dimanche, avril 02, 2006

Mes romans du XXe siècle: #1 Isaac Asimov

L'enthousiasme d'écrire un blogue me rend parfois téméraire. À la fin février, j'annonçais une série de 25 textes relatant ma relation avec 25 romans du XXe siècle...

Voilà le premier. Je reprends simplement ma liste par ordre alphabétique...on commence donc par...Asimov. Bonne lecture!

#1 Isaac Isamov et Roxboro

Dans une autre vie, il y a peut-être une décennie, je déambulais soir et matin dans un train de banlieue. C'était un vieux train d'avant les rénovations. Chaque départ de gare était comme une protestation, un gémissement. Puis le train se décidait et se ruait gros avec ses wagons enchaînés et torturés, scandant les cadences de ses roues obsédées. Ivre et sans cesse manquant de tomber, le train effaré et gauche frôlait ses paysages tristes des cours arrières de ses pauvres maisons de banlieue qui longeaient le rail de chemin de fer. J'imaginais Berlin-Est que je n'avais pas encore vu et je me disais que ça ne pouvait être pire. Surtout Roxboro, c'était d'une laideur infinie et j'espérai pour eux que toute leur beauté était vers l'avant... Toutefois je vous le dis, à force de jours, la laideur des arrières-cours de Roxboro déprime. J'avais donc mes trucs pour éviter cette cicatrice urbaine: à aller je lisais mon quotidien montréalais, au retour un roman.

Évidemment, vins un jour où je n'avais plus de roman à me mettre sur la dent. Zut! Cette journée-là avait été difficile et je ne me sentais pas la force d'affronter le regard hagard des banlieusards ou encore pire le paysage de tout ce que côtoie les rails...J'étais donc à la Gare Centrale de train de Montréal, mal pris! J'aime les gros livres, les sagas, les sommes, les briques...je pris donc le plus gros roman disponible à la Tabagie de la Gare Centrale: Le tome I du Grand Livre des Robots (Prélude à Trantor) d'Isaac Asimov. Le 1er de deux tomes de 1000 pages chacun... Je connaissais le nom d'Isaac Asimov, je savais que c'était de la science-fiction mais c'est à peu près tout...je n'avais pas le choix...c'était le début d'une rencontre avec tout un univers!




Donc, à l'intérieur de mon train préhistorique, je lisais le cycle des Robots, qui s'étale sur plusieurs millénaires. Isaac Asimov, en dehors d'une inventivité débordante, se caractérise par la simplicité de l'écriture. Pour lui, comme pour la plupart des auteurs anglo-saxons, les styles tourmentés ne font que rebuter le lecteur. Ça m'a changé des auteurs que je lis habituellement (voir ma liste!). C'est donc l'histoire, et elle seule, qui est mise en avant. Il base ses livres sur des dialogues entre protagonistes

De plus, dans le monde de la science-fiction, Asimov renouvelle complètement le genre en inventant des « robots positroniques » (c'est-à-dire positifs, heureux et électroniques!!)gouvernés par trois lois protégeant les êtres humains et, a priori, parfaites et inviolables.

Les trois lois sont :

-Première Loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.

-Deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.

-Troisième Loi : Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi.

Le jeu d'Asimov consiste à imaginer des failles de ces lois (exemple : un robot peut-il, restant passif, laisser un humain fumer une cigarette ?) et des bizarreries de comportement de robots qui semblent les enfreindre, puis à faire découvrir au lecteur comment cela est possible à la manière d'une enquête policière

L'écriture d'Asimov est efficace. On oublie tout, on ne regarde pas par la fenêtre du train et on se pense réellement sur Trantor en 5028...

Lors du décès d'Isaac Asimov, en 1992, ces cendres furent distribuées au dessus de New-York...il ne pourra donc pas se retourner dans sa tombe en apprenant qu'un pauvre Montréalais associe son oeuvre à Roxboro, banlieue de Montréal...