dimanche, avril 29, 2007

Que reste-t-il de Rome?

J'ai le goût d'écrire et de lire sur Paul Veyne, le plus grand historien vivant de l'antiquité (je l'affirme...rien de moins!) . Ça me détend que voulez-vous.

J'ai lu l'an dernier son éblouissant "L'empire gréco-romain" (Le Seuil) et on me dit le plus grand bien de son tout dernier: Quand notre monde est devenu chrétien (Éditions Albin Michel) que je veux me procurer.

Pour ceux qui ne prendrons pas le temps de lire ces deux magnifiques livres, je vous propose un interview avec Paul Veyne que j'ai copié pour vous sur Internet. Il aide à comprendre le rôle de l'historien ancien et comment on modèle l'histoire...

L'INTERVIEW

Pourquoi l'histoire et pourquoi l'histoire romaine ?

Simple accident individuel. Il arrive aux enfants des passions qui relèvent du pur hasard. Le conservateur du Musée archéologique de Nîmes a commencé à m'instruire au cours de mes visites assidues, car j'avais eu une émotion toute spéciale le jour où, petit écolier, j'avais trouvé un tesson d'amphore. Cétait la fascination d'une planète lointaine. Or, dans le milieu populaire où je suis né, Rome était la seule planète lointaine connue. J'ignorais l'existence des Mayas ou du Japon. J'appartiens à une génération qui s'est auto-éduquée puisqu'elle n'attendait plus rien de ses «vieux maîtres» en Sorbonne. Notre goût pour l'histoire était une résultante heureuse du marxisme car, chez un intellectuel communiste, elle devait prouver la justesse de la théorie. Accablé par l'injustice sociale autant que par le comportement peu reluisant de mes proches sous Vichy, j'ai été au PCF entre vingt et vingt-cinq ans, de 1951 à 1955.

Avant le Pain et le cirque, vous avez publié Comment on écrit l'histoire, un retentissant coup méthodologique. Pourquoi ?

Je l'ai écrit d'abord en réaction contre la superstition des sciences humaines qui avaient essaimé avec mai 1968, bien que j'avais été soixante-huitard moi-même, comme tous les professeurs non titularisés à la faculté d'Aix. Ayant étudié l'économie, je me suis vite aperçu que ses lois sont vaines face à la puissance des variables historiques En second lieu, j'étais fort préoccupé par ce que j'appelais l'intrigue, cette gymnastique de l'imagination nous permettant de revivre les faits historiques selon les possibilités humaines des choses. Sans quoi, on aboutit à des résultats absurdes : par exemple, que les Romains mettaient de la nourriture sur les tombes de leurs morts parce qu'ils croyaient qu'ils continuaient à vivre, alors qu'il suffit de songer que nous-mêmes mettons des fleurs sans pour autant penser que nos morts iront les renifler.


Qu'est-ce que vous frappe le plus dans la civilisation gréco-romaine ?

L'acceptation d'une culture étrangère. De tout temps, les civilisations se sont mélangées et je pense que c'est ce qu'elles ont fait de mieux. Nous devrions méditer le courage et l'audace des Romains qui se sont emparés, sans la moindre humiliation, des valeurs d'autrui, celles de la Grèce, de même que le Japon moderne s'est emparé des valeurs occidentales. Certes, les Romains sont persuadés qu'ils sont nés pour commander, au point que les Grecs se sont résignés à «collaborer». Mais en continuant à estimer qu'ils étaient supérieurs à ces rustres qui les commandaient. Il y a des peuples (les Grecs, nous et les Américains) qui se considèrent ainsi comme supérieurs aux autres.

Que reste-il de Rome ?

Il reste qu'il existe chez nous cette chose qu'on appelle la politique, qui est différente de la religion, qu'il y a des règles du jeu politique et que tout le monde doit s'y plier. Il aura fallu deux mille ans d'habituation à des règles, quelles qu'elles fussent, pour finir par admettre un jour que quand un parti gagne les élections, on ne le descend pas à coup de kalachnikov, mais on se soumet aux résultats du vote. Cela dit, nous n'avons pas une démocratie idéale, car la démocratie, telle que nous l'entendons, présuppose une large classe moyenne, chose du reste inconnue des sociétés pauvres de l'Antiquité.

Comment le christianisme s'est-il imposé ?

