mardi, novembre 29, 2005

Dakar selon Le Figaro....

De retour au pays, mes perceptions sont ambigues de ce riche voyage, à la fois professionnel et personnel...

Je demeurais dans la partie la plus riche de L'Afrique de l'Ouest soit la pointe des Almadies et l'inégalité y était criante.

Un pays pauvre qui fait ce qu'il peut, des gens sympathiques, un horizon où les solutions ne sont pas évidentes...etc. Un chauffeur de taxi (en me décrivant la route que nous traversions pour nous rendre au Théâtre National) m'affirmait que Dieu était bon pour Dakar et le Sénégal et que tout allait pour le mieux...je n'en suis pas si certain mais Le Figaro lui le pense...voir extrait qui suit tiré d'un cahier promotionnel:

"Dakar: phare de l'Afrique occidentale

La pointe des Almadies est le point le plus à l'ouest du continent africain et Dakar la dernière escale de l'Afrique noire. En proie au rayonnement du Maghreb et de l'Occident, la capitale du Sénégal indique le chemin de la civilisation. L'activité de son port témoigne de cet angle d'ouverture. Ainsi l'Union européenne comme nombre de puissances étrangères se sont longtemps offertes comme terrain de pêche ces eaux territoriales poissonneuses. Aujourd'hui, Dakar tire profit de sa francophonie, laissée par 60 ans de colonisation française. Postée sur la voie de câbles téléphoniques intercontinentaux, elle sous-traite à des tarifs compétitifs, les téléservices de nombreuses compagnies françaises. L'ex-capitale d'Afrique occidentale, qui émerge de plusieurs années d'ajustement structurel, compte sur " le changement " pour désenrayer les blocages traditionnels. Des questions d'illettrisme - comme la très faible scolarisation des femmes, l'inertie de l'édition littéraire- aux conditions sanitaires désastreuses des habitants de la décharge de Mbeubeuss, des associations tentent de débrouiller fil par fil les nœuds d'un problème.

Le Figaro (2003)

Impressions africaines--Cicéron

Je suis à Dakar (Sénégal) pour une conférence internationale. Je demeure loin du centre de la Ville dans la partie "resort" (Pointe des Almadies) soit assez loin de la congestion et de la vraie vie. J'ai quand même eu le temps de me promener un peu, d'observer et d'écouter.

Il s'agit de mon premier séjour en Afrique noir. Comme tout le monde, j'avais une image négative de l'Afrique malgré les discussions et le blogue de "Stéphanie en Afrique" (voir mes blogues favoris). Et pour cause, on entend parlé sans arrêt depuis plus de 10 ans (dans nos médias) que rien de va plus en Afrique (on peut penser aux problèmes de la corruption ou aux luttes tribales épouvantables du Rwanda, de la Somalie, du Libéria ou encore plus récemment de la Côte-D'Ivoire). Le Sénégal est un état très pauvre mais stable politiquement parce qu'entre autres moins divisé; une ethnie (les wolofs...tout le monde parle Wolofs ici) représente 80% de la population.

Je m'attendais donc au pire et ca été ...mieux...bien-sûr pauvreté, pollution, urbanisme anarchique et inégalité criante.


Photo du centre-ville de Dakar


Mais en même on sent à Dakar, une certaine bonhommie, un rythme lent et pas mal de sourire et de bonne humeur. Toujours In sha Allah! On s'habitue très rapidement aux rythmes urbains et à notre place dans l'espace. Ca se complique lorsque nous devenons pour eux, le blanc, le riche, la personne a qui quêter de l'argent...ça c'est moins drôle et un peu pas mal frustant. L'interraction réelle devient très difficile mais, heuresement pour mon boulot, j'ai pu rencontrer des gens vraiment intéressants et charmants.

Actuellement, durant mon séjour à Dakar, je lis deux livres soit le très négatif Négrologie de Stephen Smith et la biographie de Cicéron de Pierre Grimal. M. Smith semble envoyé l'Afrique tout simplement en enfer si rien de change d'ici 25 ans: L'Afrique se meurt et amènera hommes, femmes et enfants au tombeau...selon le journaliste du Monde (j'en reparlerai dans mes autres chroniques).

Pour être fidèle au titre de mon blogue et par soucis d'originalité (avouez, y faut le faire!), je terminerai ce premier regard de l'Afrique à travers l'enseignement de Cicéron...Cicéron, un philosophe et homme politique romain qui tenta maladroitement d'influer un souffle de grandeur philosophique dans la gestion des 2 dernières décennies de la République romaine (106-43 av JC).

