dimanche, décembre 26, 2004

L'ange de Paris...

J'ai fait un arrêt à Paris il y a 3 mois (de retour de mon voyage d'Égypte) essentiellement pour voir un tableau de Delacroix. Dans cette église, l'auteur affirmait que la lumière automnale était idéale pour apprécier cette peinture du XIXe. Ce 1er octobre 2004, en début d'après-midi, le soleil faisait miroité "La Lutte avec l'ange" et j'étais émerveillé...
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J'ai lu (en 2002 je crois) un livre qui m'a boulversé, la "Lutte avec l'ange" de Jean-Paul Kaufmann.

Ce livre essai personnel/quête part d'une fascination de Kaufmann pour une peinture de Delacroix (La lutte avec l'ange) peinte sur les murailles de l'église Saint-Sulpice. L'oeuvre reprend un épisode de l'Ancien testament lorsque Jacob lutte avec un Ange (?--pas évident si c'était un ange!) avant d'aller rencontrer Esaü (au prix d'une infirmité qu'il gardera toute sa vie). Prétexte pour rencontrer Delacroix à la fin de sa vie (la lutte avec l'ange étant sa dernière oeuvre majeure), son époque (le 19e siècle), l'église St-Sulpice--que je n'avais jamais visité encore--, les concerts d'orgues de Mozart (Delacroix aimait peintre sur les airs de l'orgue de St-Sulpice), Baudelaire (un ami de Delacroix) et l'Ancien testament. C'est drôle, dans ma lecture personnelle de l'Ancien testament, je n'avais pas relevé ce passage de la Lutte avec l'Ange...je l'ai relu depuis ce temps plusieurs fois (Genèse XXXII, 23-33). Ce livre fût une révélation lumineuse pour moi. Voir critique ci-jointe que j'ai trouvé sur Internet.
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Le mystère Delacroix
par Armelle Godeluck
Lire, mai 2001

Kaufmann est ici au centre de sa quête autour d'une fresque d'une église: La lutte de Jacob avec l'Ange peinte à la fin de sa vie par Delacroix à Saint-Sulpice, dans le VIe arrondissement de Paris. Une peinture qui a coûté beaucoup de tourments à l'artiste. Il lui fallut cinq ans de réflexion entre la commande passée en 1849 et le début des travaux et sept autres années, avec bien des interruptions, pour mener l'oeuvre à son terme, en 1861. Le commissaire Kauffmann qui apprécie l'investigation à la Maigret et qui a gardé de sa fréquentation assidue de la Bible dans son enfance le goût de l'exégèse, opère par de circulaires travaux d'approche, flâneries sur les chemins de traverse, tous les sens enéveil. Il n'en finit plus d'escalader les tours et les toits de sa chère Saint-Sulpice, inachevée et menaçant ruine, d'en humer les parfums suris, de se perdre dans ses labyrinthes, de faire connaissance avec ses habitants, sacristain ou sculpteur, ou encore visiteur clandestin, comme ce funambule luttant avec l'ange un petit matin entre les deux tours... Il questionne l'historien d'art, la conférencière, le curé, une descendante de Delacroix, se plonge dans le Journal du peintre, erre sur les lieux qu'il a habités.Et que cherche au juste M. le commissaire? Les raisons pour lesquelles Delacroix a choisi le thème de La lutte de Jacob avec l'Ange et tant peiné sur cette fresque, la part de mystère qu'elle renferme, sans doute à l'origine de sa propre fascination. Sensible et humaniste, ce récit se fait entendre comme une voix qui appelle et rejoint celles du passé. Une voix qui chantonne en sourdine pour calmer l'inquiétude.

samedi, décembre 25, 2004

Je veux Proust pour Noël...

Je pense à Proust en ce jour de Noël. Peut-être parce que j'ai quelques heures pour moi ce matin et que je s'associe la réflexion sur le temps à cet auteur.

Les critiques ont écrit que le roman moderne contemporain commençait avec Marcel Proust au début du siècle.

Pourtant je ne l'ai jamais lu...même si à chaque fois que je vais dans une librairie mes yeux tombent sur "À la recherche du temps perdu". On dirait que je ne suis pas encore prêt; alors je lis SUR Proust et son époque (le Paris du début du XXe siècle). En ce sens, les lectures du Journal de l'abbé Mugnier ont été très passionnantes.

Cela est peut-être dû au fait que mon style de vie actuel est un peu loin du "caractère proustien" c.a.d. d'une certaine façon très contemplative, sensible (...et proustienne) de réfléchir sur soi, sur notre rapport au monde et sur les autres.