Cela s'est passé en deux temps au milieu de cette religion sans livre, sans tabous et modérée qu'était le paganisme, où les dieux sont de ce monde et quand quelqu'un avait déplu on en caillassait le temple. Voilà que les disciples du Christ inventent un best-seller d'un pathétique inégalé avec un dieu qui a des rapports personnels avec les hommes, qui leur en veut, les aime, leur pardonne, les châtie. C'est une religion qui prenait aux tripes, alors que les gens ne croyaient plus guère à Jupiter et à ses frasques. Puis, au début du IVe siècle, l'empereur Constantin se convertit en toute sincérité, et fait du christianisme non pas la religion de l'Etat, mais la religion personnelle de l'empereur, la religion du trône parce que seule une religion si moderne est digne du chef de l'Empire. On ne persécute pas encore les païens mais les hérétiques. Il y a un petit détail : seul au monde le christianisme est une religion qui est aussi une Eglise, c'est-à-dire une sorte de parti totalitaire, comme montrera la suite.

Pourquoi l'Empire chute-t-il ?

C'est comme dans un accident d'avion : beaucoup de petites causes et un hasard malheureux. L'Empire s'était rétabli avec Constantin, tout fonctionnait. Il n'y avait pas de décadence. Par malheur, cet empire immense a un trou énorme au milieu, la Méditerranée. Peu de pays ont eu, pour une telle surface (contenant une trentaine d'Etats actuels), une longueur de frontières si grande. Si bien qu'on pouvait défendre soit l'Italie, c'est-à-dire la frontière danubienne, soit la Gaule, c'est-à-dire la frontière rhénane, mais pas les deux à la fois. Une pure coïncidence a voulu qu'en 403 les Germains pénètrent en Gaule et les Goths d'Alaric en Italie. Les uns et les autres ne cherchaient d'ailleurs pas à renverser l'Empire, pour lequel ils avaient une admiration éperdue. De plus, l'empereur s'intéresse moins à défendre ses territoires qu'à conserver son trône. En ce jeu d'échecs, il faut avant tout sauver le roi. Aussi, la grande armée impériale est restée autour de la capitale.

L'histoirien rend-t-il non seulement plus intelligibles mais plus intelligentes les sociétés du passé ?

A partir des années 1920, on s'est aperçu qu'un primitif a une pensée différente mais aussi complexe que la nôtre. On croit qu'un primitif, un roi mérovingien, un Romain, c'est un objet simple, mais quand on commence à enlever les couches de l'oignon, notre regard perçoit une société qui était sophistiquée mais ne le savait pas. Enfin il y a, comme je l'appelle, l'allongement du questionnaire, faisant que plus la science historique avance, plus elle se pose des nouvelles questions et voit des subtilités qu'elle ne repérait pas avant.

mardi, avril 24, 2007

Un tableau


« Se rappeler qu'un tableau -avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote - est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. Maurice Denis, Revue Art et Critique, 30 août 1890



Marc Séguin (2004)

L'optimisme

"...Aujourd'hui, l'optimisme pâtit d'une mauvaise presse ; lorsqu'il ne passe pas pour de la bêtise, on le croit provoqué par l'absence de lucidité. Dans certains milieux, on va jusqu'à décerner un prime d'intelligence au nihiliste, à celui qui crache sur l'existence, au clown sinistre qui expire bof d'une manière profonde, au boudeur qui radote...de tout façon, ça va mal et ça finira mal...

On néglige que l'optimiste et le pessimiste partent d'un constat identique : la douleur, le mal, la précarité de notre vigueur, la brièveté de nos jours.

Tandis que le pessimiste consent à la mollesse, se rend complice du négatif, se noie sans résister, l'optimiste, par un coup de reins énergique, tente d'émerger, cherchant le chemin du salut. Revenir à la surface, ce n'est pas se révéler superficiel, mais remonter de profondeurs sombres pour se maintenir, sous le soleil de midi, d'une façon qui permet de respirer.

Non seulement je ne perçois pas l'intérêt pratique de la tristesse, mais je n'ai jamais compris l'avantage philosophique du pessimisme. Pourquoi soupirer si on a la force de savourer? Quel bénéfice à communiquer son découragement, refiler sa lâcheté, oui, quel gain pour soi ou pour les autres? Alors que nos corps transmettent la vie, faut-il que nos esprits procurent le contraire?"