La leçon (universelle) que je retire de l'échec de Cicéron malgré qu'il fût un des grands génies de son époque est la difficulté qu'il eût a composer avec 4 forces contradictoires qui demeure au coeur des défis de nos sociétés actuelles:

1) Sa volonté réelle comme intellectuel (et même comme politicien) d'élévation sociale (société plus juste et équitable);
2) Un incroyable égoisme individuel de la majorité des gens de sa société (romaine) lors de graves crises;
3) La difficulté qu'a eût Cicéron a gèrer ses monstres intérieurs et ses propres fragilités qu'il l'a amené à contredire par ses gestes, les valeurs d'élévation liées aux enseignements qu'ils avaient reçus de plusieurs philosophes grecs
4) Sa propre résistance aux changements

Cicéron est mort asassiné à 63 ans pour avoir mal évalué les enjeux politiques du moment. Alors, si Cicéron n'a pas réussi malgré qu'il ce qu'il fût...Imaginez l'Afrique!!
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« C’est un vase sonore qui contient tout, depuis les larmes privées de l’homme, du mari, de l’ami, jusqu’aux catastrophes de l’homme du monde, jusqu’aux pressentiments tragiques de sa propre destinée. Cicéron est comme un filtre où toutes ces eaux se déposent et se clarifient sur un fond de philosophie et de sérénité presque divines, et qui laisse ensuite s’épancher sa grande âme en flots d’éloquence, de sagesse, de piété pour les dieux, et d’harmonie. On le croit maigre parce qu’il est magnifiquement drapé, mais enlevez cette pourpre, il reste une grande âme qui a tout senti, tout compris et tout dit de ce qu’il y avait à comprendre, à sentir et à dire de son temps à Rome » (Lamartine, Les Confidences).

lundi, novembre 07, 2005

Une insomnie de joie

La plupart du temps, je m'endors comme une roche. Bang!

Mais depuis quelques jours, c'est plus difficile. Et franchement, je crois que c'est à cause de mon rythme de fou!! Tout ce qui m'habite, je ne peux pas me le sortir facilement du corps... Ces jours-ci, je me retourne et me retourne et le sommeil ne vient pas. En général, je pense aux temps antiques ou à mes doux visages et je m'endors sereinement. Mais de temps en temps ce truc ne fonctionne pas.

Alors, une nuit de la semaine dernière, j'ai profité de ses quelques heures d'insomnie pour me rendre compte que le temps existe vraiment et qu’il peut être long. En fait, j'ai écouté s’égrener les secondes à l’horloge ce qui me donna enfin l’impression et la conscience qu’il existe autre chose que la vie trépidante. Rendre en fait le temps au temps. Je me suis endormi sur l'idée que la vie peut être un fleuve tranquille...j'ai passé un doux moment.

J'écris (je le sais bien!) sur un immense lieu commun...on répète la même chose depuis 2000 ans... Le philosophe romain Sénèque disait dans Apprendre à vivre: "...Ton temps, jusqu'à présent, on te le prenait, on te le dérobait, il t'échappait. Récupère−le, et prends−en soin. ...seul le temps est à nous. Ce bien fuyant, glissant, c'est la seule chose dont la nature nous a rendus possesseurs: le premier venu nous l'enlève..."

Ces pensées devraient nous porter à faire le ménage dans le temps, les obligations futiles, les personnes qui nous grugent sans rien nous apporter vraiment. Y a−t−il plus mystérieux et impalpable que le temps. Parfois, à l'enfance et à l'adolescence, on trouve qu'il est figé et qu'il ne passe pas assez vite. Quand arrive la quarantaine et que commence l'autre versant, il déboule.

Pourtant, les horloges ne changent pas. Mais la perception du temps change. Quand tu es heureux, le temps file, et quand tu es malheureux, il reste figé. Le sable ne coule plus dans le sablier. Ne pas vieillir trop vite requiert−il alors d'être un tout petit peu déprimé de temps en temps?

La vie moderne est faite pour gruger le temps et il y a même des spécialistes pour nous apprendre à le gérer. Le volant dans une main, le cellulaire dans l'autre, la radio allumée pour ne pas manquer les informations et la course pour exceller, payer les factures; tous veulent notre temps.

Moi, il me semble que c'est l'appel de tout, de la connaissance, de l'art, des nouvelles émotions, de la peur de manquer quelques choses qui m'ont changé il y a une dizaine d'années sans que j'en ai pris conscience. Malgré les inconvénients du rythme trépignant, je ne veux pas changer. J'y suis et j'y reste dans cette vaste opération qui vise à emmagasiner le plus d'expérience... d'ailleurs les plus belles réflexions sur le temps ne sont-elles pas le lot de gens très occupés? comme...Sénèque!

Toutefois, en allant me coucher ce soir et en repensant à tout cela, j'essaierai de rester longtemps dans les bras de Morphée (sans m'endormir) pour écouter le temps se dérouler doucement... et vivre à nouveau une insomnie de joie...je serai prêt pour le jour nouveau et prêt pour ne rien manquer de ce qui s'en vient!

Citation:

"Vivre, c'est se réveiller la nuit dans l'impatience du jour à venir, c'est s'émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c'est avoir des insomnies de joie"

Paul Emile Victor