mercredi, janvier 31, 2007

Mes romans du XXe siècle: #7 Simone de Beauvoir

Mon 7e billet de ma série de mes 25 romans favoris du XXe siècle qui relate ma relation avec 25 romans du XXe siècle portera cette fois-ci sur le 1er tome de l'autobiographie de Simone de Beauvoir, soit Mémoires d'une jeune fille rangée.

Il fait suite aux six premiers textes que j'ai écrit dans le cadre de cette série, toujours par ordre alphabétique et de parution:

1) Les Robots d'Isaac Asimov
2) Entre la sainteté et le terrorisme de Victor-Lévy Beaulieu
4) L'Étranger d'Albert Camus
5) Les dix petits nègres d'Agatha Christie.
6) Belle du Seigneur, Albert Cohen

#7 Simone de Beauvoir ou Souvenirs d'un jeune homme rangé...

Je me souviens du temps où j'étais un jeune homme rangé. Lors d'un tour d'Europe qui avait pris la place d'une session d'université. Londres, Edimbourg, Bretagne, San Sebastian, Paris, Provence, Salamanca, Madrid, Tolède, Algavre et Lisbonne...Un voyage de musées, de paysage et de romans de 4 mois durant lequel je n'y ai rencontré personne. Je n'étais pas là; seul, tout tranquille et perdu dans mes romans russes et français -surtout-du XIXe siècle.

C'est au beau milieu de ce voyage, dans le pays basque français que je suis tombé sur "Mémoires d'une jeune fille rangée" de la philosophe et écrivaine française Simone de Beauvoir (1908-1986). Je ne connaissais un peu l'histoire de Sarte-de Beauvoir" mais s'en plus.

Dans ce premier opus (qui a été suivi de "La Force de l'âge" et de "La Force des choses"), Simone de Beauvoir se raconte de sa toute petite enfance (née en 1908), à ses 21 ans (où elle commence tout juste à fréquenter Sartre platoniquement).

L'écrivaine narre donc son enfance et sa jeunesse auprès de sa famille bourgeoise du sixième arrondissement parisien et de son amie Zaza. Au début du XXème siècle, bien qu'elle soit une femme, elle cherche profondément à s’affirmer contre les contraintes de sa classe sociale. Très douée pour les études, elle souhaite et est certaine qu’un destin hors du commun l’attend dans le domaine de l’écriture. Elle se heurte alors avec son entourage et avec elle-même, en se cherchant, en se découvrant petit à petit. Ces mémoires sont donc les mémoires d’une jeune fille tourmentée entre son éducation étouffante et de ce qu'elle désire être réellement, et qui se libère peu à peu avec courage dans les livres et dans un Paris chaleureux, notamment grâce à l’apparition de Jean-Paul Sartre dans sa vie .

Mais ce qui me frappa et me saisi au début de ma lecture fut le niveau d'écriture. Simone de Beauvoir parle d'une façon très libre à son lecteur : de sa vision de la vie, de son amour pour Sartre, de sa sexualité...Je me sentais dans une position d'écoute face à Simone de Beauvoir qui me racontait son intimité.

Sartre dans un numéro de Vogue publié en 1965 l'affirmait :
« Simone de Beauvoir a une communication idéale avec le public. Mettons si vous voulez une différence entre elle et moi. Je ne communique pas émotionnellement, je communique avec des gens qui réfléchissent, qui pensent, qui sont libres vis-à-vis de moi qui pense... Simone de Beauvoir elle communique affectivement tout de suite avec les gens. Il y a chez elle une manière de mettre tout de suite l'autre personne en question, mais en amitié. Elle ne prend jamais de supériorité avec ses lecteurs. La façon dont elle parle d'elle, c'est une façon de parler des autres...». Et ma foi, il a raison.

Et puis, évidemment, plus que tout, ce qui me toucha dans ce livre était son amour de la littérature, ses émois, ses premières « impressions profondes » de lecture. Je rencontrais une vraie lectrice vivante: « Soudain, des hommes de chair et d'os me parlaient, de bouche oreille, d'eux-mêmes et de moi ; ils exprimaient des aspirations, des révoltes que je n'avais pas su me formuler, mais que je reconnaissais. J'écumai Sainte-Geneviève : je lisais Gide, Claudel, Jammes, la tête en feu, les tempes battantes, étouffant d'émotion. » « Je me disais que, tant qu'il y aurait des livres, le bonheur m'était garanti. » Encore le bonheur...

Mais je compris plus tard que tout autant que nous sommes, c'est toujours la réponse au "Comment" de cette quête du bonheur que nous cherchons. Et même (et peut-être surtout) Simone de Beauvoir au confluent du siècle et des changements sociaux ni échappa pas.

À cet égard, la fin des Mémoires d'une jeune fille rangée est une fin "ouverte". Simone de Beauvoir fait la somme de toutes ses expériences et demande au lecteur d'en façonner le sens final. Mais toutefois à la fin de La Force de l'âge, elle explique bien l'échec foudroyant de sa vie. Elle n'aura pas réussi à tenir les deux pôles extrêmes de la condition humaine : le bonheur et la tristesse. Mais elle tenait au moins à réussir à faire partager avec émotion son expérience aux femmes et aux hommes; et à ce titre, elle y est arrivé avec éclat!

samedi, janvier 27, 2007

L'Égypte n'est vraiment pas contente...

En 200 avant J.C., le géographe grec Philon avait désigné les 7 merveilles du monde de l'antiquité. Pour mémoire, il s’agit du temple d’Artémis à Éphèse, des pyramides d’Égypte, des jardins suspendus de Babylone, du Mausolée d’Halicarnasse, du phare d’Alexandrie, du colosse de Rhodes et de la statue de Zeus à Olympie. Depuis l’an 2005, les internautes sont invités à élire les sept merveilles du monde... moderne.

Ce projet a été lancé en l’an 2000 à l’Opéra de Sydney, à l’initiative des fondations The new open world et The new 7 wonders, du cinéaste suisse Bernard Weber. Il est soutenu par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Parmi les 77 monuments choisis en 2005, une liste de 21 monuments présélectionnés, par une équipe d’experts internationaux, présidée par l’ancien secrétaire de l’Unesco, Federico Mayor, a été établie. Les internautes peuvent voter jusqu'au 7 juillet 2007 sur le site news7wonders pour les monuments qu’ils considèrent comme les plus prestigieux. Jusqu'ici 25 millions de votes (dont le mien!) ont été comptabilisés.

Mais l'Égypte est outrée!! En effet, le concours ose mettre au vote les pyramides de Gizeh, seuls vestiges des 7 merveilles de l'antiquité encore existantes.

« C’est un complot ourdi contre l’Égypte et sa civilisation » a tonné, vendredi (hier), l’éditorialiste du journal gouvernemental Al Akhbar, Al-Sayed al-Naggar. Le patron des Antiquités égyptiennes, Zahi Hawass, blessé, a déclaré : « C’est la seule des sept merveilles de l’Antiquité encore existante, et elles n’ont pas besoin de cela, c’est grotesque ! ».

Et ça va assez loin. Lors de son récent séjour en Égypte, Bernard Weber, ancien assistant du cinéaste italien Federico Fellini, a été censuré par les médias locaux, et toutes les portes officielles lui sont restées fermées. Pour le ministre égyptien de la culture, la compétition organisée par Weber est insensée et a été mise en place pour arranger « son auto promotion ». Quant au journal El-Ahram, il l’a qualifiée de farfelue.

Pour Bernard Weber, les Égyptiens aurait dû profiter de sa venue pour l’interroger sur la présence des pyramides de Gizeh dans la compétition. « J’avais bien pensé les mettre hors concours, mais les internautes les auraient de toutes manières remises d’eux-mêmes en lice », a-t-il déclaré à l’AFP. Il a expliqué que son objectif premier n’était pas de porter préjudice au mythe des 7 merveilles du monde mais de l’actualiser. « Je crois qu’après plus de 2000 ans, il est temps de redéfinir les merveilles du monde », a-t-il déclaré.

Dans ces sites sélectionnés, figurent, notamment : le Taj Mahal (Inde), la statue de la Liberté (États-Unis), la Grande muraille de Chine (Asie), le Machu Picchu (Amérique Latine), la ville de Tombouctou (Afrique), l’Opéra de Sydney (Australie), La tour Eiffel (France), le Colisée de Rome et tant d’autres. Sans oublier, le seul site de l’Antiquité qui a survécu, jusqu’à nos jours : le complexe pyramidal de Gizeh, symbole de la suprématie et de la grandeur de l’Égypte antique.

Allez voter sur le site news7wonders ; mais si possible donnez un petit coup de main aux sites antiques, je ne crois pas qu'ils soient les plus populaires dans ce type de sondage...

A&M

NB Mes 7 choix? Bien sûr les 5 sites (parmi les 21) du monde de l'antiquité gréco-romaine (La Basilique Ste-Sophie d'Istanbul, l'Acropole d'Athènes, le Colisée de Rome, les Pyramides de Gizeh, ainsi que Pétra en Jordanie); l'Alhambra de Grenade pour finir avec la Tour Eiffel de Paris.

Source: http://www.afrik.com/

vendredi, janvier 26, 2007

Mon ami Ryszard est mort

Ryszard Kapuscinski, journaliste et écrivain polonais est mort cette semaine à l'âge de 74 ans. Je l'ai appris aujourd'hui (jeudi). J'écris mon ami parce que je l'appréciais beaucoup même si, lui, a toujours ignoré mon existence comme de raison. Ami parce que sa prose, son approche, sa sensibilité face aux tourments du monde me touchaient. J'ai déjà parlé dans ce blogue, ici et ici, de ses deux derniers livres remarquables sur l'Afrique.

Voyageur infatigable, il a captivé des millions de lecteurs avec ses chroniques sur les coups d'état, les révolutions et les guerres en Afrique (surtout). En effet, il a été le témoin privilégié de 27 révolutions et coups d'états, et condamné à mort quatre fois.

J'appréciais en fait de Kapuscinski surtout son romantisme; c'est-à-dire (dans cette définition toute personnelle du romantisme) cette volonté d'élévation au-delà du quotidien pour rapporter les événements et les drames africains avec une couleur personnelle. Mais surtout cette certitude un peu naïve (et romantique!) que l'on peut (modestement) changer les choses en faisant avec énergie et dévouement ce en quoi ont est bon. Kapuscinski rejoint en ce sens mes autres "amis romantiques" disparus eu aussi depuis peu et sur lesquels j'ai déjà écrit un billet soit Thierry Hentsch, Raymond Klibansky et Jean Irigoin.

Bon repos Ryszard!

dimanche, janvier 21, 2007

Un Don Juan mêlé au TNM...

J'aime le théâtre classique. Mais le revisité, celui qui allie l'ancien et le moderne comme pour montrer que certains thèmes transcendent les siècles et peuvent encore nous toucher. À Montréal, le Théâtre du nouveau monde (TNM) joue très bien ce rôle. J'avais donc hâte d'assister à la première de Don Juan de Molière (jeudi dernier). Après avoir été présenté en anglais et en français au Festival de Stratford, en Ontario, l'été dernier, le Don Juan de mon amie Lorraine Pintal prend maintenant l'affiche au TNM. Entre les deux productions, une différence importante: James Hyndman succède à Colm Feore dans le rôle-titre. Ce rôle principal au comédien vedette de la télé-série "Rumeurs" a attiré tous les feux médiatiques depuis 2 semaines.

On dit que Don Juan est sans doute le personnage de Molière le plus complexe, du moins le plus énigmatique. Il semble traverser la vie avec une faim inassouvie, une soif de conquête toujours renouvelée qui le mènera à sa perte. Libertin de moeurs et de pensées, Don Juan, dont la seule croyance est que « deux et deux font quatre », s'attire la condamnation du ciel pour ses mauvaises moeurs et son absence de remords.

Molière allie dans cette pièce un côté sombre, le destin tragique de Don Juan, à la farce bouffonne, aux gags gestuels et au comique verbal qui prennent le visage de Sganarelle (Benoît Brière, imbattable dans ce registre), le valet poltron et principal témoin des conquêtes de Don Juan.