Source: Eric-Emmanuel Schmitt, Ma vie avec Mozart, p. 65-66

dimanche, avril 22, 2007

Tolstoï pour sauver de l'inculture

Le lauréat du Booker Prize et montréalais Yann Martel (auteur d'Histoire de Pi) a décidé de prendre en main la culture littéraire du premier ministre canadien.

C'est que Yann Martel est très choqué de l'attitude de Stephen Harper, au cours de la cérémonie soulignant les 50 ans du Conseil des arts du Canada. Selon lui, M. Harper n'a que faire des arts: il semblait totalement désintéressé du sujet et plus occupé par ses papiers que par l'hommage aux artistes qui se déroulait ce jour-là devant lui.

Martel compte donc enrichir la bibliothèque de M. Harper aussi longtemps qu'il sera premier ministre du Canada, non pas pour l'éduquer, «ce serait arrogant», écrit l'auteur, mais pour lui suggérer des titres qui lui permettront d'occuper ses moments de tranquillité.

L'auteur a même créé un site Internet où il annoncera chaque deux semaines le livre qu'il fera parvenir au premier ministre afin de permettre à tous de le consulter. La Mort d'Ivan Ilitch, de Tolstoï, sera le premier.

On sait tous que Harper ne lira pas Tolstoï, mais le message est lancé. Un doigt d'ironie, deux soupirs d'exaspération. Voici David dressé contre le gros Goliath de l'inculture politicienne. Martel n'est pas tout seul, mais mon Dieu qu'ils ne sont pas assez nombreux. Un petit groupe d'écrivains et d'artistes appuient Yann Martel, on assiste peut-être à un début de mouvement.

Les électeurs votent pour des chefs sans bagages d'érudition, qui ne s'intéressent ni à la littérature, ni à l'histoire, ni à la sociologie, ni à l'aménagement, ni à l'art et ni à la Beauté! Et quoi de plus naturels, ces chefs sans bagages leur renvoient le message «Qui se soucie donc des joueurs de violon?», bouclant ainsi la boucle.

Courageux donc, voire téméraire, Yann Martel, qui se bat contre les valeurs de sa propre société, avec des armes littéraires apparemment dérisoires. Parce que le mal s'étend en nappe d'huile sur l'Amérique du Nord: vieille méfiance contre la culture et l'intellectualisme.

Un président totalement inculte ne serait pas élu en France. Phénomène pourtant courant de notre côté de la mare atlantique. Question d'héritage sociohistorique. Dommage! Il me semble que le besoin est encore plus criant ici.

En août dernier, le monde entier apprenait que George W. Bush avait lu L'Étranger d'Albert Camus. Stupeur et tremblements! Qui l'eût cru? Notre surprise témoignait de son illettrisme habituel.

Au Québec, par-delà les beaux discours de langue de bois, l'anti-intellectualisme n'est jamais tapi bien loin. L'étiquette «d'élitisme» peut vous marquer au fer rouge:

- Vous n'écoutez pas Tout le monde en parle? -- Élitiste!
- Vous vous méfiez de l'ADQ? -- Anti-populiste!
- Vous lisez, vous fréquentez le théâtre, l'opéra? -- Mais sur quelle planète vivez-vous? Pas sur la nôtre.

On comprendra que les premiers ministres québécois ou canadiens n'ont pas trop intérêt à afficher une culture, réelle ou inventée. Et pourquoi le feraient-ils? C'est tellement mal vu...

Alors, Yann Martel a bien raison de piquer Harper. Bataille perdue que celle du livre chargeant l'ignorance au Parlement? Peut-être. Mais c'est qu'il faut d'abord la gagner en nous, cette bataille-là.


Source: Adptation d'Odile Tremblay, Le Devoir et autres sites de nouvelles

samedi, avril 21, 2007

Les petits bébés iront enfin au Paradis...

Les théologiens du Vatican ont convenus après des mois de travaux que les limbes n'existent pas et que les petits enfants morts sans baptême vont directement au paradis, mettant fin à une tradition multiséculaire qui a tourmenté des générations de mères.

L'idée des limbes s'est ébauchée au Vème siècle, quand Saint-Augustin avait tenté de répondre à la quadrature du cercle: puisque l'âme des petits enfants décédés sans baptême n'a pas été lavée du péché originel, ils ne peuvent accéder au paradis. Mais comme ils n'ont encore rien fait de mal, ils n'ont pas leur place en enfer. D'où l'affreuse idée des limbes, ni en enfer mais pas encore au Paradis...un entre deux éternel...

