lundi, mai 21, 2007

Le Festival Mutek

Le hasard de la vie veut que je sois aujourd'hui très proche des acteurs du festival montréalais MUTEK. Je tiens donc à en dire quelques mots sur mon blogue.

Événement phare hautement respecté sur la scène locale et internationale en matière de musique électronique, MUTEK prépare activement sa 8e édition qui aura lieu à Montréal du 30 mai au 3 juin 2007. Ce festival procure déjà un rayonnement important pour Montréal et je suis convaincu que la 8e édition, avec 150 artistes annoncées et son volet professionnel, assurera une expérience enrichissante et inoubliable.

Si vous connaissez déjà le Festival MUTEK ou que vous êtes simplement curieux de découvrir un nouvel univers émergent et dynamique, je vous suggère de consulter le programme sur http://www.mutek.ca/ et à ne pas hésiter à vous lancer dans l’aventure musicale de MUTEK…

dimanche, mai 13, 2007

L'ordinateur ou Dieu mettant de l'ordre dans le monde

"Que diriez-vous d'ordinateur ?"

Le 8 décembre 1954, le premier IBM 650 est livré à une compagnie d'assurances de Boston. Ce modèle, fabriqué en grande série, fut à l'informatique ce que la Ford T fut à l'automobile. L'IBM 650 avait de sérieux atouts. Son prix : à peine un demi-million de dollars. Son faible encombrement: il tenait dans une seule pièce. Sa mémoire : jusqu'à 2 000 mots !

La production devait commencer en France, à l'usine de Corbeil-Essonnes, au printemps 1955.

Mais quel nom simple et générique donner à cette machine à calculer électronique que l'on appelait computer aux Etats-Unis ? "Computeur" n'évoquait rien. "Machine processionnelle", forgé à partir de l'américain data processing machine, parut bien bizarre.

François Girard, responsable du service promotion générale publicité d'IBM France, eut l'idée de consulter son ancien maître, le latiniste Jacques Perret, professeur à la Sorbonne. Ce dernier proposa, le 16 avril 1955, le mot "ordinateur", dans une lettre adressée à Christian de Waldner, président d'IBM France, restée fameuse dans la mémoire des terminologues français.

"Cher Monsieur, écrivit Jacques Perret, que diriez-vous d'"ordinateur" ? C'est un mot correctement formé, qui se trouve même dans le Littré comme adjectif désignant Dieu qui met de l'ordre dans le monde. (...) "Combinateur" a l'inconvénient du sens péjoratif de "combine". (...) "Congesteur", "digesteur", évoquent trop "congestion" et "digestion". "Synthétiseur" ne me paraît pas un mot assez neuf pour désigner un objet spécifique, déterminé, comme votre machine."

IBM France retint "ordinateur" et chercha à le protéger comme une marque. Mais le mot fut rapidement adopté par les utilisateurs, et la compagnie décida en 1965 d'en abandonner l'usage exclusif : "ordinateur" devint ainsi un nom commun.

D'autres mots ont connu par la suite un succès comparable : "informatique", "logiciel" (pour software) ou encore "bureautique" .

Source: Le Monde

La "Clique" du Plateau Mont-Royal

À chaque jour, je me promène tranquillement sur le Plateau Mont-Royal.

J'observe les passants de mon quartier depuis un an et je n'y vois que des gens souriants, hétéroclites certes mais bien ordinaires soient: des mères avec des poussettes, des gens d'affaires, des étudiants, des nouveaux arrivés, des touristes avec leurs cartes, quelques pauvres bougres, de trop rares splendides femmes évanescentes, des banlieusards, des paumés et des artistes. Pas de quoi fouetter un chat...

Pourtant depuis un bout, une petite phrase tendancieuse fait son chemin, surtout dans certains médias des régions du Québec, soit l'expression "la Clique du Plateau". Un groupe dont j'ignorais l'existence et qui serait responsable de sombres projets que personne n'arrive à préciser.

Une des premières fois que j'ai entendu ce fameux titre fut par l’animateur radio controversé de Québec Jeff Filion lorsqu'il a accordé une entrevue à la non moins controversée émission Tout le monde en parle (dans sa version québécoise) en février 2006. En résumé, Jeff Filion n'était pas aimé à cause de la "Clique du Plateau"!!

Depuis ce temps-là, je l'ai ré-entendu quelques fois provenant de représentants des régions qui, manifestement, parlent avec préjugés de choses qu'ils ne connaissent pas. On ne vise pas les gens d'Outremont, de Westmount ou du West-Island...On attaque le Plateau. Pourquoi?

Qui sont donc les membres de cette clique, de ce clan? Qu'ont-ils (ou qu'ais-je) fait de si dangereux? Quelqu'un peut-il me l'expliquer? J'avoue ne pas comprendre. Il n'y a sur le Plateau aucun pouvoir politique (il est à Québec), ni d'affaires (voir du côté du centre-ville). Alors quoi donc!!

Ma seule réponse possible pour comprendre la source de cette petite phrase facile est de mieux appréhender la réalité du quartier du Plateau Mont-Royal.