Si Brière est plus qu'efficace dans ce rôle qui lui va comme un gant, on ne peut pas en dire de même pour le choix du Don Juan, c'est-à-dire James Hyndman.

Ce dernier, malgré sa stature et un charisme certain, n'arrive pas à imposer complètement son Don Juan. Il semble hésiter entre un flegme amusé, une supériorité parfois grossière et une témérité maladroite. Sa rébellion paraît incertaine et dictée par des coups de tête. Disons donc que, déployés dans le décor sobre et magnifique du TNM, James Hyndman me semblait bien mêlé lors de cette première.

Je note cependant la brillante (mais courte) prestation de Claude Laroche (M. Dimanche, un créancier) qui se démarque nettement dans cette distribution. Je crois que je voyais jeudi dernier ma 4e versions à vie de Don juan (dont 3 au TNM), et je tiens à souligner l'exceptionnelle scénographie, surtout pour les apparitions de l'au-delà du mystérieux Commandeur, par qui Don Juan rencontrera son funeste destin.

En conclusion, de loin mon meilleur Don Juan en ce qui concerne la mise-en-scène, la scénographie et le jeu de Sganarelle (Benoît Brière), mais aussi de loin la plus décevante interprétation du personnage principal, Don Juan...

NB En mai prochain, l'Opéra de Montréal, produit le Don Giovanni de Mozart. L'oeuvre de Mozart est inspiré grandement du Don Juan de Molière. À ne pas manquer!

NNB Pour mieux comprendre cette pièce de Molière, je ne saurai trop vous conseiller la lecture du chapitre premier du livre de Thierry Hentsch, Le temps aboli. "Don Juan, L'amour scélérat." p.13 à 29.

mardi, janvier 16, 2007

De l'importance de la Beauté

Lors d'une rencontre récente avec des amis, j'écoutais les gens parler sur la beauté avec des considérations très humanistes mais un peu naïves du style seul l'intériorité prévaut et l'apparence extérieure est sans importance. Pensées nobles mais déconnectées de la réalité et du bon sens selon moi.

Retournons dans un premier temps (comme souvent!)à la période de l'antiqué. Les philosophes grecs ont dit deux choses:

1) que le volet extérieur de notre personne est important dans l'équilibre de la vie: un esprit sain dans un corps sain quoi!

2) mais surtout, ils ont défini les premiers une définition de la Beauté simple, sans appel et qui se vérifie encore après 25 siècles: La Beauté est la jonction de la symétrie et de l'harmonie.

Tout simplement. Dans l'antiquité, la beauté (donc la symétrie..) était un cadeau des dieux et plus précisément d'Athéna. Les philosophes, en commençant par Plotin qui y voyait l’harmonie de la forme et de la matière, ont longuement considéré la beauté. Comment le leur reprocher! Déjà, avec Saint-Augustin, on lui attribuait une connotation métaphysique. Aujourd’hui, on reconnaît qu’elle joue sur les émotions.

Depuis surtout la révolution française et son rationalisme, on a mis beaucoup d'importance sur l'intelligence dans nos rapports sociaux puisqu'elle nous apparaît seule porteuse de réussite... mais est-ce si vrai que cela??? Voici un bref résumé de quelques recherches et constats récents sur ce sujet:

A) C'est une lecture toute récente qui m'a mise sur la piste de ce billet et ramenée instantanément à mes amis grecs. En effet, selon une étude rapportée il y quelques mois par le journal montréalais La Presse, les femmes seraient attirées par les bons danseurs. Cela va de soi me direz-vous...mais des anthropologues ont analysés les causes de cette attirance. En fait, il semble que les femmes soient très sensibles à la symétrie des mouvements.

