dimanche, novembre 11, 2007

Ma vie Cicéron

Je ne fais pas grand'chose dans la vie depuis 1 mois sinon lire Cicéron ou sur Cicéron. Adieu littérature, jeux, musique électronique et alcool...Cicéron prend toute la place.

D'abord à travers la magnifique et volumineuse biographie de Pierre Grimal pour qui l'orateur romain est celui qui nous transmit une partie de la philosophie grecque en l'adaptant à un monde moins éthéré que les philosophes grecs.

Aussi par le roman historique "Imperium" de Robert Harris. C'est le premier volume d'une trilogie sur la vie de Cicéron dont l'histoire est absolument passionnante, non seulement à cause du talent narrateur de Robert Harris, mais parce que Cicéron a vécu à une époque déterminante de Rome, en a façonné l'histoire et a laissé une quantité d'écrits attestant autant de sa participation à ces évènements qui ont marqué le cours de l'histoire, que de ses attachements affectifs, de son humour et de sa propension aux potins. J'attends impatiemment le prochain volume.

Sa vie est fascinante indeed; un vrai roman...avec ses alliances et mésententes avec Marc Antoine, Jules César, Pompée, Auguste (Octave), Crassus, Brutus, etc. Mort assasiné parce qu'il était Pompéen et qu'il n'a pas pu se rallier les pro-césariens. Je suis convaincu que nous aurons un film sur Cicéron un jour.

Ses oeuvres sont nombreuses, en grande partie à cause de son esclave grec Tiron qui lui a longuement survécu et qui a permis la publication de tous ses discours et dissertation. Plus de 40 volumes de Cicéron sont aujourd'hui traduits aux Belles Lettres.

En fait, mes lecteurs perspicaces auront compris depuis un bout toute l'affection que j'ai pour ce philosophe et orateur romain du 1er s. av JC. (par deux billets sur ce sujet ici et surtout ici).

Mais actuellement ma vie est subjuguée surtout par le projet philosophique de Cicéron, en faisant la part (bien-sûr) de l’héritage qu’il assume et transforme, mais en retenant surtout les deux aspects suivants:

Tout d’abord, Cicéron veut écrire la philosophie en latin, non en grec. Pour cela il est amené non seulement à traduire, mais surtout à élaborer une langue philosophique qui n’existait pas encore. Cicéron, pense à partir de découpages propres à la langue latine car il est convaincu que toute réflexion ne peut s’opérer que dans un milieu linguistique commun, où les catégories et les notions se constituent au fil d’une histoire partagée. En découpant, déplaçant, remontant des modules et des expressions du grec et du latin, Cicéron invente ainsi les notions et les domaines propres à la philosophie occidentale.

Le second aspect est l’usage particulier que Cicéron fait de l’histoire de la philosophie. Il fût le premier à n'être pas mû par une inspiration doctrinales, mais par la conscience que les questions majeures de l’enquête philosophique doivent être discutées dans un espace polémique, où le débat contradictoire fixe les doctrines comme des modèles de pensée qui se constituent dans la confrontation. Ainsi la réflexion sur la connaissance est-elle structurée pour Cicéron par le conflit entre le stoïciens, épicuriens et académiciens; par exemple le choix de la conduite morale se trouve circonscrit par les conceptions rivales proposées par les stoïciens et les épicuriens .

C’est pourquoi Cicéron utilise dans son œuvre le dialogue. Le débat contradictoire entre deux positions, qui se caractérise par l’examen équitable des arguments de l’une et de l’autre part , est ce qui permet à Cicéron de se définir « académicien » .

Cicéron a tout sondé, tout étudié; c’est l’antiquité vivante, l’homme verbe, comme l’appelle Lamartine, et après Platon le plus grand style de toutes les langues.

« C’est un vase sonore qui contient tout, depuis les larmes privées de l’homme, du mari, de l’ami, jusqu’aux catastrophes de l’homme du monde, jusqu’aux pressentiments tragiques de sa propre destinée. Cicéron est comme un filtre où toutes ces eaux se déposent et se clarifient sur un fond de philosophie et de sérénité presque divines, et qui laisse ensuite s’épancher sa grande âme en flots d’éloquence, de sagesse, de piété pour les dieux, et d’harmonie. On le croit maigre parce qu’il est magnifiquement drapé, mais enlevez cette pourpre, il reste une grande âme qui a tout senti, tout compris et tout dit de ce qu’il y avait à comprendre, à sentir et à dire de son temps à Rome » (Lamartine, Les Confidences).

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