Résumons le portrait de ces habitants si dangereux:

Selon les données de la Ville de Montréal, la population du Plateau est d'un peu plus de 101 000 résidants sur un territoire de 7,74 km carrés, soit une des plus hautes concentrations en Amérique du Nord. Cette population est en croissance d'environ 3% au cours des 5 dernières années.

Aussi, la population du Plateau est hyper francophone: 87 % de la population du Plateau est de langue maternelle française (en 2001), comparativement à 54 % sur l'Île de Montréal et 82% pour l’ensemble du Québec. Ces pourcentages, très élevés, témoignent du caractère homogène, québécois et francophone du quartier. Au cours de la dernière décennie, peu d'immigrants restent sur le Plateau et 40% d'entre eux sont originaires de France...On reste entre francophones quoi! Cette appréhension des leaders régionaux est d'autant plus incompréhensibles que l'on se chicane entre francophones.

En octobre 2005, le cabinet Hill Stratégies Recherche publiait son rapport sur les quartiers artistiques au Canada.

Or, concluait Hill Stratégies Recherche, "Le quartier le plus créatif au Canada est la zone liée au code postal H2W, situé au cœur du Plateau Mont-Royal, avec une concentration d’artistes de 8,0 %, (soit 605 artistes parmi une population active totale de 7 560), dix fois supérieure à la moyenne canadienne de 0,8 %."

Les zones voisines (toujours dans le Plateau) liées aux codes postaux H2J et H2T (C'est mon secteur!!!) sont considérées comme les 2e et 3e quartiers les plus créatifs du Canada avec plus de 5,5% de travailleurs et travailleuses artistiques parmi sa population active.

Donc la grande différence entre le Plateau et le reste du Québec, et c'est ce qui semble heurter les gens, c'est la concentration d'artistes et leurs discours divergents. En fait, le fond conservateur du Québec n'en veut pas au Plateau mais plutôt à cette concentration d'artistes qui permet une voie divergente qui a de la portée.

Malheureusement je ne suis pas un artiste mais avouez que comme portrait, on pourrait faire pire...Et, vous savez quoi? La rédaction de ce modeste billet m'a fait encore mieux apprécié mon Plateau et sa clique que j'affectionne encore plus...


Avenue du Mont-Royal Est, coin de Mentana en 2005

dimanche, mai 06, 2007

La poésie d'Hélène Dorion

Je suis entremêlé dans mes lectures du romancier irlandais James Joyce. Par Homère, par Victor-Lévy Beaulieu et par James Joyce lui-même.

Perdue dans la filiation: Homère et son magnifique monde d'errance et de vengeance, James Joyce métaphorant l'Ulysse d'Homère en intégrant son monde à lui qu'il percevait en complète déconstruction et mon ami Victor-Lévy Beaulieu écrivant sur James Joyce en brassant tout cela dans le Québec d'aujourd'hui . Des milliers de magnifiques pages autour de moi commençant à Troie il y a 3000 ans et qui se poursuivent jusqu'à Trois-Pistoles au début de ce 3e millénaire. Trois livres de fureur et d'ambition (le Joyce et le VLB font tout de même 1100 pages chacun) qui s'appellent entre eux et qui me suivent partout.

Et ma foi, au-delà de la beauté des mots, je ne vois pas encore où tout cela va me mener puisque j'y retrouve, au premier niveau en tout cas, que des mondes en profond désarroi et que, de plus, dans le cas de mes deux auteurs contemporains, aucun dieu pour venir réparer les pots cassés et consoler les héros.

Pour me libérer de la fureur je choisi souvent la poésie. Je laisse alors mes gros livres et je lis une série de courts poèmes surtout contemporains.

Mais vous savez la poésie est un sujet délicat sur lequel je n'aime ni parler ni écrire. Parce qu'en général un poème est écrit pour une seule personne et, la plupart du temps, touche peu le reste de la planète. J'ai l'impression que c'est pour cela que les livres de poésie se vendent si peu. Bien-sûr il y a de magnifiques exceptions qui ont su rejoindre les générations dans la beauté des mots (Hugo, Pablo Neruda, Pessoa , Louis Aragon, etc) mais cela reste l'exception.

Les poèmes de la montréalaise Hélène Dorion sont un de mes refuges apaisants. J'aime ses mots parce que sa poésie, tout en étant éloignée de tout rapport anecdotique avec le monde quotidien, parle bel et bien de nous et "des fragiles fondations de ce que nous sommes".
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Les murs de la grotte

Voici la Terre, de vide et de beauté
voyageuse sans voyage qui nous emporte
depuis des millénaires, nous retient
en son intime bercement.

Le monde tourne
et tournant ainsi, le monde
se franchit et advient.

Ainsi sommes-nous
passeurs de lumière et de temps
parmi les cercles de l'univers.(...)

Fragile particule d'air et d'eau
le long de la pente, qui remontes
et redescends, tu étends ton corps épuisé
aux confins de la lumière. Qui suis-je
demandes-tu, mais nul ne peut répondre
avant que se retourne le sablier.

Hélène Dorion (1997)