lundi, décembre 31, 2007

Mes souhaits pour 2008: du désir!

En cette fin de l'année 2008, il me fait plaisr d'offrir mes vœux à toutes mes lectrices et tous mes lecteurs à qui je souhaite beaucoup d'argent pour acheter beaucoup de livres et beaucoup de temps pour en lire beaucoup et, bien-sûr, je leur souhaite également d'avoir beaucoup de quoi que ce soit qui puisse accroître leur bonheur, quoi que celui-ci puisse être.

Puis un regret : je n'ai pas d'ennemis, donc personne à qui je puisse souhaiter d'attraper la grippe aviaire, de brûler dans le réchauffement climatique ou d'être privé de cigarettes ; quant aux indifférents, assez majoritaires numériquement, je ne désire que l'extinction soudaine et définitive de leurs cellulaires quand ils sont dans un restaurant.

Mais de façon plus précise; quoi souhaiter de mieux en 2008 pour les lecteurs de l'Ancien et le moderne que de trouver le désir en sachant le préserver?

En effet, je considère que ce qui différencie l'Occident des autres régions du monde est le rapport au Désir. Désir, bien-sûr de modernité (avec tout ce que cela implique comme vecteur puissant de changement) mais aussi désir d'élévation collective, de bonheur personnel, de plaisirs moins nobles et pour certain et pendant longtemps du désir de Dieu...avec, parfois, un soupçon de culpabilité en prime quand on brasse tout cela.

Qui de mieux que le regretté Thierry Hentsch pour illustrer ce rapport que nous avons depuis toujours (en fait depuis la Renaissance) avec le désir et de le décliner avec beauté:

"L'homme moderne désire. Il désire désirer, allant sans trève d'un objet à l'autre, dans l'oubli de lui-même.

Cette quête incessante sous-tend toute la littérature des temps modernes. L'impossibilité de ce qu'elle recherche nourrit cette littérature de bout en bout, y compris là où elle se moque d'elle-même. Dans cette quête du désir, chaque personnage, chaque écrivain contribuent à dessiner les traits les plus marquants de l'image que l'Occident moderne a de lui-même. Don Juan (Molière) le rate sans cesse. Le désir est, en ce sens, ce à quoi Gulliver et Candide (Voltaire), chacun à sa manière, finissent par renoncer, alors que Jacques le fataliste (Diderot) le suit d'un oeil goguenard et parfois inquiet. Sade le gaspille, et Rousseau en nourrit inlassablement son moi blessé. Faust cherche inconsciemment à le recapitaliser dans un humanisme conquérant et démesuré. Hegel le hisse à la hauteur inaccessible de l'esprit. Le héros de Melville (du roman Moby Dick) s'épuise à le harponner à mort, mais le désir de tuer le désir conduit le capitaine Achab à son propre engloutissement. (...) Les frères Karamazov le traînent dans la boue ou l'exaltent dans la sainteté, qui pourtant n'échappe pas à la puanteur du monde. Tandis que Zarathousrta (Nietzsche) en garde malgré lui le secret. Chez Freud et chez Joyce, le désir se décompose sous le scalpel de l'analyse et de l'excès. Proust, dans son intense vivisection, le garde vivant: chez lui le désir devient l'instrument privilégié de l'artiste."

Alors mes ami(e)s, en 2008, Désirez de grâce!

Source de l'extrait: Thierry Hentsch, Le temps aboli. PUM, p.10-11

mercredi, décembre 19, 2007

L'importance de l'esprit des fêtes

Je reprend ici un billet que j'ai écrit l'an passé après avoir écouté l'animateur et anthropologue québécois Serge Bouchard à l'émission de Radio-Canada -Pensée libre en présence de l’anthropologue Bernard Arcand, de l’animatrice Marie-France Bazzo, du philosophe Georges Leroux et de la politologue Nicole Morgan.

Le but de cette émission de deux heures: réfléchir sur le véritable sens des fêtes dans le monde d'aujourd'hui. À la suite un bref résumé et un lien vers l'émission radio. Mais ce qui me frappe en écoutant cette émission, c'est que tout cela touche au thème central de L'ancien et le moderne: le temps des fêtes (décorations, arbre de Noël, la bûche, la crèche, les cadeaux, la messe de minuit, etc) est une autre filière en lien direct avec nos lointaines traditions occidentales, et en soi et pour cela, c'est très important.

Un état d’esprit

« Il faut faire un effort pour faire partie de l’esprit des fêtes. Il faut y mettre du sien. Tout ce qui symbolise le temps des fêtes demande de l’effort », croit fermement Marie-France Bazzo. En vieillissant, Nicole Morgan devient de plus en plus nostalgique des Noëls d’antan. La politicologue se souvient pourtant de certains Noëls ennuyeux de son enfance, mais elle refuse de tomber dans le cynisme. Georges Leroux a aussi une prédilection pour la nostalgie et il se méfie de l’idéalisation du temps des fêtes. « Le temps des fêtes me fascine pour des raisons purement professionnelles », lance Bernard Arcand, qui a consacré une partie de sa vie à l’étude des traits communs de l’humanité. Selon lui, l’esprit des fêtes de 2006 a des relents de la préhistoire.

Les traditions

La commercialisation à outrance du temps des fêtes nous a-t-elle fait perdre de vue les racines de Noël? L’anthropologue Bernard Arcand rappelle l’origine symbolique du feu dans la préhistoire, au-delà de son utilisation première. Certaines recherches indiquent même qu’avant de devenir un sapin, l’arbre de Noël était un chêne. Même s’il est spécialiste de la philosophie grecque, Georges Leroux souligne que Noël était une fête romaine : « Le thème le plus central de la fête de Noël est l’accueil de la vie au moment où on croit que tout va s’éteindre », explique-t-il. Noël découle du solstice, lorsque la vie s’éteint. L’homme décore son foyer et l’illumine afin de réaffirmer la vie, poursuit Bernard Arcand. Nicole Morgan croit aux symboles collectifs de l’humanité. Et le petit Jésus en est un. « C’est la fête de l’enfant, c’est-à-dire de la vie par rapport au désordre », dit-elle.

Bon, je vous laisse. Je m'en vais allumer les lumières de mon petit sapin de Noël.

Pensée Libre-Radio-Canada, 1ère heure sur L'esprit du temps des fêtes
Pensée libre- Radio-Canada, 2e heure sur L'esprit du temps des fêtes

Comprendre les personnages de ma crèche de Noël

Noël: Ce que l'on sait aujourd'hui de la Vierge Marie, de Jésus et des mages

J'ai lu l'an dernier les "Écrits apocryphes chrétiens" (Édition La Pléade). Ce sont des écrits du début de la chrétienté qui n'ont pas été admis par l'Église (du IVe s.) dans le canon de ses Écritures. Je l'ai quelques fois écrit; les racines de la culture occidentale peut se résumer dans la Bible d'un côté et auprès des auteurs grecs de l'autre. Comprendre les contenus mais surtout les mécanismes d'exclusion de ses textes "apocryphes" du début de notre ère est très instructif sur notre propre culture. Et rien de mieux que de lire soi-même les textes fondateurs.

L'important aussi est que les textes apocryphes n'apportent pas de révélations fulgurantes sur Jésus, la Vierge Marie ou Marie-Madeleine mais plutôt une tendance ésotérique (La Pléade, Introduction p. XXII). Oublier les révélations de l'écrivain français Marek Halter et de Dan Brown, ils appuient leurs présomptions sur bien peu de mots.

Personnellement, j'aime mieux le constat des experts. Alors que le film hollywoodien «La Nativité», actuellement sur les écrans, donne une vision plutôt convenue de la naissance du Sauveur, en mêlant les récits évangéliques de Matthieu et Luc; le franciscain Frédéric Manns a écrit un petit ouvrage vulgarisé très pertinent. Le directeur émérite du Studium Biblicum Franciscanum, à Jérusalem, longtemps professeur d'exégèse du Nouveau Testament et de littérature juive ancienne, relit les textes dans le contexte du monde juif du Ier siècle de notre ère, à la lumière des connaissances actuelles des évangiles canoniques et apocryphes, de l'archéologie et de l'histoire de l'Église.

