Angèle Verret et Robert Wolfe.

Modestement, CollectArt essaie d'amener un brin de beauté et d'art dans nos lieux de vie...

mercredi, février 01, 2006

Le Lac de Lamartine

À 15 ans, j'ai découvert par hasard les poèmes de Lamartine à la bibliothèque de mon collège. Solitaire, je me laissais aller au romantisme d'un autre siècle. J'ai repensé à ces moments en écoutant Gregory Charles il y a quelques temps à son émission de Radio-Canada...

Le poème Le lac d'Alphonse de Lamartine (1790-1869) me touchait beaucoup et j'aime penser que c'est à cause de ce poème vieillot que je garde un rapport si vif avec le souvenir...Lamartine se souvient de la femme aimée, Julie Charles. Il se trouve dans un lieu qui lui est cher, près d'un lac, qui a été le témoin de ses amours, et lorsqu'il y revient sans la femme aimée, il subit douloureusement la fuite du temps. Lamartine se rend compte que seul le souvenir peut conserver la trace des amours vécues, et notamment dans "Le Lac". Lamartine a participé de près à la naissance du Romantisme.

LE LAC

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent,
Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;
Il coule, et nous passons ! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !