samedi, août 12, 2006

Mes romans du XXe siècle: #3 Italo Calvino

Voici mon 3e billet de ma série de 25 textes relatant ma relation avec 25 romans du XXe siècle cette fois-ci avec un auteur italien foudroyant: Italo Calvino.

Ca fait un petit bout depuis mes deux premiers billets sur ce thème (sur Isaac Asimov et Victor-Lévy Beaulieu) mais mon blogue m'a interpellé vers d'autres cieux entre temps!

#3 L'Italo Calvino de ma co-locataire...

Dans une période trouble de ma vie, il y a très longtemps; j'ai eu une co-locataire bizarre mais attachante qui avait trois passions dans la vie: le pianiste Érik Satie ainsi que les écrivains Paul Léautaud et Italo Calvino (surtout son roman "Si par une nuit d’hiver un voyageur") . Ma co-locataire sortait rarement de l'app., entourées des oeuvres de ses trois artistes favoris. Elle avait un piano dans notre salon et ne jouait (presqu'uniquement) que du Satie.

Inévitablement, j'ai bien fini par côtoyer ses trois artistes (même si je n'ai pas encore lu Paul Léautaud). J'ai donc "visité" la première fois "Si par une nuit d’hiver un voyageur" d'Italo Calvino avec Satie en sourdine.

Les premières lignes du roman de Cavino m'ont tout de suite accrochées (et c'est bon signe!):

« Tu vas commencer le nouveau roman d'Italo Calvino, « Si par une nuit d’hiver un voyageur ». Détends-toi. Concentre-toi. Écarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t'entoure s'estomper dans le vague. La porte il vaut mieux la fermer; de l’autre côté la télévision est toujours allumée. »

Drôle d'entrée en matière n'est ce pas ? Le personnage principal de ce livre n’est autre que le lecteur.

« Ce n’est pas neuf ! » direz vous en repensant à cette série des livres dont vous êtes le héros! Mais ici le lecteur dont il s’agit n'est pas vous ou moi mais bien un lecteur fictif. Ça peut paraître déroutant au début, mais il suffit de quelques pages pour être pris dans ce roman diaboliquement bien écrit. Le lecteur fictif se plonge dans des lectures tout aussi imaginaires que lui et nous le suivons à travers celles-ci. Le problème est que chaque fois qu'il commence un livre, sa lecture doit s'interrompre pour diverses raisons dès que l'histoire est suffisamment développée pour titiller sa curiosité.

Dévoré par l'envie de lire la suite, il part a la recherche d’un autre exemplaire de l'œuvre en question mais chaque fois il tombe sur un livre différent dans lequel il se plonge avant d'être à nouveau interrompu. Au fil de l’histoire, le Lecteur va rencontrer une Lectrice qui a le même problème que lui. Ensemble, il vont partir à la recherche de ces romans qui leur échappent. Leur quête nous fera découvrir le monde du livre sous toutes ses coutures et aussi l'existence d'un mystérieux complot de falsification littéraire.

Succession de débuts d’histoire et évolution de la relation entre le Lecteur et la Lectrice. Frustrant de ne pas connaître la suite de tous ces débuts ? Oui et non car Calvino nous en donne les clés de compréhension. Vraiment prodigieux : ces débuts d’histoire sont comme des miroirs et Calvino s’en explique : « C’est mon image que je veux multiplier. Non point par narcissisme ou par mégalomanie, comme on pourrait trop facilement croire : au contraire, pour cacher, au milieu de tous ces doubles illusoires de moi-même, le vrai moi qui les fait se mouvoir. »

Le voyage que nous entreprenons commence donc lorsque le Lecteur achète le dernier roman d'Italo Calvino. Le Lecteur va donc se lancer dans la quête du texte original, oscillant entre réel et irréel, allant de pays en pays et de livre en livre. Il explorera le royaume du rêve et de la littérature. Mais il ne sera pas seul dans ce voyage, la Lectrice l'aidera et, ensemble, ils ne se limiteront pas à lire la fin de ce roman, ils l'écriront. Si par une nuit d'hiver un voyageur est un véritable chef-d'oeuvre, une invitation à l'aventure pour l'esprit et un des rares livres qui nous donne encore la possibilité de vivre avec passion notre récit.
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7 commentaires:

Anonyme a dit...