Voici ce que l'on retient de la connaissance actuelle des textes apocryphes sur les personnages bibliques que je retrouve ce matin dans la crèche de mon salon:

1) Joseph

L'évangéliste Matthieu définit Joseph comme un descendant de David. Au Ier siècle, il existait encore des membres de la lignée du roi David. Une inscription gravée sur un ossuaire l'atteste. Et Hérode le Grand avait confisqué la fortune des familles de la maison de David. Pour Matthieu, Joseph est le père de Jésus du point de vue légal, même s'il évite le terme «père». Si la personne de Joseph reste très discrète dans les Évangiles, elle s'impose grâce à un écrit apocryphe intitulé «L'histoire de Joseph le charpentier». L'homme y est décrit comme un veuf à qui les prêtres du Temple confient la garde de Marie âgée de douze ans. Lorsque la fiancée se retrouve enceinte, c'est le choc. Une répudiation s'impose, mais Joseph, rassuré en songe par un ange, adopte finalement l'enfant. Joseph apparaît comme le témoin irrécusable de la virginité de Marie et de la divinité de son Fils. A noter que les deux évangélistes Matthieu et Luc présentent la généalogie de Jésus par Joseph: on n'établissait alors la descendance que par les hommes.

2) Marie

La Torah n'imposait pas de grandes obligations aux filles juives. Le service le plus élevé qu'on attendait d'elles consistait à mettre des enfants au monde. L'âge normal des fiançailles se situait entre douze ans et douze ans et demi. Le mariage suivait un an après. Marie appartient à la classe sociale des «anawim», c'est-à-dire des pauvres qui mettent tout leur espoir en Dieu. Selon les écrits apocryphes, elle aurait été élevée au Temple de Jérusalem jusqu'à douze ans et aurait eu le privilège, avec d'autres jeunes filles pures, de tisser le voile du Temple. La littérature rabbinique précise que des jeunes filles confectionnaient chaque année deux rideaux pour le Temple. Ils étaient remplacés à la veille de Kippour, jour de l'expiation des péchés. Si les jeunes filles n'avaient pas droit à une éducation, Marie a eu tout loisir d'écouter la parole de Dieu à la synagogue qui, au Ier siècle, était ouverte aux femmes. Source: écrit apocryphe intitulé "Protévangile de Jacques" ou Le récit de la nativité de Marie (autre nom du même apocryphe).

3) Vierge?

Dans l'ancien Testament, les hommes au destin exceptionnel naissent volontiers d'une femme jusque-là stérile. Mais des antécédents de naissance virginale existent aussi, par exemple dans le récit de la venue au monde d'Isaac, chez Philon d'Alexandrie. L'absence de père terrestre souligne l'initiative de Dieu: c'est Dieu qui donne le Messie aux hommes par l'opération du Saint-Esprit. Certains passages de l'Evangile sèment le doute sur la virginité de Marie, en particulier l'évocation de «frères de Jésus». Marie a- t-elle eu des enfants de Joseph? Pour Frédéric Manns, il y a confusion avec une autre Marie, mère de Jacques. L'exégète estime aussi que Jésus n'aurait pas confié Marie à Jean au pied de la croix s'il avait eu des frères de sang. La virginité «perpétuelle» de la «mère de Dieu» a finalement été définie en 431, lors du concile d'Éphèse.

4) Les Mages

L'apparition d'une étoile est déjà annoncée dans un oracle messianique au livre des Nombres. Les Psaumes précisent que les rois de Tarsis, Saba et Seba porteront des offrandes. Traditionnellement, les mages étaient des prêtres du culte zoroastrien des Perses. Ils étaient, selon Hérodote, interprètes de songes et détenteurs de connaissances occultes. Chez Matthieu, leur observation d'une étoile en fait des astrologues. Rien n'exclut que des Nabatéens, qui contrôlaient le commerce de l'encens, soient venus de l'Orient à Jérusalem. Les mages représentent les païens: leur accès à Jésus dès sa naissance s'inscrit dans la doctrine universaliste. Dans des textes apocryphes postérieurs, les mages sont mentionnés comme Rois. L'écrit apocryphe "L'Évangile arménien de l'enfance" leur donne les noms de Gaspar, Melkior et Balthasar.
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Belle période de Noël à tous et à bientôt!

A&M

Source: Frédéric Manns, Que sait-on de Marie et de la Nativité. Éditions Bayard
"Écrits apocryphes chrétiens" Édition La Pléade. 1997.

vendredi, décembre 14, 2007

Mes 10 prochains romans pour 2008

Je viens de faire une razzia de livres à la librairie ce qui constituera une bonne partie de mes lectures des prochains mois. Comme vous le constaterai, et pour paraphraser Robert Charlebois..."J'aime les concours...." En voici la liste avec un bref résumé de chacun. Bonne lecture! A&M


1) Les disparus par l'américain Daniel Mendelsohn
Récit littéraire et enquête personnelle sur un drame familial inséparable d'une des tragédies du XXe siècle : l'extermination des juifs par les nazis. L'auteur raconte comment une partie de sa famille a disparu dans l'est de la Pologne au début des années 1940, en laissant quelques lettres, des photos et des souvenirs chez les membres survivants émigrés aux Etats-Unis. Les critiques sont gagas de cette grosse brique.
Prix Médicis étranger 2007.

2) Les belles choses que porte le ciel de l'éthiopien Dinaw Mengestu
Le jeune Sépha a quitté l’Éthiopie dans des circonstances dramatiques. Des années plus tard, dans la banlieue de Washington où il tient une petite épicerie, il tente tant bien que mal de se reconstruire, partageant avec ses deux amis, Africains comme lui, une nostalgie teintée d’amertume qui leur tient lieu d’univers et de repères. Mais l’arrivée dans le quartier d’une jeune femme blanche et de sa petite fille métisse va bouleverser cet équilibre précaire…
Prix du Premier Roman étranger

3) Ap. J.-C. du grec Vassilis Alexakis
L’histoire commence aujourd’hui, à Athènes, chez Nausicaa, une dame de quatre-vingt-neuf ans, qui demande à l’étudiant qu’elle héberge de mener une enquête sur les moines du Mont Athos. Grand Prix du roman de l'Académie française

4)Istanbul du turc Orhan Pamuk
Vaste roman et vaste fresque, Istanbul constitue avant tout l’éducation sentimentale d’un écrivain dans une ville. Orhan Pamuk y retrace sa vie intime dans une grande famille bourgeoise de la ville, où l’on se veut laïque et progressiste. À travers son récit de la décomposition progressive de cette famille, qui va perdre à la fois son mode de vie traditionnel et son statut social, c’est la société stambouliote, et au-delà la société turque des années 1950-1960, qu’il décrit. C’est aussi la ville de cette époque, encore très proche, dans sa forme, de ce qu’elle était à l’époque de l’Empire ottoman. Ce monde en train de basculer revit à travers de superbes descriptions de lieux, de personnages, d’anecdotes et d’instants, relatés avec vivacité et souvent humour. Prix Nobel de la littérature

5) Quand notre monde est devenu chrétien (312-394) de Paul Veyne
Dans son nouveau livre, Paul Veyne revisite l'apport historiquement révolutionnaire du christianisme jusqu'à le situer au sommet de l'esprit, au terme d'une démonstration aussi rigoureuse qu'enlevée. C'est une revigorante promenade spirituelle, imagée, anticonformiste, passionnante, qui rend le lecteur plus intelligent.
Prix du Sénat du livre d'histoire 2007

6) Odeurs du temps de Jean d'Omesson
Qu'est ce qu'ils nous apprennent, Aragon et Yourcenar, et Borges et Cioran, et les autres ? Que selon la formule de Pessoa, 'la vie ne suffit pas' et que la littérature est là pour nous élever un peu au-dessus de nous-mêmes.

7) Alabamo Song de Gilles Leroy
Montgomery, Alabama, 1918. Quand Zelda, "Belle du Sud", rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s'est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison. Le couple devient la coqueluche du Tout-New York. Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se brûler les ailes... Prix Goncourt 2007

8) Cette histoire-là de l'italien Alessandro Baricco
Ultimo Parri est un jeune homme qui vieillit en s'efforçant de remettre de l'ordre dans le monde. Il a cinq ans lorsqu'il voit sa première automobile, l'année de la course mythique Versailles-Madrid de 1903, dix-neuf le jour de la grande défaite de Caporetto en 1917, vingt-cinq lorsqu'il rencontre la femme de sa vie, et beaucoup plus le soir où il meurt, loin de sa campagne piémontaise natale. Cette histoire-là est son histoire, qui nous emporte dans une course effrénée à travers le vingtième siècle, à laquelle l'écriture brillante et habile d'Alessandro Baricco confère une formidable vivacité, pour en faire une de ses plus belles réussites.

9) L'immeuble Yacoubian de l'égyptien Alaa El Aswany
Connaissez-vous Alaa El Aswany ? C'est un véritable phénomène, avec cent mille exemplaires de L'Immeuble Yacoubian vendus en quelques mois, un film en cours de tournage avec une grande mobilisation de moyens et d'acteurs célèbres. Très vite,poussé par la rumeur, le livre s'est répandu dans le monde arabe et le voici aujourd'hui en français. L'auteur est un vrai Egyptien, enraciné dans la terre noire du Nil, il pose un regard tendre, affectueux, plein de pitié et de compréhension sur ses personnages qui se débattent tous, riches et pauvres, bons et méchants, dans le même piège.

10) Le roman de Léonard de Vinci du russe Dimitri Merejkovski
Comment Léonard de Vinci est-il devenu l'incarnation du génie créateur ? Comment a-t-il vécu, aimé, souffert ? Avec un soin du détail et une inspiration dignes des plus grands, le romancier russe Dimitri Merejkovski (1866-1941) nous entraîne dans l'intimité d'un homme pour lequel le talent, perçu comme un don de Dieu, est un véritable sacerdoce, qu'il assume de toute son âme,refusant les facilités de l'argent et des vanités. Portrait prodigieusement vivant du grand artiste, ce Roman de Léonard de Vinci est également une pièce maîtresse de la littérature russe du XXe siècle.

vendredi, novembre 30, 2007

Le Portrait

La littérature est réellement un univers fabuleux. On prend ce petit objet, en général une surface plane de 10cm par 20 cm rempli de papiers et, quelques fois comme par magie, on se retrouve dans des mondes insoupçonnables. Avec la contemplation d'une oeuvre d'art, je dirai que lire un roman inspirant est un des grands plaisirs de l'Ancien et le moderne.

Alors quand, trop rarement, je rencontre un roman ou un essai consacré à une seule oeuvre d'art, c'est le bonheur total...Avouez, un livre pour une seule oeuvre : quel projet fou et merveilleux. Dès le début de ce blogue, j'avais écrit un billet sur le livre de Jean-Paul Kaufmann qui présentait pendant 300 pages l'histoire de "La Lutte avec l'ange" du peintre Delacroix que l'on retrouve aujourd'hui accrochée à St-Sulpice (Paris). J'avais adoré.

Pierre Assouline récidive à sa façon en s'appropriant une oeuvre du peintre français Dominique Ingres .

L'écrivain français, dans son récent livre "Le Portrait" donne vie au portrait, peint par Ingres en 1848, de Betty de Rothschild, somptueuse représentation du romantisme français du XIXe siècle par l'un de ses principaux artisans. Pierre Assouline utilise cette idée géniale de faire parler notre portrait, prétexte pour naviguer habilement dans cent cinquante ans d'histoire du vieux continent en traçant, en pointillé, la biographie d'une de ses plus illustres dynasties. "Vue de mon mur, la comédie humaine est d'une saveur inédite".

J'ai particulièrement apprécié dans ce livre, outre l’érudition toute fluide de l’auteur, l’évident plaisir de raconter dont témoigne l'auteur, ainsi que l’extraordinaire chaleur humaine qui émane de chacun des protagonistes de cette « biographie fantastique » en chair et en peinture.

La Baronne James de Rothschild (1805-1886) est certainement l'un des plus beaux portraits exécutés par Dominique Ingres. Ce portrait nous raconte la France, les Rothschild, l'aristocratie et leur monde depuis deux siècles. Il dit ce qu'il a vécu, ce qu'il a perçu des conversations là où il fut accroché, dans les hôtels particuliers parisiens des enfants de Betty, au château de Ferrières, au château de Neuschwanstein (Allemagne) où Hitler entreposa les tableaux pillés en France (dont le portrait de Betty de Rothschild) pour son futur musée. Mme de Rothschild commente aussi ses sorties plus récentes à New York, Londres et Paris.

Le Portrait s'ouvre sur une phrase d'une déchirante mélancolie : "Rien ne console parce que rien ne remplace".

Après sa mort en 1886, la baronne Betty de Rothschild connait une seconde existence, accrochée au mur. Elle revient alors sur sa vie, raconte l'histoire de sa famille, et chronique l'évolution du monde vue de son angle spécifique. Pierre Assouline nous fait voyager dans le temps et dans l'espace au gré des pérégrinations du tableau et des pensées de celle qu'il représente. Betty de Rothschild est une jolie Juive généreuse et déterminée, fortement imprégnée de la valeur de son rang - et des devoirs y afférant.

Elle observe avec humour et acuité les mondanités, relate ses rencontres avec Chopin ou Balzac par exemple.

Empreinte d'une douce mélancolie, la plume de Pierre Assouline est d'une élégance et d'une poésie rares. Les mots coulent avec une infinie délicatesse, l'ambiance est mélodieuse et vaporeuse. Le Portrait est en effet un roman de la mémoire ("Notre mémoire est pleine de petites Atlantides englouties, libre à nous de les ressusciter dans les larmes ou la douce évocation des bonheurs à jamais enfuis") et du spleen. Mais une mémoire diffuse, égarée et très sensorielle.

Si le bonheur est dans les mots et les arts, je vous le dis, il est actuellement tout proche de Pierre Assouline et de Mme de Rothschild...

mercredi, novembre 21, 2007

Bien-sûr que Jésus a existé...

La Bible, Dieu, Jésus de Nazareth, le christianisme, le catholicisme...enfin l'histoire des religions (plutôt de MA religion) m'intéresse et m'interpelle depuis plus d'une décennie. Je dirais plus dans un cadre historique, sociale, artistique que de démarche personnelle de spiritualité.

Il y a des gens qui ne comprennent pas comment on peut être athée et croire en la réalité historique de Jésus de Nazareth. J'ai déjà écrit sur ce pseudo-paradoxe dans ce blogue

Mais là, les recherches archéologiques récentes viennent confirmer de façon encore plus certaines la réalité historique de Jésus.

J'ai terminé il y environ un mois, un fascinant ouvrage intitulé "Jésus, compléments d'enquête" et rédigé par dix spécialistes -- historiens, biblistes et exégètes -- de réputation internationale.

Avec les connaissances que nous avons en 2007, le constat est assez clair comme l'écrit le théologien Daniel Marguerat . «Nous n'en sommes plus aujourd'hui, précise-t-il, à nous demander si Jésus a existé ou non. La multiplicité des sources documentaires le concernant et leur précocité font de lui le personnage historique le mieux attesté de toute l'Antiquité. Aussi, ajoute-t-il, mettre en doute son existence relève de la sottise.» Cela réglé, une question, néanmoins, demeure: «Fut-il ce que les évangiles disent de lui?» Pour y répondre, les chercheurs doivent donc faire la part de ce qui relève de la foi et de ce qui relève des faits dans les témoignages disponibles et scruter «l'obscurité pour deviner qui il fut et comment il apparut à ses contemporains».

On redécouvre, aujourd'hui, sa pleine judaïté et son inscription dans la société et les débats de son époque. Marguerat, par exemple, affirme que Jésus n'a jamais rompu avec le judaïsme, mais que la radicalité de son message (l'amour d'autrui avant la Loi), sa revendication d'une autorité non dérivée («il parle au nom de Dieu») et le sentiment d'urgence de l'expérience de Dieu qu'il professe ont suscité de violentes résistances. «L'action de Jésus, explique Marguerat, visait à réformer la foi d'Israël, entreprise à laquelle les autorités religieuses de l'époque se sont opposées. C'est à l'échec de cette réforme que le christianisme doit sa naissance.»

Certains croyants craignent parfois que la recherche historique de type scientifique concernant le Jésus historique n'ébranle les fondements de la foi. Marguerat leur donne tort. «Le travail historien, explique-t-il avec raison, n'asphyxie pas la croyance; il participe à son intelligence et à sa structuration, et ce n'est pas un mince service qu'il lui rend.» Le credo de l'incarnation, c'est la grandeur du christianisme, «nous assigne à composer une image de l'homme Jésus». La foi, bien sûr, permet l'interprétation des faits, «mais elle se déconsidère si elle se réfugie dans l'infantilisme de l'ignorance en refusant de prendre en compte les résultats du labeur des historiens».


Jésus a fort probablement existé. Était-il le fils de Dieu? Ça, c'est une toute autre question...


*** Jésus, compléments d'enquête Préface de Daniel Marguerat Bayard/ Le Monde de la Bible, 160 pages

samedi, novembre 17, 2007

Un solo pour mon frère

En écoutant (et regardant) ce vidéo du solo du bassiste Mark King (du groupe Level 42), j'ai eu une pensée pour mon frèrot joueur de basse.

Pour lui :

dimanche, novembre 11, 2007

Ma vie Cicéron

Je ne fais pas grand'chose dans la vie depuis 1 mois sinon lire Cicéron ou sur Cicéron. Adieu littérature, jeux, musique électronique et alcool...Cicéron prend toute la place.

D'abord à travers la magnifique et volumineuse biographie de Pierre Grimal pour qui l'orateur romain est celui qui nous transmit une partie de la philosophie grecque en l'adaptant à un monde moins éthéré que les philosophes grecs.

Aussi par le roman historique "Imperium" de Robert Harris. C'est le premier volume d'une trilogie sur la vie de Cicéron dont l'histoire est absolument passionnante, non seulement à cause du talent narrateur de Robert Harris, mais parce que Cicéron a vécu à une époque déterminante de Rome, en a façonné l'histoire et a laissé une quantité d'écrits attestant autant de sa participation à ces évènements qui ont marqué le cours de l'histoire, que de ses attachements affectifs, de son humour et de sa propension aux potins. J'attends impatiemment le prochain volume.

Sa vie est fascinante indeed; un vrai roman...avec ses alliances et mésententes avec Marc Antoine, Jules César, Pompée, Auguste (Octave), Crassus, Brutus, etc. Mort assasiné parce qu'il était Pompéen et qu'il n'a pas pu se rallier les pro-césariens. Je suis convaincu que nous aurons un film sur Cicéron un jour.

Ses oeuvres sont nombreuses, en grande partie à cause de son esclave grec Tiron qui lui a longuement survécu et qui a permis la publication de tous ses discours et dissertation. Plus de 40 volumes de Cicéron sont aujourd'hui traduits aux Belles Lettres.

En fait, mes lecteurs perspicaces auront compris depuis un bout toute l'affection que j'ai pour ce philosophe et orateur romain du 1er s. av JC. (par deux billets sur ce sujet ici et surtout ici).

Mais actuellement ma vie est subjuguée surtout par le projet philosophique de Cicéron, en faisant la part (bien-sûr) de l’héritage qu’il assume et transforme, mais en retenant surtout les deux aspects suivants:

Tout d’abord, Cicéron veut écrire la philosophie en latin, non en grec. Pour cela il est amené non seulement à traduire, mais surtout à élaborer une langue philosophique qui n’existait pas encore. Cicéron, pense à partir de découpages propres à la langue latine car il est convaincu que toute réflexion ne peut s’opérer que dans un milieu linguistique commun, où les catégories et les notions se constituent au fil d’une histoire partagée. En découpant, déplaçant, remontant des modules et des expressions du grec et du latin, Cicéron invente ainsi les notions et les domaines propres à la philosophie occidentale.

Le second aspect est l’usage particulier que Cicéron fait de l’histoire de la philosophie. Il fût le premier à n'être pas mû par une inspiration doctrinales, mais par la conscience que les questions majeures de l’enquête philosophique doivent être discutées dans un espace polémique, où le débat contradictoire fixe les doctrines comme des modèles de pensée qui se constituent dans la confrontation. Ainsi la réflexion sur la connaissance est-elle structurée pour Cicéron par le conflit entre le stoïciens, épicuriens et académiciens; par exemple le choix de la conduite morale se trouve circonscrit par les conceptions rivales proposées par les stoïciens et les épicuriens .

C’est pourquoi Cicéron utilise dans son œuvre le dialogue. Le débat contradictoire entre deux positions, qui se caractérise par l’examen équitable des arguments de l’une et de l’autre part , est ce qui permet à Cicéron de se définir « académicien » .

Cicéron a tout sondé, tout étudié; c’est l’antiquité vivante, l’homme verbe, comme l’appelle Lamartine, et après Platon le plus grand style de toutes les langues.

« C’est un vase sonore qui contient tout, depuis les larmes privées de l’homme, du mari, de l’ami, jusqu’aux catastrophes de l’homme du monde, jusqu’aux pressentiments tragiques de sa propre destinée. Cicéron est comme un filtre où toutes ces eaux se déposent et se clarifient sur un fond de philosophie et de sérénité presque divines, et qui laisse ensuite s’épancher sa grande âme en flots d’éloquence, de sagesse, de piété pour les dieux, et d’harmonie. On le croit maigre parce qu’il est magnifiquement drapé, mais enlevez cette pourpre, il reste une grande âme qui a tout senti, tout compris et tout dit de ce qu’il y avait à comprendre, à sentir et à dire de son temps à Rome » (Lamartine, Les Confidences).

samedi, novembre 10, 2007

Amin Maalouf

Un trop modeste mot sur un romancier libanais que j'estime beaucoup: Amin Maalouf .

Avec cet écrivain se rencontrent Orient et Occident, chrétienté et Méditerranée et ceux qui lisent L'Ancien et le moderne doivent bien deviné qu'un tel parcours doit bien me rejoindre.

Symbole de cette union des deux mondes, l'auteur libanais est à l'image de ses personnages: un voyageur itinérant, qui parcourt les terres, les langues et les religions.

Né à Beyrouth en 1949 dans une famille lettrée, au sein de la minorité melkite, journaliste de formation, Amin Maalouf débute au grand quotidien An-Nahar. Mais devant les atrocités de la guerre, il choisit de quitter le Liban avec femme et enfants en 1976 et s'installe à Paris.

Rédacteur en chef plusieurs années durant du magazine Jeune Afrique, il couvre de nombreux conflits et sillonne le monde, en quête de vérité autant que d'identité. Après le succès d'un premier essai, Les croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf entre pleinement en littérature en 1986 avec Léon l'Africain, biographie du légendaire explorateur musulman.

Suivent d'autres biographies romancées: celle du poète Omar Khayyam dans Samarcande, ou du philosophe Mani dans Les jardins de lumière.

Mais c'est avec Le rocher de Tanios (prix Goncourt 1993), récit enchanteur qui mêle amour et révolte au XIXe siècle sur fond d'un Liban déjà déchiré, qu'Amin Maalouf se révèle véritablement au grand public.

Depuis ce succès, l'écrivain poursuit une oeuvre subtile et humaniste qui dessine en creux les failles politiques et religieuses qui empoisonnent notre rapport à l'autre. J'y vois un grand lien (malgré les origines fort différentes) avec l'oeuvre de Jacques Grand'Maison

dimanche, octobre 28, 2007

J'appelle une décennie glorieuse!

Bonjour à tous,

L'été 2007 est derrière nous. Les jours sont frais, le temps passe inexorablement et la vie est bonne pour moi.

Par moment, je crains de perdre ma bonne étoile, que tout cela arrête et que je descende comme d'autres vers les bas coteaux où personne ne veut aller. Alors pour conjurer le (futur!) mauvais sort, pour mettre toutes les chances de mon côté; j'ose un geste insensé.

J'appelle les dieux dans mon blogue pour obtenir un souhait formidable: une autre décennie glorieuse.

Alors aujourd'hui et par devant les lecteurs de ce modeste blogue, je m'en remets officiellement à:

Jésus de Nazareth, Yahvé, Héra, Mahomet, Krishna, Shivas, Allah, Gilgamesh, Osiris, Isis, Mithra, Manitou, Zeus, Poséidon, Arès, Hermès, Bouddha, Héphaïstos, Aphrodite, Athéna, Apollon, Artémis, Horus, Baal, Bouddha, Amon-Ré, Mout, Hapi, et Seth.

Je sais, chers Dieux, que l'inconscience infinie des hommes, l'Afrique et les autres calamités du monde habitent bien vos pensées mais je ne vous détournerai de vos devoirs nécessaires qu'un petit instant.

Voilà, j'en appelle à vous pour obtenir une décennie glorieuse. En fait un modeste 3652 jours (je n'oublie le deux années bissextiles, 2 jours c'est précieux) d'élévation et de bonheur pour moi et les miens qui me permettront:

- De vivre au service de l'intensité à chaque moment;

- De continuer de rencontrer des passions et des hommes;

- D'être utile du mieux que je le peux pour les personnes que la destinée aura placée sur ma route;

- De jeter un premier regard sur Jérusalem et autres villes insensées;

- De rencontrer encore une fois (sinon deux!) le syndrome de Stendhal ;

- Comprendre enfin le fin du fin des choses et peut-être accepter l'inexorable;

- De revivre l'émotion de découvrir un autre roman du type "Belle du Seigneur";

- La santé pour Fiston, amis, amour, famille et un peu pour moi. Comment être glorieux si ceux que l'on aime sont dans la détresse?

Alors Jésus de Nazareth, Yahvé, Héra, Mahomet, Krishna, Shivas, Allah, Gilgamesh, Osiris, Isis, Mithra, Manitou, Zeus, Poséidon, Arès, Hermès, Bouddha, Héphaïstos, Aphrodite, Athéna, Apollon, Artémis, Horus, Baal, Bouddha, Amon-Ré, Mout, Hapi et Seth; entendez cette prière pour une décennie glorieuse et vous pouvez être assuré que je prendrai bien soin de ses 3652 jours.

Après puisqu'il le faut depuis la nuit des temps et pour augmenter votre sens de l'écoute, je vous offrirai quelques offrandes comme il se doit (au seuil de la 11e année). Alors si mes voeux sont exaucés :

- J'irai distribuer à des gens qui en ont plus besoin que moi, toutes les pauvres économies que ma vie intense aura préservées. Démuni je serai.
- Plus difficile, j'assisterai sans broncher durant tout l'été 2018, et cela à tous les mardi midis, aux concerts d'orgues de l'église unie St-James de Montréal.


Merci Jésus de Nazareth, Yahvé, Héra, Mahomet, Krishna, Shivas, Allah, Gilgamesh, Osiris, Isis, Mithra, Manitou, Zeus, Poséidon, Arès, Hermès, Bouddha, Héphaïstos, Aphrodite, Athéna, Apollon, Artémis, Horus, Baal, Bouddha, Amon-Ré, Mout, Hapi, Seth...retourner maintenant à vos tâches urgentes.

Moi, je commence demain ma décennie glorieuse!

A&M

dimanche, octobre 21, 2007

Jacques Grand'Maison : un maître à penser

Je suis curieux intellectuellement et j'ai lu pas mal d'affaires. J'en n'ai aucun mérite, j'aime ça. Sur de longues années: des bouttes de philosophes grecs (Socrate), de romans songés (Kundera, Ricard), des essais d'intellectuels de bien pensants d'aujourd'hui (Charles Taylor, Michel Foucault, Thierry Hentsch). Mais un des intellectuels auquel je m'identifie le plus, qui me touche le plus je dirais, est le théologien montréalais Jacques Grand'Maison.

Prêtre, théologien, sociologue et essayiste, Jacques Grand’Maison poursuit depuis 30 ans une réflexion unique sur l’évolution sociale et spirituelle du Québec moderne. Son œuvre, qui compte une quarantaine de titres jette, selon moi, un des regards les plus lucides sur les grands enjeux éthiques non seulement de la société québécoise mais de l'ensemble des occidentaux.

Je viens d'acheter ce qu'il annonce comme peut-être le dernier livre de sa vie : Pour un nouvel humanisme

Pour bien des gens l'humanisme est une affaire d'intellectuels. Or il n'en est rien. N'avons-nous pas un besoin fondamental de nous situer dans le monde et de mieux le comprendre pour y oeuvrer?

Faisant sienne cette conviction, Jacques Grand'Maison propose une réflexion stimulante qui risque de bousculer nombre d'idées reçues. Son projet est ambitieux: jeter les bases d'un nouvel humanisme capable de permettre un véritable «vivre ensemble» dans une société où se côtoient des gens d'origines et de cultures différentes, avec ou sans allégeance religieuse.

L'humanisme, affirme-t-il, est à renouveler à chaque époque pour raviver ses rôles libérateurs et civilisateurs. Mais ce serait dommage et même illusoire de penser qu'on peut y parvenir sans les riches patrimoines culturels et religieux de l'histoire.

Notre Révolution tranquille, explique-t-il, a été «marquée par une dynamique d'émancipation, de libération, de redéfinition identitaire, de nouveau projet de société» et elle «a donné un nouvel élan à la liberté, à la politique, à l'histoire à faire plutôt qu'à répéter». Grand'Maison se réjouit d'y avoir participé. Il constate à regret, toutefois, qu'elle se soit accompagnée d'une «rupture globale et abrupte de nos premières identités historiques».

Pour un nouvel humanisme part donc du constat que cette rupture insensée est la cause d'une «crise d'espérance» qui «mine notre tonus moral».


Son nouvel humanisme, il le trouve sur ce terrain dans les oeuvres d' Éric-Emmanuel Schmitt, qui évoquent, à leur manière, une transcendance nécessaire, c'est-à-dire la conviction que la bonté est plus profonde que le mal. Dans la foulée de Charles Taylor, Jacques Grand'Maison redit son attachement à une modernité fidèle à sa mémoire et, partant, soucieuse de l'avenir de l'homme. «Je suis de ceux, écrit Grand'Maison, qui souhaitent une nouvelle synergie du meilleur de la laïcité et du meilleur des sources historiques de la civilisation occidentale, dont le christianisme fait partie. Cela dit, dans le cadre de l'autonomie institutionnelle de ces deux sphères.»

Cette pensée est en complète symbiose avec la mienne...livre non pas à lire mais à chérir...

Pour un nouvel humanisme de Jacques Grand'Maison. Fides 2007 (208 p.)
Source: Le Devoir et Fides

jeudi, octobre 18, 2007

L’ART CONTEMPORAIN EN 2007

L'art contemporain, une affaire d'initiés ? De moins en moins, si l'on en croit l'explosion d'événements en tout genre qui émaillent une rentrée 2007 résolument riche et ouverte. Nouvelles galeries, foires, accrochages inédits et installations originales, les formes se multiplient et quittent le simple espace d'exposition pour se faire parcours, quittant leur profil traditionnel pour se faire expériences singulières.


Au-delà de la multiplication des célébrités prenant part aux festivités les plus en vue de la sphère artistique, c'est tout un public nouveau qui se tourne vers la création contemporaine. Et de nombreuses initiatives viennent confirmer cet engouement en mêlant des projets aux consonances sociétales, politiques ou simplement culturelles. De là à voir en l'art contemporain un vecteur de communication porteur, il n'y a qu'un pas, qu'il serait bien injuste de franchir sans passer en revue les modalités les plus actuelles de son développement.


Une cartographie renouvelée


Car, à coup sûr, c'est d'abord cette ouverture qui frappe en premier lieu dès lors que l'on parle d'art. Longtemps cantonné et raillé pour sa relative étrangèreté aux préoccupations les plus communes, l'art de la seconde moitié du XXe siècle a finalement marqué les esprits par sa diversité autant que par sa capacité à user d'esthétiques non conventionnelles. De la sérialité d'un Andy Warhol à l'abstraction géométrique et minimaliste, les codes de l'art ont finalement trouvé un écho dans la consommation la plus courante (de la mode à la décoration en passant par la technologie) et, partant, un oeil moins hostile à une forme de création émancipée des cadres conventionnels. Dès lors, entre la volonté politique imprimée depuis les années 1980, les multiplications d'ateliers pédagogiques, les conférences introductrices et les publications généralistes, ces dernières années amorcent un virage certain de la réception d'une création contemporaine forcément marquée par l'évolution sociale. Et l'invasion, par les artistes, de lieux inédits, n'est pas pour démentir cet engouement.


Les leçons de l'année


En matière d'événements, les acteurs ont multiplié les initiatives pour diversifier les modes de diffusion. Les galeristes redoublant d'efforts pour mettre en valeur leurs artistes se font tour à tour organisateurs d'événements (les initiatives Show Off, Slick, les prix soutenus par les galeries) ou curateurs : nombre de galeristes proposent une véritable mini-exposition lors des foires à venir, comme l'avait fait la galerie Loevenbruck par exemple au début de l'année à Artparis.


Spectres et vanités


Car il est nécessaire de s'adapter à la nouvelle tendance, portée vers le ludique, l'amusement et la participation. La nouveauté communautaire d’Internet semble se rallier à la cause d'un art contemporain décidé à intégrer le plus largement possible. Le pop se fait populaire et le cynisme s'est transformé en une grande invitation humaniste à la nostalgie. L'on salue ainsi un art qui n'a plus besoin de distance, une sorte de répétition postmoderniste qui en annule les effets et plonge dans un hypercommunautarisme où tout le monde trouve sa place.

Ce qui n'empêche pas de percevoir aujourd'hui encore le spectre d'un Marcel Duchamp extrêmement présent, son fantôme planant même sur l'exposition 'Airs de Paris' (à ce titre tout à fait représentative de la scène actuelle, tant dans ses meilleurs côtés que dans ses parts les plus éculées), ou d'une tendance au kitsch populaire assumé (l'installation incroyable dédiée à Ghost Rider au Palais de Tokyo, les tableaux de Karen Kilimnik et leur fantaisie adolescente), le maniérisme baroque bonbon du talentueux Philippe Mayaux et l'humour décalé so british du cabinet de curiosités dérangé (les brillants Patrick van Caeckenbergh ou Eric Duyckaerts). De même, on note aussi une franche tendance aux références les plus assumées dans la création émergente, cette énergie à instiller dans son oeuvre des morceaux de son intimité, qui emprunte pourtant une voie totalement différente de celle tracée par Sophie Calle, référence en la matière, préférant la re-fabriquer en l'exposant, en la mettant finalement véritablement en jeu.

Une véritable tornade dans la création contemporaine, qui n'est pas sans redéfinir les codes du marché de l'art, zone d'influence toujours aussi aléatoire des pratiques artistiques.


Cousu de fil d’or


En effet, cette ouverture n'est pas étrangère à l'apparition d'un nouveau type d'acheteur, moins collectionneur éclairé que fin stratège de l'économie, n'hésitant pas à s'octroyer les services de conseillers pour dénicher des pièces vouées à doubler (voire tripler) de valeur ou achetant simplement à tour de bras, histoire de maximiser les chances de rentabilité.

Dans un contexte de flambée des prix, l'art est une valeur profitable à de nombreux investisseurs, qui y ont donc importé cette méthode pour le moins radicale, le ”Spray and Pray” (littéralement "Arrose et prie"), consistant en un achat à grande échelle d'oeuvres de différents (très) jeunes artistes, misant leur investissement sur la montée en puissance de l'un d'entre eux et remboursant ainsi largement les moins bénéfiques. Si l'acte se rapproche de la performance, le marché, lui, ne s'en amuse pas et, libéré d'un risque de sclérose dû à une hausse exceptionnelle des prix, encourage les galeristes comme les maisons d'enchère à dénicher des artistes jeunes ou méconnus (à l'image de l'explosion d'un art oriental que l'on découvre à mesure que les ventes s'envolent) et à les ériger comme alternative aux artistes les plus installés, désormais inabordables. Le marché paraît alors tendu entre ces figures de l'art et la scène émergente. La remise sur le devant de la scène d'artistes en milieu de carrière fait alors figure de balance, recherche d'un équilibre entre ces deux tendances fortes. Car il existe un tel décalage entre les oeuvres et leur prix (proportionnellement à ce que l'on a vu jusqu'ici) que d'aucuns craignent une remise à niveau brutale. Si les boursicoteurs optimistes peuvent y voir une installation en fanfare de l'art contemporain dans l'économie libérale, d'autres y verront les signes avant-coureurs d'une nouvelle crise, rejetant les efforts conjugués ces dernières années en faveur de sa diffusion.


Sur la forme, si la peinture, la photographie et les installations s'écoulent sans difficulté, l'engouement pour le dessin semble quant à lui s'essouffler, même s'il reste le seul moyen d'obtenir des oeuvres de grandes signatures, forcément plus accessibles. De même, la vidéo, elle aussi, a subi le contrecoup de cette tendance du marché, plus tourné vers l'objet de collection que vers un support difficilement commercialisable. Une relative mise à l'écart qui n'est pas sans appuyer la spécificité de la "chose matérielle" dans le commerce de l'art.


Ainsi, entre objet de convoitise, bien de consommation culturelle et enjeu de spéculation, il semble bien que la diffusion de l'art peine à trouver une unité dans cette multiplication des formes, reflet à peine voilé d'une pratique en pleine mutation. Mais ce qui laissait a priori présager d'une année excellente risque d'être quelque peu refroidi par une économie secouée par la crise américaine, principal indicateur des velléités de découvertes des collectionneurs. Ainsi, peut-être est-ce au tour des amateurs de participer, "pour du beurre", à cette grande chasse au trésor, cette entrée évidente dans un monde qui, par là, redécouvre une dimension plus ouverte qu'il serait dommage de manquer.


Source: Guillaume Benoit pour Evene.fr - Octobre 2007

dimanche, octobre 14, 2007

Il en arrive des choses dans le Métro de Paris...

Il faut voir la réaction des parisiens devant le concert "sauvage" des Naturally 7 dans le Métro. Les voyageurs surpris se lachent à la fin...

Incroyable performance !

Mexico, une ville insensée

J'aime les grandes villes plus que tout! La campagne bucolique, les montagnes enneigées, les plages ensoleillées ou les vastes paysages forestiers ont peu de grâce à mes yeux à côté de l'énergie des grandes villes. Le bonheur de la vie m'a permis d'en visiter plusieurs.

Je constate avec le temps que j'ai un faible aussi pour les villes insensées. Celles dont le rêve n'est pas celui de la grâce des villes canons que sont NY-Paris-Londres. En général j'aime ces villes occidentales ou influencées par l'Occident mais où l'on y sent le souffle de la folie urbaine; une façon d'être unique. Jusqu'ici je n'avais rencontré (et par la suite continué un rapport fantasmé) que trois villes insensées : Rome (pour l'anarchie toute romaine), Istanbul (pour son rapport occident-orient) et Las Vegas (pour sa démesure kitsch). Bien-sûr pour des raisons fort différentes, mais n'empêche que je ressens le même état de bien-être quand je me retrouve dans ces trois lieux de folie urbaine.

Et maintenant, je rajoute une autre grande ville à ma propre short list intime de villes insensées: Mexico (je viens d'y passer la semaine).

Tout y est incroyable et démesuré. Aujourd'hui, Mexico serait la ville la plus peuplée du monde avec 25 millions d'habitants. La croissance de la ville a littéralement explosé depuis les années 1970, déplaçant son aéroport en plein centre-ville. D'ailleurs le premier choc est dans l'avion à l'atterrissage, on descend pendant 15 minutes en survolant une ville qui semble infinie. La ville s'étend au rythme du flux des nouveaux arrivants (30 000 par mois). Les services de l'urbanisme, qui doivent bien fournir des plans de la ville, en sont réduits à affréter chaque année un avion pour photographier les nouveaux quartiers qui sortent de terre, parfois en quelques jours. Imaginez la gestion urbaine et la pollution!




Mais vamos pour les côtés incontrôlables de Mexico. 25 millions d'habitants avec une grande concentration de jeunes... ça déplace une ville. Dans la même soirée à Mexico:

1) J'ai assisté à une quasi-émeute à Mutek-Mexico parce que l'on ne pouvait admettre tout le lign up qui voulait regarder l'installation sonore des montréalais Skoltz Kolgen. La police à du intervenir...les mexicains voulaient rentrer!

2) Je suis allé par la suite à un vernissage d'artistes argentins qui présentaient dans une galerie "In" du quartier chic de Roma, leur travail dans la mouvance "PictoPlasma"-- elle-même inspirée des personnages de dessins animés japonais. Foule incroyable de jeunes branchés. Impossible de rentrer si je n'avais pas connu des amis des artistes. D'ailleurs pas mal le fun comme expo., un autre univers culturel complètement.

3) Avant de retourner aux derniers artistes de Mutek-Mexico (pas mal tard...), je me suis retrouvé dans un bar dansing-électro-mexicain avec plein de monde, c'était fou. Supers DJs en plus.

Énergie latine mêlée avec un bouillonnement culturel urbain unique...Oui! Mexico...MexiiiIIIcccoooo...

dimanche, octobre 07, 2007

L'héroïsme

De retour de Montréal après un voyage irréel, je lis une phrase dans le quotidien montréalais Le Devoir au sujet d'un nouveau livre de l'antiquiste et philosophe montréalais Georges Leroux portant sur Glenn Gould. Cette phrase, qui concerne le pianiste Glenn Gould, me touche sans que je sache trop pourquoi...

"La solitude est la condition préalable de l'expérience de l'extase, et tout particulièrement de cette expérience qu'apprécie tant l'artiste post-wagnérien, l'existence héroïque. Personne ne peut se sentir héroïque sans avoir été d'abord rejeté par le monde ou peut-être sans avoir accompli lui même cette exclusion."

mercredi, septembre 26, 2007

La redécouverte de l'antiquité greco-romain

Jamais dans l'histoire des deux derniers siècles, n'avons-nous autant fouillé le sol pour y trouver des vestiges grecs ou romains. Ou encore pour trouver la réponse à de vieux mystères greco-romains. Pas un île grecque ou un coin de l'ancien empire hellénistique ou romains qu'on ne fouille pas si le climat politique le permet. On me dit que cette accélération des fouilles archéologiques s'explique pour des raisons touristiques : le vieux temple grec retapé attire partout des clientèles riches et respectueuses.


Toutes ces fouilles, qui se rajoutent à celles effectuées depuis 100 ans, permettent maintenant d'ajouter deux nouvelles couches de compréhension à l'histoire de l'antiquité: celle de la péripérie de l'empire et celle sur la vie au quotidien. On commence à comprendre un peu mieux l'influence grecque et romaine en dehors de la Grèce et de l'Italie, par exemple en Bulgarie, en Albanie, en France, en Syrie, etc. De plus, il faut écouter l'excellente (et fidèle jusqu'à un certain point) série américo-britannique "Rome" pour comprendre comment on peut mieux aujourd'hui reproduire le quotidien (pas toujours facile) de cette période.

De plus, saviez-vous que l'on découvre environ 1000 inscriptions grecques par an?