Dans un document adopté avec l'accord du pape Benoît XVI, la commission théologique internationale du Vatican a conclu qu'il existe "des bases théologiques et liturgiques sérieuses pour espérer que lorsqu'ils meurent, les bébés non baptisés sont sauvés".

L'idée des limbes reflète "une vision trop restrictive du salut", ont-ils tranché. Ces avis autorisé prend le contre-pied de plusieurs siècles de croyance sur l'existence des limbes ("bordure" en latin), un lieu situé entre l'enfer et le paradis où avaient été relégués les bébés morts non baptisés.

Les limbes sont définies au XIIIème siècle, sans emporter l'adhésion de tous, et particulièrement des mères désespérées de perdre un enfant en bas âge sans avoir le réconfort de le savoir au paradis. L'existence des limbes a torturé pendant des siècles les mères chrétiennes qui perdaient un enfant à la naissance et qui auraient voulu pour ce "petit ange" un accès direct au paradis.

Quelle folie théologique!

samedi, avril 14, 2007

Les Frères Karamazov

J'avais à peine 20 ans et je lisais déjà Dostoïevski, traînant son roman les Frères Karamazov partout avec moi, fier de posséder quelques choses que personne ne connaissait et semble-t-il, n'avait pas le goût de connaître. N'y comprenais pas grand-chose, ne savait lire que le sens commun du texte, la symbolique m'échappait: n'avais pas appris à plonger en eau profonde, n'étais pas doué pour l'apnée et cherchais mon souffle après deux paragraphes lus. Mais je m'obstinais. Tous les soirs en revenant de mon emploi d'étudiant à la Banque, dans mon premier appartement près de l'incinérateur, je mangeais en silence avec les miens, puis m'enfermait dans ma chambre. Je lisais à voix haute quelques phrases des Frères Karamazov, pour incruster en moi la signification des mots et je transcrivais les plus beaux passages dans mon cahier noir.

À partir de ce moment, j'ai préféré les livres ambitieux, du genre des Misérables de Victor Hugo, de Don Quichotte de Cervantès, Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas et d'Anna Karénine de Tolstoï. Au cours des derniers mois, il y a eu l'immense Les Bienveillantes de Jonathan Littell et le non moins impressionnant James Joyce de Victor-Lévy Beaulieu que je lis en ce moment.

J'aime entrer dans une histoire et y rester longtemps. Un gros livre fini par vous habiter. Se lève avec, mange avec, prend l'avion avec, s'endors avec. Quelques choses de bouleversant, puisqu'on ne peut sortir de pareils ouvrages comme on y est entré, sans qu'ils n'aient rien changé en soi.

Tandis qu'un court roman, ça se lit rapidement, ça ne crée en soi qu'un petit cercle de plaisir. Plein de personnages vous sollicitent sans modifier grand-chose à la qualité de ce que vous êtes.

Encore aujourd'hui lorsque la neige tombe drue à Montréal, les images des grands romans russes me viennent à la tête. Je regarde par la fenêtre de mon salon et j'imagine un cheval noir, un traîneau, le vent qui fabrique une tornade poudreuse, un homme debout, comme un pan de mur tellement il est emmitouflé de fourrures, un fouet à la main et, derrière lui, une meute de loups faméliques attendant le bon moment.

Même le temps n'arrive pas à effacer ses images pleine d'émotions de lectures libérantes.

lundi, avril 09, 2007

Fernandel...aussi!

Ah la toile!

Hier j'écris un billet sur mon Vendredi saint à Montréal où, sans trop réfléchir, je commets une métaphore incluant l'acteur et chanteur français Fernandel (1903-1971) . En voulant faire mon bon blogueur et peaufiner un peu mon billet en intégrant un lien vers Fernandel pour Fiston qui ne le connaît sûrement pas, je découvre un court vidéo de Fernandel sur Youtube. Il y chante la chanson "Félicie aussi". Je vous le soumets pour la voix mais surtout pour le grand talent "d'expressionniste facial" de Fernandel. Je crois que même Fiston va trouver cela très drôle!

vendredi, avril 06, 2007

Un vendredi saint à Montréal

Ma lecture du "James Joyce" de Victor-Lévy Beaulieu est fastidieuse en ce vendredi saint. VLB a écrit un grand livre sur un grand écrivain, sans l'ombre d'un doute, avec des phrases magnifiques comme je les aime pleine d'ambitions et de perplexité.