«La danse est une activité importante pour les choix sexuels, affirme William Brown, anthropologue à l'Université Rutgers (New Jersey). Mais personne n'a jamais réussi à découvrir pourquoi. La danse doit forcément révéler un avantage reproductif. Nous pensons qu'il s'agit de la symétrie du corps. La symétrie est un bon indicateur de la force et de la qualité des gènes, parce que les asymétries corporelles sont dues à des stress comme les maladies. Une personne symétrique a mieux résisté à ces stress

B) Plusieurs recherches françaises (voir entre autres deux livres synthèses sur le sujet: «le Corps et la beauté», Jean Maisonneuve et Marilou Bruchon-Schweitzer, PUF, «Que sais-je» n° 3433, 1999. «Le Poids des apparences», Jean-François Amadieu, Odile Jacob, 2002.) confirment que la beauté rime aussi avec la réussite.

Ce qui est beau nous paraît bon, telle est notre vision du monde! La plupart des tests compilés dans les deux documents mentionnés ci-haut le confirment. Par exemple, faites évaluer sur photos la beauté d’un groupe de gens par d’autres. Comparez ensuite avec le statut réel de chacun: à l’école, les beaux élèves auront des notes supérieures aux copains ingrats, alors que ce n’est pas le cas dans des tests anonymes. Les beaux sont globalement mieux jugés que les autres et moins souvent punis. Dans l’entreprise, à compétence et à diplôme égaux, les gens au physique asymétrique (eh oui!) sont moins souvent engagés, font de moins belles carrières et sont un peu plus souvent licenciés que des beaux.

Quant à l’amour et au mariage, les sociologues ont mis en évidence que la femme belle a un capital qui se monnaie sur le marché matrimonial. C’est toujours une belle bergère qui épouse un prince. Il y a non seulement une prime à la beauté, mais aussi une décote au manque de symétrie et d'harmonie. L’apparence est un capital qui se transmet d’une génération à l’autre.

C) Enfin, deux neurologues anglais rapportent une étude (neurologique) fort sérieuse qui établit, entre autres, une corrélation entre la beauté et la motivation :

Beauty is a powerful motivating and organizing factor for many creators and innovators, and when we look to see what is distinctive about the brain’s experience of beautiful things, we see that beauty activates a part of the brain associated with reward.
-------------------------------------------------------------------------------
En fait, toutes les études récentes et rigoureuses relèvent ce que le bon sens nous dicte: ceux (ou celles) qui ne sont pas harmonieux et symétriques (entre autres ceux qui sont mal proportionnés, qui bougent mal ou même dansent mal...etc) ont moins de chance de s'affirmer et de réussir tout simplement. Et, fait important, ce n'est pas l'effet d'une simple mode. Cela a toujours été parce que les êtres humains sont attirés par les individus génétiquement plus solides. Je le rappelle, une personne symétrique serait (en général) génétiquement plus forte.

Ce billet n'a (bien sûr!) pas pour objet de remettre en cause l'importance du rationnel dans notre société mais plutôt de mieux comprendre le comportement de nos semblables dans leurs quêtes souvent effrénées de jeunesse éternelle...Cette quête de la Beauté de nos contemporains ne seraient donc pas nouvelle et peut-être moins superficielle que l'on pourrait croire au premier abord....

dimanche, janvier 14, 2007

La littérature francophone s'éclate

Je m'inspire ici des propos du magnifique blogue de Gwenaëlle Sartre sur la situation de la littérature francophone. Il est assez étonnant effectivement de constater le nouveau phénomène des écrivains à succès en France, qui écrivent directement en français mais ne sont pas de langue maternelle française.

En effet, en 2006, l'attribution de trois prix littéraires des plus prestigieux ont été donnée à:

1) l'Américain Jonathan Littell (Prix Goncourt et Grand Prix du roman de l'Académie française) pour son roman Les Bienveillantes, dont je viens de finir la lecture à la fois enivrante et obsédante malgré les doutes de certaines de mes lecteurs...;
2) la Canadienne-anglaise (de Calgary) Nancy Huston (Prix Femina) pour son roman Lignes de failles -voir aussi ma considération sur ce blogue pour un autre de ses romans;
3) au Congolais Alain Mabanckou (Prix Renaudot) pour son roman Mémoires de porc-épic ;
4) et c'est sans parler du russe Andreï Makine qui a gagné son lot de prix littéraire prestigieux au cours des dernières années. Je lis en ce moment son dernier roman, L'amour humain, qui est un livre puissant sur la beauté de l'homme digne, capable encore d'amour et d'émerveillement, au milieu du carnage et de la perte de sens. Un des grands écrivains francophones d'un style que j'adore que l'on pourrait qualifier de néo-classique. J'en reparlerai.

Pour certains européens ces faits sont un signe d'une France littéraire en perte de vitesse, cette citation de Jean-Louis Kuffer dans le quotidien 24 heures (Suisse) est très révélatrice:

"Les ténors de la littérature mondiale actuelle ne sont pas français mais le plus souvent issus de pays où de grands chocs suscitent des oeuvres fortes. (...) Bernard Pivot s'est félicité, en présence d'Alain Mabanckou qu'il a défendu dès ses débuts, de l'enrichissement de la littérature française par ses périphéries. Reste à constater que lesdites périphéries pourraient bien devenir centrales, au dam d'écrivains français de France qui continuent de se considérer comme le nombril de la République des lettres."

Personnellement, peut-être en raison de mon statut de francophone d'Amérique, je vois plutôt dans ce phénomène un signe de grande richesse et rayonnement de la langue française.

Bonne lecture à tous , ce n'est pas le choix qui manque!

NB Dans la même lignée, je lis dans le journal La Presse d'aujourd'hui que l'on annonce la parution dans quelques jours du nouveau roman du très talentueux franco-chinois Dai Sijie chez Gallimard (l'auteur de Balzac et la petite tailleuse chinoise).

samedi, janvier 13, 2007

Écouter la nouvelle musique

Savez-vous comment découvrir de nouveaux groupes musicaux, de nouveaux sons? En fait comment ne pas s'enliser dans une culture guimauve que les chaînes radio commerciales nous offrent? Ça prend un peu de volonté mais il le faut, sinon nous deviendrons tous complètement déconnecté des nouvelles vibrations artistiques. Évitez de devenir des momies culturelles alors que n'en sommes même pas au milieu de nos vies.

Ne vous méprenez pas sur mon compte, comme tout le monde j'ai des goût musicaux variés qui reflètent mes goûts hétéroclites et mes expériences de vie comme l'indique mon profil. Mais je crois que tout cela doit continuer d'évoluer.

Pour ce faire, il y a bien sûr quelques blogues (entre autres les baladodiffusions de P45 ), les radios universitaires mais il ne faut pas oublier l'émission Bandeapart de Radio-Canada.

Voici un site web à découvrir! Une superbe initiative de la SRC (Société Radio-Canada) qui a pour but d'encourager la scène locale (underground) de chez nous. Ils offrent un palmarès interactif qui permet de découvrir les 10 meilleures chansons underground de l'heure. Également, des podcasts de leurs émissions, pour ceux qui n'ont pas toujours la radio à disposition, une bibliothèque musicale impressionnante tout à fait gratuite et de centaines de vidéoclips à voir et à revoir.

Et puis un jour certains de ces artistes tournent sur des stations comme Radio Énergie, CKOI ou des radios commerciales moins convenues : André, Vulgaires Machins, Les Breastfeeders, WD-40, Anonymus, DobaCaracol, Malajube tout dernièrement et j'en passe! Par exemple DobaCaracol a performé au Live 8, un spectacle d’une ampleur phénoménale qui se déroule simultanément dans 8 grandes villes du monde, dont Berlin, Montréal et Londres. Parmi les artistes du Live 8 figuraient Green Day, Neil Young, Pink Floyd, Simple Plan et quelques dizaines d’autres groupes. Ceci représente l’importance d’encourager la musique de chez nous par le biais de sites comme BANDEAPART.fm.

La fréquence radio de BAP est le 100.7 fm (radio musicale de Radio-Canada)

Merci BANDEAPART !

samedi, janvier 06, 2007

5 choses que vous ne savez pas sur moi

Depuis un certain nombre de semaines, la blogosphère réagit à un jeu de Tag qui veut en effet que lorsque l’on est tagué, l’on doive dévoiler 5 choses non encore révélées sur nous, et taguer cinq autres blogueurs à notre tour.