Pour la démonstration de cette effervescence archéologique, je me suis inspiré du site Web Philalithia et je vous résume les quarante plus importantes découvertes archéologiques de juin à sept. l'été 2007 (et cela s'est sans compter l'Égypte ancienne et Israël où les découvertes sont aussi fort nombreuses) du monde greco-romain :

1) Archéologie France : Troyes à l'époque romaine
Septembre 2007 - Les fouilles de ces dernières années ont permis des découvertes exceptionnelles.
http://cultureetloisirs.france2.fr/archeologie/33944236-fr.php


2) Archéologie Grèce : un culte d'Héraclès
Septembre 2007 - Des travaux de restauration d'objets découverts en 1999 ont fait apparaître une dédicace à Héraclès, et donc un culte de celui-ci à Spartia en Thessalie (ancienne Phères).
www.ekathimerini.com/4dcgi/news/content.asp?aid=87669


3) Archéologie Albanie : un navire grec du IVe av.
Septembre 2007 - Une mission de'exploration a repéré plusieurs épaves, dont celle d'un navire grec du IVe av. au large du port de Saranda au sud de l'Albanie.
www.iht.com/articles/ap/2007/09/12/europe/EU-GEN-Albania-Ancient-Shipwreck.php



4) Archéologie Chypre : une épave sous-marine
Septembre 2007 - Découverte d'une épave du début de l'époque romaine au large des côtes orientale de Chypre.
http://news.antenna.gr/articleDetail/0


5) Archéologie Espagne : une épave romaine
Septembre 2007 - Un navire romain de la fin du Ie av, en bon état de conservation, a été découvert dans la baie de Carthagène. www.thinkspain.com/news-spain/13694


6) Archéologie Grèce : un système hydraulique minoen
Septembre 2007 - Un système de canalisations permettant la bonification des terres a été découvert à Zakro, en Crète. Déjà connu pour la Grèce mycénienne, ce genre d'installation n'avait pas encore été découvert dans le monde minoen. http://www.enet.gr/online/online_text/c=113


7) Archéologie France : la capitale de Vercingétorix
Août 2007 - le point sur les fouilles de Corent (Auvergne) : http://www.lemonde.fr/


8) Archéologie Grande-Bretagne : "la cité perdue d'Apollon" ?
Août 2007 - Selon l'archéologue Dennis Price, le sanctuaire d'Apollon mentionné par le voyageur Pythéas de Marseille se trouverait à proximité de Stonehenge : http://in.news.yahoo.com/070827/139/6jyi4.html


9) Archéologie Roumanie : le Capitole de Sarmizegetusa
Août 2007 - Identification d'un des plus grands temples de la province romaine de Dacie, consacré à la triade capitoline au milieu du IIe ap. http://english.people.com.cn/90001/90781/6246870.html


10) Archéologie Chypre : un temple hellénistique à Paphos
Août 2007 - La saison de fouilles à Chypre est particulièrement riche ; parmi d'autres découvertes, celle d'un temple d'époque hellénistique dans la ville basse de Paphos. Des habitations de l'âge du bronze ont par ailleurs été découvertes à Politiko-Troullia. www.enet.gr/online/online_text/c=113


11) Archéologie Grèce : un tunnel mycénien à Midéa
Août 2007 - Un tunnel du XIIIe av. en appareil cyclopéen est en cours de dégagement sur le site de Midéa, en Argolide ; on pense qu'il conduit, sous le rempart, à une source souterraine, comme c'est le cas pour d'autres forteresses mycéniennes, à Tirynthe par exemple.
http://news.antenna.gr/articleDetail/0,3091,164332,00.html


12) Archéologie Espagne : identification du site d'Hibera
Août 2007 - Hibera, à l'embouchure de l'Ebre, est une des villes disputées entre Romains et Carthaginois lors de la deuxième guerre punique. Le site n'avait pas été identifié avec certitude, mais la découverte d'imposantes fortifications remontant au VIIe av à Tortosa permet d'identifier la ville actuelle avec l'ancien site ibère.
www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=76599

13) Archéologie Albanie : un refuge de la fin de l'âge du Bronze
Août 2007 - A Grunas, dans les montagnes du nord de l'Albanie, on a découvert des fortifications et bâtiments de la période 1000-800 av. (soit la fin de l'âge du bronze dans cette région). Le site a pu servir de refuge contre les pirates de l'époque. www.usatoday.com/tech/science/columnist/vergano/2007-08-19-albania_N.htm

14) Archéologie Italie : une tombe étrusque intacte
Août 2007 - Une tombe étrusque intacte, datée entre le IIIe et le Ier siècles av., a été dégagée par des archéologues amateurs. La tombe, au contenu modeste, ne comporte pas de peinture. Elle a été trouvée à Civitella Paganico.
http://news.yahoo.com/s/nm/20070813/sc_nm/italy_etruscans_dc;_ylt=Ai8sHqWxqdaH8GvdVLtNmLKs0NUE


15) Archéologie Turquie : une statue colossale d'Hadrien
Août 2007 - Une statue colossale de l'empereur Hadrien, d'une remarquable qualité, a été découverte sur le site gréco-romain de Sagalassos. www.archaeology.org/online/features/hadrian/


16) Archéologie Italie : une tannerie antique
Juillet 2007 - une tannerie des IIe-IIIe ap a été trouvée à Rome lors de travaux.
www.iht.com/articles/ap/2007/07/31/europe/EU-GEN-Italy-Ancient-Tannery.php

17) Archéologie Chypre : nouvelles recherches sur l'ancienne Paphos
Juillet 2007 - Les fouilles de l'année écoulée fournissent de nouvelles informations sur l'ancien royaume de Paphos.
Archéologie Italie : un nouveau style pictural à Pompéi


18) Juillet 2007 - La découverte d'un nouveau style de peinture, ou plutôt d'un plus ancien (faut-il l'appeler "style zéro" ?) bouleverse la typologie de la peinture antique. Plus d'informations.


19) Archéologie Italie : des thermes à Rome
Juillet 2007 - Les thermes luxueux de la villa du richissime Quintus Servilius Pudens, un ami de l'empereur Hadrien, sont en cours de dégagement à Rome. Plus d'informations.

20) Archéologie Grèce : des tombes romaines à Véria
Juillet 2007 - Lors de travaux à Véria (Macédoine) 4 tombes du IIIe ap ont été trouvée, appartenant à la nécropole de la ville antique.
www.yppo.gr/2/g22.jsp?obj_id=10110

21) Archéologie Chypre : présence humaine dès 12000 av. ?
Juillet 2007 - les fouilles d'Aspros indiquent une sédentarisation qui pourrait être vieille de 14000 ans. Plus d'informations.

22) Archéologie Grèce : une tombe mycénienne en Acarnanie
Juillet 2007 - Une tombe à chambre datée vers 1200 av. a été découverte lors de travaux à Kouvara (sur la commune de Fities, à 10 km au nord-ouest du site classique de Stratos d'Acarnanie). Cette sépulture d'un chef guerrier local contenait une coupe en or à pied haut, une épée en bronze avec poignée incrustée d'or de type Naue II, un poignard en bronze de type Sandars D, une pointe de lance en bronze, un trépied en bronze et un objet encore mal identifié, peut-être des cnémides. www.yppo.gr/2/g22.jsp?obj_id=10030

23)Archéologie Bulgarie : un nouveau masque en or dans la "Vallée des rois"
Juillet 2007 - La tombe d'un roi thrace du IVe siècle av. à Topolchene (à 280 km à l'est de Sofia) a permis la découverte d'un masque en or représentant un homme barbu, probablement la décoration d'un bouclier ; il y avait aussi un rhyton en argent, un casque, une armure, une bague en or portant l'inscription grecque "sauveur de l'Asie".
www.novinite.com/view_news.php?id=83046 - www.novinite.com/view_news.php?id=83027
La tombe pourrait être celle de Térès II
Perperikon
Sur ce site occupé depuis 5000 av., lieu d'un grand sanctuaire thrace, on cherche un troisième palais, on trouve de l'or et un trône...

24) Archéologie Grèce : édifices souterrains d'époque romaine à Thessalonique
Juillet 2007 - Plusieurs pièces souterraines voûtées appartenant à des bâtiments du IVe ap ont été trouvées à Thessalonique. Certaines ont servi de cachette à des époques plus récentes (pour des objets sacrés hébraïques notamment). http://www.enet.gr/online/online_text/c=113,id=71863556


25) Archéologie F.Y.R.O.M. : le forum de Stobi
Juin 2007 - Des arcades monumentales décorant le forum de Stobi sont la découverte la plus importante des fouilles en cours à Stobi, site romain le plus important de l'ex-Macédoine Yougoslave. Informations.

26) Archéologie France : le plus ancien chai gallo-romain connu
Juin 2007 - A Aspiran, près de Béziers, l'équipe de Stéphane Mauné (CNRS) fouille un chai gallo-romain de 10 ap. JC. L'exploitation agricole produisait du vin blanc exporté dans tout l'empire romain.
www.lefigaro.fr/sciences/20070629.