Mais les livres de VLB (comme ceux de J. Joyce) sont aussi remplis de religion catholique, d'images religieuses, de Christ crucifié, de Jésus de plâtre, d'encens et de lampions. Tordus entre leurs démons et la vertu. Cela me rappelle un peu trop mes grand-mères et ma toute petite enfance.

J'ai besoin de prendre l'air. Je quitte VLB à la 327e page (sur 1100!!) pour aller me promener sur le Plateau. C'est un après-midi gris et venteux à Montréal. L'avenue Mont-Royal est pleine de monde en ce jour de pseudo congé pascal.

Tous les magasins sont ouverts comme si de rien n'était et effectivement je ne sens aucune spiritualité nulle part. Certaines personnes traînent en se promenant ou en faisant leurs emplettes alors que d'autres se pressent.

Je me rends compte que je cherche le recueillement, mais dans cette masse incongrue, je me trouve plutôt à Babel. J'essaie d'accélérer le pas.

Je m'arrête au coin de Berri et Mont-Royal pour regarder passer une longue procession de catholiques dans le cadre de la marche du pardon. Foule vraiment bigarrée de pauvres bougres qui passent devant moi, croix à la main.

Avec mon VLB dans la tête, je suis aux antipodes de tout état de grâce. Je ne sais pas trop pourquoi, j'arrête au Sanctuaire du Saint-Sacrement tout juste à côté, sur l'avenue Mont-Royal. Je rentre pendant la prière silencieuse.

Je ne vais jamais à la messe donc je ne connais pas cette formule: pas de messe ni cérémonie, juste des passants qui rentrent 10-15-20 minutes pour se recueillir et ressortent. Je m'assois et observe cette grande église avec sa centaine de personnes solitaires qui y prient (ou se reposent) pendant un court moment. Je suis intrigué par cette congrégation monastique de Jérusalem installée en plein coeur de Montréal.

Je regarde sans regarder en tentant de m'enlever les démons de mes auteurs fétiches. Ne penser à rien. J'arrive en une quinzaine de minutes à extraire toutes images de ma tête.

En sortant, je suis abordé par la Soeur hospitalière (je crois) qui me demande si je vais bien avec un grand sourire religieux comme dans les films de Fernandel. Je lui ai dit que ma petite pause au Sanctuaire m'avait fait du bien mais que l'esprit du Vendredi saint à Montréal avait laissé place à l'indifférence et au commerce. Nullement étonnée, elle me dit ceci: «C'était probablement comme ça au temps de Jésus. Le temps devait être aussi gris et la foule devait être aussi désordonnée et affairée à Jérusalem. Personne ne chantait de chants religieux avec recueillement dans la rue...Votre expérience est proche de la réalité que Jésus a lui-même vécue. Le saviez-vous?»

Non je ne le savais pas... Je la remercie et je laisse derrière moi, j'en suis certain, la bonté incarnée. Je retourne dans mon monde en ne comprenant toujours pas ce que cette gentille Soeur voulait bien me dire et surtout pourquoi.

Un parmi 72 millions...

J'apprends ce matin sur le web que le nombre de blogues continue d'enregistrer une très forte progression selon une (autre!) nouvelle étude publiée hier.

Le nombre de blogues est passé de cinq millions en décembre 2004 quand j'ai débuté L'Ancien et le moderne à plus de 72 millions en mars 2007, selon Technorati, un moteur de recherche très connu par les blogueurs qui se spécialisent dans le décompte des blogues et dont le siège social est à San Francisco.

Là-dessus, environ 1. 5 million de blogues en français puisque que Technorati estime à 2% le nombre de blogues dans la langue de Molière.

Pouvez-vous croire qu'environ 120 000 blogues sont créés chaque jour (ou trois toutes les deux secondes) contre 20 000 à la fin 2004?

Mais (heureusement!) la vitesse de l'augmentation de la «blogosphère» diminue. Alors que le nombre de blogues doublait tous les six mois, maintenant on annonce que le tout ne doublera plus qu'une fois par an...On atteindra donc les 150 millions de blogues uniquement en mars 2008.

J'en suis d'autant plus reconnaissant à mes lecteurs de me rester fidèle de temps en temps.