dimanche, janvier 21, 2007

Un Don Juan mêlé au TNM...

J'aime le théâtre classique. Mais le revisité, celui qui allie l'ancien et le moderne comme pour montrer que certains thèmes transcendent les siècles et peuvent encore nous toucher. À Montréal, le Théâtre du nouveau monde (TNM) joue très bien ce rôle. J'avais donc hâte d'assister à la première de Don Juan de Molière (jeudi dernier). Après avoir été présenté en anglais et en français au Festival de Stratford, en Ontario, l'été dernier, le Don Juan de mon amie Lorraine Pintal prend maintenant l'affiche au TNM. Entre les deux productions, une différence importante: James Hyndman succède à Colm Feore dans le rôle-titre. Ce rôle principal au comédien vedette de la télé-série "Rumeurs" a attiré tous les feux médiatiques depuis 2 semaines.

On dit que Don Juan est sans doute le personnage de Molière le plus complexe, du moins le plus énigmatique. Il semble traverser la vie avec une faim inassouvie, une soif de conquête toujours renouvelée qui le mènera à sa perte. Libertin de moeurs et de pensées, Don Juan, dont la seule croyance est que « deux et deux font quatre », s'attire la condamnation du ciel pour ses mauvaises moeurs et son absence de remords.

Molière allie dans cette pièce un côté sombre, le destin tragique de Don Juan, à la farce bouffonne, aux gags gestuels et au comique verbal qui prennent le visage de Sganarelle (Benoît Brière, imbattable dans ce registre), le valet poltron et principal témoin des conquêtes de Don Juan.

Si Brière est plus qu'efficace dans ce rôle qui lui va comme un gant, on ne peut pas en dire de même pour le choix du Don Juan, c'est-à-dire James Hyndman.

Ce dernier, malgré sa stature et un charisme certain, n'arrive pas à imposer complètement son Don Juan. Il semble hésiter entre un flegme amusé, une supériorité parfois grossière et une témérité maladroite. Sa rébellion paraît incertaine et dictée par des coups de tête. Disons donc que, déployés dans le décor sobre et magnifique du TNM, James Hyndman me semblait bien mêlé lors de cette première.

Je note cependant la brillante (mais courte) prestation de Claude Laroche (M. Dimanche, un créancier) qui se démarque nettement dans cette distribution. Je crois que je voyais jeudi dernier ma 4e versions à vie de Don juan (dont 3 au TNM), et je tiens à souligner l'exceptionnelle scénographie, surtout pour les apparitions de l'au-delà du mystérieux Commandeur, par qui Don Juan rencontrera son funeste destin.

En conclusion, de loin mon meilleur Don Juan en ce qui concerne la mise-en-scène, la scénographie et le jeu de Sganarelle (Benoît Brière), mais aussi de loin la plus décevante interprétation du personnage principal, Don Juan...

NB En mai prochain, l'Opéra de Montréal, produit le Don Giovanni de Mozart. L'oeuvre de Mozart est inspiré grandement du Don Juan de Molière. À ne pas manquer!

NNB Pour mieux comprendre cette pièce de Molière, je ne saurai trop vous conseiller la lecture du chapitre premier du livre de Thierry Hentsch, Le temps aboli. "Don Juan, L'amour scélérat." p.13 à 29.

1 commentaire:

La Franglaise a dit...

J'aime bien l'analyse de Don Juan (autant l'opéra de Mozart que la pièce de Molière) que Kierkegaard a écrite et incluse dans Either/Or.

De quoi fasciner sur un personnage utilisé et ré-utilisé...