mardi, novembre 29, 2005

Impressions africaines--Cicéron

Je suis à Dakar (Sénégal) pour une conférence internationale. Je demeure loin du centre de la Ville dans la partie "resort" (Pointe des Almadies) soit assez loin de la congestion et de la vraie vie. J'ai quand même eu le temps de me promener un peu, d'observer et d'écouter.

Il s'agit de mon premier séjour en Afrique noir. Comme tout le monde, j'avais une image négative de l'Afrique malgré les discussions et le blogue de "Stéphanie en Afrique" (voir mes blogues favoris). Et pour cause, on entend parlé sans arrêt depuis plus de 10 ans (dans nos médias) que rien de va plus en Afrique (on peut penser aux problèmes de la corruption ou aux luttes tribales épouvantables du Rwanda, de la Somalie, du Libéria ou encore plus récemment de la Côte-D'Ivoire). Le Sénégal est un état très pauvre mais stable politiquement parce qu'entre autres moins divisé; une ethnie (les wolofs...tout le monde parle Wolofs ici) représente 80% de la population.

Je m'attendais donc au pire et ca été ...mieux...bien-sûr pauvreté, pollution, urbanisme anarchique et inégalité criante.


Photo du centre-ville de Dakar


Mais en même on sent à Dakar, une certaine bonhommie, un rythme lent et pas mal de sourire et de bonne humeur. Toujours In sha Allah! On s'habitue très rapidement aux rythmes urbains et à notre place dans l'espace. Ca se complique lorsque nous devenons pour eux, le blanc, le riche, la personne a qui quêter de l'argent...ça c'est moins drôle et un peu pas mal frustant. L'interraction réelle devient très difficile mais, heuresement pour mon boulot, j'ai pu rencontrer des gens vraiment intéressants et charmants.

Actuellement, durant mon séjour à Dakar, je lis deux livres soit le très négatif Négrologie de Stephen Smith et la biographie de Cicéron de Pierre Grimal. M. Smith semble envoyé l'Afrique tout simplement en enfer si rien de change d'ici 25 ans: L'Afrique se meurt et amènera hommes, femmes et enfants au tombeau...selon le journaliste du Monde (j'en reparlerai dans mes autres chroniques).

Pour être fidèle au titre de mon blogue et par soucis d'originalité (avouez, y faut le faire!), je terminerai ce premier regard de l'Afrique à travers l'enseignement de Cicéron...Cicéron, un philosophe et homme politique romain qui tenta maladroitement d'influer un souffle de grandeur philosophique dans la gestion des 2 dernières décennies de la République romaine (106-43 av JC).

La leçon (universelle) que je retire de l'échec de Cicéron malgré qu'il fût un des grands génies de son époque est la difficulté qu'il eût a composer avec 4 forces contradictoires qui demeure au coeur des défis de nos sociétés actuelles:

1) Sa volonté réelle comme intellectuel (et même comme politicien) d'élévation sociale (société plus juste et équitable);
2) Un incroyable égoisme individuel de la majorité des gens de sa société (romaine) lors de graves crises;
3) La difficulté qu'a eût Cicéron a gèrer ses monstres intérieurs et ses propres fragilités qu'il l'a amené à contredire par ses gestes, les valeurs d'élévation liées aux enseignements qu'ils avaient reçus de plusieurs philosophes grecs
4) Sa propre résistance aux changements

Cicéron est mort asassiné à 63 ans pour avoir mal évalué les enjeux politiques du moment. Alors, si Cicéron n'a pas réussi malgré qu'il ce qu'il fût...Imaginez l'Afrique!!
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« C’est un vase sonore qui contient tout, depuis les larmes privées de l’homme, du mari, de l’ami, jusqu’aux catastrophes de l’homme du monde, jusqu’aux pressentiments tragiques de sa propre destinée. Cicéron est comme un filtre où toutes ces eaux se déposent et se clarifient sur un fond de philosophie et de sérénité presque divines, et qui laisse ensuite s’épancher sa grande âme en flots d’éloquence, de sagesse, de piété pour les dieux, et d’harmonie. On le croit maigre parce qu’il est magnifiquement drapé, mais enlevez cette pourpre, il reste une grande âme qui a tout senti, tout compris et tout dit de ce qu’il y avait à comprendre, à sentir et à dire de son temps à Rome » (Lamartine, Les Confidences).

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