dimanche, janvier 14, 2007

La littérature francophone s'éclate

Je m'inspire ici des propos du magnifique blogue de Gwenaëlle Sartre sur la situation de la littérature francophone. Il est assez étonnant effectivement de constater le nouveau phénomène des écrivains à succès en France, qui écrivent directement en français mais ne sont pas de langue maternelle française.

En effet, en 2006, l'attribution de trois prix littéraires des plus prestigieux ont été donnée à:

1) l'Américain Jonathan Littell (Prix Goncourt et Grand Prix du roman de l'Académie française) pour son roman Les Bienveillantes, dont je viens de finir la lecture à la fois enivrante et obsédante malgré les doutes de certaines de mes lecteurs...;
2) la Canadienne-anglaise (de Calgary) Nancy Huston (Prix Femina) pour son roman Lignes de failles -voir aussi ma considération sur ce blogue pour un autre de ses romans;
3) au Congolais Alain Mabanckou (Prix Renaudot) pour son roman Mémoires de porc-épic ;
4) et c'est sans parler du russe Andreï Makine qui a gagné son lot de prix littéraire prestigieux au cours des dernières années. Je lis en ce moment son dernier roman, L'amour humain, qui est un livre puissant sur la beauté de l'homme digne, capable encore d'amour et d'émerveillement, au milieu du carnage et de la perte de sens. Un des grands écrivains francophones d'un style que j'adore que l'on pourrait qualifier de néo-classique. J'en reparlerai.

Pour certains européens ces faits sont un signe d'une France littéraire en perte de vitesse, cette citation de Jean-Louis Kuffer dans le quotidien 24 heures (Suisse) est très révélatrice:

"Les ténors de la littérature mondiale actuelle ne sont pas français mais le plus souvent issus de pays où de grands chocs suscitent des oeuvres fortes. (...) Bernard Pivot s'est félicité, en présence d'Alain Mabanckou qu'il a défendu dès ses débuts, de l'enrichissement de la littérature française par ses périphéries. Reste à constater que lesdites périphéries pourraient bien devenir centrales, au dam d'écrivains français de France qui continuent de se considérer comme le nombril de la République des lettres."

Personnellement, peut-être en raison de mon statut de francophone d'Amérique, je vois plutôt dans ce phénomène un signe de grande richesse et rayonnement de la langue française.

Bonne lecture à tous , ce n'est pas le choix qui manque!

NB Dans la même lignée, je lis dans le journal La Presse d'aujourd'hui que l'on annonce la parution dans quelques jours du nouveau roman du très talentueux franco-chinois Dai Sijie chez Gallimard (l'auteur de Balzac et la petite tailleuse chinoise).

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