27) Géographie Sierra Leone : l'Atlantide ?
Juin 2007 - Une nouvelle localisation de l'Atlantide est proposée par Marcello Cosci (Université de Sienne), spécialiste en interprétation d'imagerie par satellite. Pour lui l'Atlantide n'est pas du tout engloutie, et c'est l'île de Sherbro, au large du Sierra Leone. Plus de détails.
Archéologie Grèce : vestiges mycéniens à Alimos

28) Juin 2007 - Les travaux d'extension du métro athénien ont permis la découverte de vestiges remontant à l'époque mycénienne à la station Alimos, au sud-est d'Athènes. La découverte semble concerner une installation pour une activité artisanale nécessitant l'utilisation de l'eau (un système hydraulique et des bassins ont été dégagés.)
http://www.enet.gr/online/online_text/c=113,id=92439268


29) Archéologie France : des mosaïques romaines à Nîmes
Juin 2007 - Deux mosaïques romaines de grande taille ont été découvertes à Nîmes lors de fouilles menées par l'INRAP. L'une des mosaïques représente une gigantomachie, l'autre Achille à Skyros.
www.inrap.fr/site/fr/page.php?id=60&p=communiques-de-presse&id_communique=149

30) Sciences USA : réédition des mesures d'Eratosthène
Juin 2007 - Des enseignants en physique se sont amusés à rééditer le calcul de la circonférence de la terre, réalisé par Eratosthène en 240 av, avec les mêmes méthodes : en mesurant en différents endroits l'angle de l'ombre projetée à midi (heure du soleil) au moment du solstice. www.semissourian.com/story/1218909.html

31) Archéologie Grèce : l'ancienne Hélikè
Juin 2007 - Un temple d'époque géométrique découvert à Nikoleïka en Achaïe pourrait être le temple de Poséidon de la cité d'Hélikè, engloutie en 473 av. JC. En savoir plus.

32) Archéologie Grèce : le mécanisme d'Anticythère
Juin 2007 - Le déchiffrement des textes gravés sur le mécanisme se poursuit lentement ; découverte du mot "Hispania". En savoir plus.


33) Archéologie Bulgarie : une épée mycénienne, un labyrinthe, une double-hache...
Juin 2007 - Des découvertes récentes montreraient les échanges entre la civilisation thrace et les mondes minoen et mycénien. En savoir plus



34) Archéologie Grèce : importantes découvertes dans la région d'Olympie
Juin 2007 – À Skaphidia (à 11km au nord-ouest de Pyrgos) on a dégagé de luxueux bains romains en usage du Ier au IVe siècle ap. JC.
À Tripes tou Kladeou, dans une nécropole mycénienne déjà connue, 4 nouvelles tombes à chambre inviolées ont été dégagées en 2006 ; l'une contient la sépulture d'un enfant avec ses jouets ; les tombes ont livré de nombreux objets et vases de production locale ; à signaler particulièrement : un fragment d'amphore où est représentée une scène de funérailles. www.enet.gr/online/online_text/c=113,id=9642572 ;
www.tanea.gr//Article.aspx?d=20070611&nid=4949896&sn=

35) Archéologie Bosnie : des bateaux illyriens
Juin 2007 - C'est la première fois que l'on trouve des vestiges de bateaux illyriens, vieux de 2200 ans. Plus d'informations.

36) Littérature Un manuscrit de l'Iliade en 3D
Le plus ancien manuscrit connu de l'Iliade, le Venetus A, va être numérisé en 3D, avec tous les détails et défauts de ses 645 pages et publié sur Internet. www.wired.com/gadgets/miscellaneous/news/2007/06/iliad_scan

37) Archéologie Découvertes romaines en Croatie
Juin 2007 – une centaine d'amphores romaines ont été découvertes dans le centre de Pula.
www.javno.com/en/croatia/clanak.php?id=49918
A Solin (antique Salona) des sarcophages du IIIe et du IVe siècles, fabriqués en Grèce spécialement pour la côte dalmate, ont été découverts. www.javno.com/en/croatia/clanak.php?id=50689


38) Archéologie Rome : un temple sous le palais présidentiel
Juin 2007 - Le Palazzo del Quirinale, où loge le Président de la République Italienne, serait construit au-dessus du temple antique de Quirinus (construit au IVe av et rénové sous César et Auguste), selon l'archéologue Andrea Carandini.
www.upi.com/NewsTrack/Science/2007/06/01/roman_temple_found_under_presidents_house/6657/
39) Archéologie Rome : les jardins de Lucullus
Mai 2007 – Des mosaïques appartenant aux célèbres jardins de Lucullus ont été découvertes lors de travaux.
www.timesonline.co.uk/tol/news/world/europe/article1800843.ece

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A&M



samedi, septembre 22, 2007

Mes romans du XXe siècle: #9 James Joyce

Mon 9e billet de ma série de mes 25 romans favoris du XXe siècle qui relate ma relation avec 25 romans du XXe siècle portera cette fois-ci sur un roman qui a marqué la littérature par sa rupture avec ce qui s'écrivait depuis la nuit des temps soit Ulysse de James Joyce (1882-1941).

Il fait suite aux huit premiers textes que j'ai écrit dans le cadre de cette série, toujours par ordre alphabétique et de parution:

1) Les Robots d'Isaac Asimov
2) Entre la sainteté et le terrorisme de Victor-Lévy Beaulieu
3) Si par une nuit d’hiver un voyageur d'Italo Calvino
4) L'Étranger d'Albert Camus
5) Les dix petits nègres d'Agatha Christie.
6) Belle du Seigneur, Albert Cohen
7) Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir
8) Le meilleur des mondes d'Adhous Huxley

#9 L'Ulysse de James Joyce ou l'histoire d'un échec...

Je vous le dit bien fort: je suis tenace. Il m'en faut beaucoup pour lâcher prise. Et bien ici à propos de la lecture annoncée du roman Ulysse de James Joyce, je dois bien vous faire part d'un échec total et sans compromission. Ma mère me disait quand j'étais petit, propos aujourd'hui hirsute, que l'important est l'effort et non le résultat...Maman serait bien la seule a être fière de moi aujourd'hui...

Mal m'en pris d'annoncer un commentaire sur une oeuvre célèbre que je n'avais pas encore lue...C'est un peu de ma faute tout cela. J'ai voulu comprendre le "personnage James Joyce" avant même son oeuvre. Et j'en lu des livres sur Joyce...deux biographies dont celle saisissante d'Edna O'Brien sans compter l'Ulysse originale (d'Homère) et le magnifique essai de Victor-Lévy Beaulieu: James Joyce, L'Irlande, Le Québec et les mots , grosse brique de plus de 1000 pages que j'ai terminée il y a quelques semaines. Je peux vous en dire long sur la personnalité torturée, ambitieuse et égocentriste de mon ami James.

Mes lectures m'ont appris que l'Ulysse de James Joyce relate les événements d'un jour, ceux du 16 juin 1904, tels qu'ils sont vécus par trois dublinois différents (Leopold Bloom, Dedalus et Marion). Chaque chapitre correspond à une partie de l'Odyssée, et les personnages correspondent à trois figures de l'épopée d'Homère: Ulysse, Télémaque et Pénélope.


James Joyce était bien de son temps pour une chose: il vouait une admiration sans borne pour le monde grec antique et surtout Homère. Mais la trame d'Ulysse n'est qu'un prétexte magnifique pour en arriver à ses deux grands objectifs pour son roman: déconstruire la trame romanesque classique (et avec Proust être l'initiateur du "nouveau roman") et montrer l'humanité telle qu'il la sent et la voit.

Et Joyce, sur ce point, ne se gêne pas: son Ulysse, pendant près de 1200 pages, démasque, expose, démolit et dégrade l'humanité avec une hargne qui, dans la pensée moderne, n'ont pas d'équivalent.

Le résultat? Il m'est bien difficile de dire ce que j'ai compris de ma lecture partielle. Après m'être accroché pendant 600 pages, j'ai abandonné. C'est trop obscur et décousu pour moi. Une grande oeuvre certes mais hors d'atteinte de L'Ancien et du moderne.

Si j'étais de droite (ce que je ne suis pas), je m'ajouterais aux voix nombreuses qui ont prétendues que l'œuvre de Joyce avait eu un effet désastreux sur la fiction moderne et post-moderne, créant des générations d'écrivains qui abandonnaient la grammaire, la cohérence et la trame de leur histoire en faveur de divagations nombrilistes illisibles. Cela est bien-sûr excessif, Joyce a tenté tout simplement de changer le monde...

Cela étant écrit, vivement mon prochain billet de cette série: "Le Procès" de Franz Kafka.