Contente de te relire, et particulièrement se retrouver la suite de cette suite de romans!
Ca donne envie de le lire! Et j'aime beaucoup la reproduction, les miroirs à l'infini qui représente autant de facettes derrière lesquelles on peut se cacher... j'ai l'impression d'avoir fait cela avec mes blogs...

Le lecteur de romans russes a dit...

Merci pour tes commentaires.

Effectivement, je joue aussi ce petit jeu de facettes, de personnages avec mon blogue.

Je devrais être un peu plus régulier dans ma série des romans du XXe s., en tout cas, je l'espère!

Anonyme a dit...

Merci pour ce texte sur Calvino.

C'est un roman très original qui mérite d'être lu par tout ceux qui s'intéresse à la littérature

Anonyme a dit...

Quel bon choix que Calvino!

Moi, j'ai adoré (du même auteur)"Pourquoi lire les classiques". Un livre essentiel sur la lecture. Il s'agit un livre-clé pour comprendre Calvino, ainsi que tout écrivain de fond parmis les modernes ou les "post-modernes"

Je cite Calvino: "Un classique est une oeuvre qui provoque sans cesse un nuage de discours critiques dont elle se débarrasse continuellement".

À lire!!

Anonyme a dit...

Bon, cher lecteur de l'Ancien et moderne, je dois avouer que j'ai été déçue de ce roman...

L'idée est intéressante mais elle a trop bien réussi avec moi: à me faire espérer une vraie histoire et à me frustrer toutes les 30 pages, l'auteur m'a perdue en chemin! Je n'avais pas besoin de tout ce travail intello compliqué pour savoir pourquoi j'aimais lire! Je me suis sentie balladée, sans repères... et j'ai surtout détesté le premier chapitre où il décrit ce qu'il fait en tant qu'auteur... Vous aimeriez vous qu'on vous explique à l'avance comment on va s'y prendre pour vous faire une énorme surprise? ou comment votre amoureux va vous demander en mariage? Si on explique trop, on perd la magie et ça n'a plus de sens... en tout cas, je n'ai pas trouvé grand plaisir à lire ce livre que j'ai traîné depuis 1 grosse semaine avant de le liquider pour passer à autre chose.

Je sais qu'il ne faut pas dévoiler l'intrigue mais là, quelques indices m'auraient été précieux pour entrer dans ce livre d'une façon différente: je me suis précipitée dedans sans précaution et je me suis cassée les dents dès le premier chapitre.


Futur lecteur : tente ta chance, mais sache que ce livre n'est pas comme les autres, chaque chapitre t'embarque ailleurs, il ne faut pas s'attendre à lire une seule histoire!

Anonyme a dit...

Bizarre comme les points de vue peuvent être différents..je n'irai donc pas dans le même sens que le commentaire précédent...

POur moi, l'idée du livre est vraiment très originale, et j'ai trouvé le livre très ingénieusement imaginé, complexe mais parfaitement maîtrisé, très bien écrit.

En gros, ça parle de lecteurs, d'un en particulier dont on lit les lectures en même temps que lui, mais qui, malheureusement, n'arrive pas à dépasser les premières pages! (parce que le livre finit fatalement par disparaître). Ces débuts de livres sont entourés par la vie du lecteur, sa quête des suites de livres, ainsi que par des réflexions sur la lecture. Ce n'est pas seulement un livre qui parle des lecteurs (et forcément, chacun s'y retrouve à un moment ou un autre car Italo Calvino n'épargne personne) mais un livre qui parle directement au lecteur (l'auteur utilise le "tu"), le livre est écrit pour lui! Du coup, parfois, les lignes se superposent exactement sur le lecteur (nous) lui-même (tout à l'heure je marchais dans la rue en lisant, et je lis dans le livre une phrase du genre "le lecteur lisait son roman en marchant dans la rue").

Un très bonne découverte que cet Italo Calvino! Merci de l'avoir suggéré

Le lecteur de romans russes a dit...

Merci de vos commentaires. Pour moi, Calvino est unique et original. Les niveaux d'écriture changent selon les "ré-orientations" du livre et cela il faut le faire!

Il a bonne place dans ma liste et mes souvenirs de lecteurs.