Bon! C'est à mon tour d'être "tagué" par Philippe Martin. Voici donc mes 5 "révélations":

1) Je suis un grand fan de Louis de Funès que j'écoute en boucle les nuits d'insomnie, surtout la série sur les gendarmes;
2) Je suis un passionné de hockey, ayant été un joueur médiocre durant mon enfance, je transcende le tout en suivant maladivement le Club de hockey "Les Canadiens" de Montréal. En corollaire, j'écoute les lignes ouvertes de sports à la radio. Je suis un fan de Ron Fournier, animateur sportif à CKAC. Mon fantasme ultime est d'appeler un jour mais je n'ose pas;
3) Je suis un gambler, j'adore surtout le Black Jack et la Roulette;
4) Adolescent, je suivais partout le groupe folklorique québécois "Breton-Cyr";
5) J'aime danser sur la musique des années 80 surtout celle de Michael Jackson et des Jackson 5.

Et voilà, je passe maintenant la "puck" à des internautes français que j'estime: la Fille à la perle malheureusement peu présente sur son blogue récemment, les Toiles filantes, Catherine Kintzler, Martine Geronimi et Jean-Michel Salaün

lundi, janvier 01, 2007

Noël (1942) de Stalingrad

J'ai passé un beau Noël avec ma famille le 24 décembre. Mais une fois tout mon beau monde parti, je n'arrivais plus à dormir. C'est fou mais je pensais au chapitre du roman Les Bienveillantes que Jonathan Littell consacre à la bataille de Stalingrad autour de Noël 1942.

Si le début de ce roman évoquait le cauchemar abominablement singulier des Einsatzgruppen massacrant les juifs à l'été 1941 en Ukraine, le chapitre nommé "courante" décrit l'horreur ordinaire de la guerre à travers ce tournant que fut l'affrontement réel de l'armée rouge et de la Wehrmacht dans la Ville de Stalingrad. Des combats acharnés dans les usines, les immeubles, les rues d'une ville fantôme, opposèrent des soldats affamés et couverts de vermine. Je vous recopie le texte de Littell qui continue de me poursuivre:

"Les hommes avaient le visage hâve, jaune, mangé par la barbe, ils gardaient leurs poings fourrés dans leurs poches, et traînaient des bottes emballées de haillons ou empaquetées dans d'énormes galoches en paille tressée, fort encombrantes. Ça et là , dans un wagon ou sur la voie, se détachait un cadavre gelé, de nationalité indistincte (...). Au fond du ravin, sur un billot de bois, deux soldats équarrissaient à coups de hache un cheval gelé; les morceaux, tranchés au hasard, étaient jetés dans une marmite où chauffait de l'eau. (...) Le matériel détruit encombrait les ruelles, des chars, des véhicules d'assaut, des pièces d'artillerie soviétique, les nôtres aussi."

"(...) Chaque pièce, sombre, aux fenêtres bouchées tant bien que mal par des planches, des briques empilées sans mortier et des couvertures, abritait un groupe de soldats. La plupart dormaient, serrés les uns contre les autres, parfois à plusieurs sous une couverture. Les haleines formaient des petits nuages de condensation. Il régnait une odeur épouvantable, une puanteur faite de toutes les sécrétions du corps humain, où dominaient l'urine et l'odeur douceâtre de la diarrhée."

" (...) Derrière lui, au mur, on avait fixé de pauvres décorations de Noël: des guirlandes en papier journal autour d'un arbre dessiné au charbon à même le mur, des étoiles découpées dans du fer blanc, et d'autres produits de l'ingéniosité des soldats. Il y avait aussi un grand et beau dessin de la crèche: mais plutôt que dans une étable, la scène était représentée dans une maison détruite, au milieu des ruines calcinées."

Le 2 février 1943, la 6 ème armée du général allemand Paulus capitula. En terme de vies humaines, environ 850 000 soldats allemands ainsi que 750 000 russes trouvèrent la mort, sans compter le nombre toujours inconnu de civils tués, ni celui encore plus élevé des blessés. Cette bataille débuta le 21 août 1942 et prit fin le 2 février 1943.

Source des extraits: Jonathan Littell. Les Bienveillantes. Gallimard. P. 335 à 339