"Ce travail de l'artiste, de chercher à apercevoir sous la matière, sous de l'expérience, sous des mots, quelque chose de différent, c'est exactement le travail inverse de celui que, à chaque minute, quand nous vivons détourné de nous-même, l'amour-propre, la passion, l'intelligence, et l'habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher entièrement, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie ». (Le Temps retrouvé)

"À la recherche..." est le genre de livre que je devrais avoir sur le dessus de ma pile de livre et qui attendrait son moment; une période de ma vie avec du temps perdu afin que je pénètre tranquillement cet univers...peut-être un autre Noël...

Petit résumé trouvé sur Internet
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La notion de Temps est centrale chez Proust et il en modifie profondément la conception à la fois objective et subjective. En rompant avec la notion d'intrigue, l'écrivain devient celui qui cherche à rendre la vérité de l'âme. La composition de La Recherche en témoigne: les thèmes tournent selon un plan musical et un jeu de correspondances qui s'apparentent à la poésie. Proust voulait saisir la vie en mouvement, sans autre ordre que celui des fluctuations de la mémoire affective. Il nous laisse des portraits uniques, des lieux recréés, une réflexion sur l'amour et la jalousie, une image de la vie, de la déchéance et de l'art. Il nous laisse surtout un style composé de phrases très longues, pareilles à une respiration dans laquelle on « s'embarque ».

jeudi, décembre 23, 2004

Joyeux Noël

C'est drôle de souhaiter Joyeux Noël à personne ou presque puisque j'écris un blogue pour le plaisir de voir évoluer mes idées dans un nouveau médium électronique sans penser qu'il y aura de futurs lecteurs.

Mon rapport à Noël est (comme tout le monde peut-être) ambivalent.

J'aime: Être dans un "mood" plus familial, les flocons scintillants dans la rue, l'énergie des fêtes au centre-ville ces jours-ci, les décorations de Noël sur les édifices, le rythme du bureau qui ralentit, les cartes de Noël (j'adore en écrire et en recevoir), donner un cadeau qui fait plaisir, les crèches de Noël...

Je n'aime pas: La pluie à Montréal le 22 décembre, les pentes de ski, la frénésie commerciale, recevoir des cartes de Noël électronique d'une entreprise (y faut-tu être radin...!!), ceux qui croit réellement aux résolutions...

Pour tout ça, je souhaite à tout le monde un Joyeux Noël et une bonne année...

dimanche, décembre 05, 2004

Mon blogue...

Tous les gens qui me connaissent un peu savent que j'ai plusieurs passions dans la vie et que trois sujet m'interpellent plus directement: à savoir l'histoire et plus particulièrement l'antiquité greco-romaine, les manifestations de l'art contemporain et de la culture numérique et bien-sûr...Montréal.

Ce blogue tentera de cheminer à travers ces trois passions intellectuelles. C'est bien-sûr nouveau pour moi, je cheminerai donc modestement par cette page parcellaire et incomplète.

1) Mon rapport à l'ancien

Vous savez le premier regard critique de l'Occident de son rapport au passé, soit la fameuse querelle entre l'ancien et le nouveau, commence avec la publication en quatre volumes entre 1688 et 1697 de "Parallèle des Anciens et des Modernes" de Charles Perrault. En fait, nous connaissons la date précise de cette première prise de conscience. En effet, la lecture publique du poème de Perrault "Le siècle de Louis le Grand" avait lancé la dispute un lundi de janvier 1687 lors de la séance du dictionnaire. En voici un extrait:

"La belle Antiquité fut toujours vénérable;
Mais je ne crus jamais qu'elle fût adorable.
Je vois les Anciens sans plier les genoux,
Ils sont grands, il est vrai, mais hommes comme nous...".

On savait la querelle européenne; on savait qu'elle permettait de suivre la pénétration d'une nouvelle appréhension de l'Histoire dans les sociétés occidentales, au fur et à mesure que s'éloignait la conception augustinienne d'une suite des temps inscrite dans la Création divine.

Un livre récent rappelle ce combat qui est pour moi toujours actuel même si un peu embrûmé. Il s'agit d'un livre de l'écrivain turc Levent Yilmaz.

Au long de sa promenade dans les textes, on rencontre des nains juchés sur les épaules des géants, Dante et Pétrarque, l'imitation et le dégoût de la nouveauté, la poésie comme maîtresse de vie et le proçès intenté aux fables... Une vraie fête de l'intelligence car l'auteur avance dans le maquis des références, débarrassé de toute prétention. Depuis, la modernité n'a cessé d'être querelleuse. Mais jamais elle n'a atteint en intensité la puissance décisive de la Querelle originelle du XVIIème siècle, celle qui fit basculer l'Occident dans un autre rapport à l'Histoire et à la chute de l'homme dans le temps, en critiquant la dévotion au passé.