lundi, janvier 01, 2007

Noël (1942) de Stalingrad

J'ai passé un beau Noël avec ma famille le 24 décembre. Mais une fois tout mon beau monde parti, je n'arrivais plus à dormir. C'est fou mais je pensais au chapitre du roman Les Bienveillantes que Jonathan Littell consacre à la bataille de Stalingrad autour de Noël 1942.

Si le début de ce roman évoquait le cauchemar abominablement singulier des Einsatzgruppen massacrant les juifs à l'été 1941 en Ukraine, le chapitre nommé "courante" décrit l'horreur ordinaire de la guerre à travers ce tournant que fut l'affrontement réel de l'armée rouge et de la Wehrmacht dans la Ville de Stalingrad. Des combats acharnés dans les usines, les immeubles, les rues d'une ville fantôme, opposèrent des soldats affamés et couverts de vermine. Je vous recopie le texte de Littell qui continue de me poursuivre:

"Les hommes avaient le visage hâve, jaune, mangé par la barbe, ils gardaient leurs poings fourrés dans leurs poches, et traînaient des bottes emballées de haillons ou empaquetées dans d'énormes galoches en paille tressée, fort encombrantes. Ça et là , dans un wagon ou sur la voie, se détachait un cadavre gelé, de nationalité indistincte (...). Au fond du ravin, sur un billot de bois, deux soldats équarrissaient à coups de hache un cheval gelé; les morceaux, tranchés au hasard, étaient jetés dans une marmite où chauffait de l'eau. (...) Le matériel détruit encombrait les ruelles, des chars, des véhicules d'assaut, des pièces d'artillerie soviétique, les nôtres aussi."

"(...) Chaque pièce, sombre, aux fenêtres bouchées tant bien que mal par des planches, des briques empilées sans mortier et des couvertures, abritait un groupe de soldats. La plupart dormaient, serrés les uns contre les autres, parfois à plusieurs sous une couverture. Les haleines formaient des petits nuages de condensation. Il régnait une odeur épouvantable, une puanteur faite de toutes les sécrétions du corps humain, où dominaient l'urine et l'odeur douceâtre de la diarrhée."

" (...) Derrière lui, au mur, on avait fixé de pauvres décorations de Noël: des guirlandes en papier journal autour d'un arbre dessiné au charbon à même le mur, des étoiles découpées dans du fer blanc, et d'autres produits de l'ingéniosité des soldats. Il y avait aussi un grand et beau dessin de la crèche: mais plutôt que dans une étable, la scène était représentée dans une maison détruite, au milieu des ruines calcinées."

Le 2 février 1943, la 6 ème armée du général allemand Paulus capitula. En terme de vies humaines, environ 850 000 soldats allemands ainsi que 750 000 russes trouvèrent la mort, sans compter le nombre toujours inconnu de civils tués, ni celui encore plus élevé des blessés. Cette bataille débuta le 21 août 1942 et prit fin le 2 février 1943.

Source des extraits: Jonathan Littell. Les Bienveillantes. Gallimard. P. 335 à 339

3 commentaires:

Anonyme a dit...

J'ai reçu le livre (la brique !!) en cadeau à Noel. Assez saisissant mais je ne suis qu'au début. A propos de Stalingrad, le film « enemy at the gate » de JJ Anaud est assez fidèle à cette bataille qui a été le tournant de la guerre.

Le lecteur de romans russes a dit...

Merci Philippe,

Je vais essayer de me dénicher ce film; c'est un sujet (Stalingrad) qui m'intéresse beaucoup mais que je connais peu.

Comme tu as pu lire, j'ai répondu à ton appel du tag

A&M

Anonyme a dit...

A cette epoque la j'avais deja trois ans que le temps passe vite

Amicalement, Richard