dimanche, mai 06, 2007

La poésie d'Hélène Dorion

Je suis entremêlé dans mes lectures du romancier irlandais James Joyce. Par Homère, par Victor-Lévy Beaulieu et par James Joyce lui-même.

Perdue dans la filiation: Homère et son magnifique monde d'errance et de vengeance, James Joyce métaphorant l'Ulysse d'Homère en intégrant son monde à lui qu'il percevait en complète déconstruction et mon ami Victor-Lévy Beaulieu écrivant sur James Joyce en brassant tout cela dans le Québec d'aujourd'hui . Des milliers de magnifiques pages autour de moi commençant à Troie il y a 3000 ans et qui se poursuivent jusqu'à Trois-Pistoles au début de ce 3e millénaire. Trois livres de fureur et d'ambition (le Joyce et le VLB font tout de même 1100 pages chacun) qui s'appellent entre eux et qui me suivent partout.

Et ma foi, au-delà de la beauté des mots, je ne vois pas encore où tout cela va me mener puisque j'y retrouve, au premier niveau en tout cas, que des mondes en profond désarroi et que, de plus, dans le cas de mes deux auteurs contemporains, aucun dieu pour venir réparer les pots cassés et consoler les héros.

Pour me libérer de la fureur je choisi souvent la poésie. Je laisse alors mes gros livres et je lis une série de courts poèmes surtout contemporains.

Mais vous savez la poésie est un sujet délicat sur lequel je n'aime ni parler ni écrire. Parce qu'en général un poème est écrit pour une seule personne et, la plupart du temps, touche peu le reste de la planète. J'ai l'impression que c'est pour cela que les livres de poésie se vendent si peu. Bien-sûr il y a de magnifiques exceptions qui ont su rejoindre les générations dans la beauté des mots (Hugo, Pablo Neruda, Pessoa , Louis Aragon, etc) mais cela reste l'exception.

Les poèmes de la montréalaise Hélène Dorion sont un de mes refuges apaisants. J'aime ses mots parce que sa poésie, tout en étant éloignée de tout rapport anecdotique avec le monde quotidien, parle bel et bien de nous et "des fragiles fondations de ce que nous sommes".
----------------------------------------------------------------------------
Les murs de la grotte

Voici la Terre, de vide et de beauté
voyageuse sans voyage qui nous emporte
depuis des millénaires, nous retient
en son intime bercement.

Le monde tourne
et tournant ainsi, le monde
se franchit et advient.

Ainsi sommes-nous
passeurs de lumière et de temps
parmi les cercles de l'univers.(...)

Fragile particule d'air et d'eau
le long de la pente, qui remontes
et redescends, tu étends ton corps épuisé
aux confins de la lumière. Qui suis-je
demandes-tu, mais nul ne peut répondre
avant que se retourne le sablier.

Hélène Dorion (1997)

Aucun commentaire: