samedi, août 05, 2006

Eurêka! On a retrouvé Archimède hier!

Grâce aux nouvelles technologies, on pourra décoder une partie d'un texte d'Archimède qui a beaucoup voyagé...

On pense qu’Archimède, qui a vécu de 287 à 212 av. J.-C., a d’abord couché ses théorèmes mathématiques sur des rouleaux de papyrus. Pour éviter la perte de ce savoir, ces théorèmes ont probablement été copiés et recopiés sur papyrus jusqu’au IVe siècle après J.-C. environ –– lorsque le parchemin et le « livre » furent adoptés. Dès lors, ils ont vraisemblablement été copiés et recopiés sur parchemin. Le palimpseste d’Archimède contient les plus anciennes copies connues de ces théorèmes. Il intègre l’unique copie du Traité de la méthode et la seule copie originale en grec du Traité des corps flottants.

Ce manuscrit sur lequel les théorèmes ont été copiés au Xe siècle n’a pas survécu intact au millénaire qui a suivi; en effet, il a été gratté au XIIe siècle pour que le parchemin puisse être réutilisé. À cette époque, les pages du livre furent coupées et tournées, des prières furent inscrites sur le texte gratté et le livre fut relié dans un format plus petit. L’eucologe (ou livre de prières) ainsi obtenu constituait un volume important, et plus jamais on ne gratta ni n’écrivit sur ce parchemin.

Pendant les 600 ans suivants, le livre de prières fut probablement conservé au monastère de Mar Saba, en Terre Sainte (entre Bethléhem et la mer Morte, à l’emplacement actuel d’Israël), où l’utilisaient constamment les moines. Il fut retiré de ce monastère au milieu du XIXe siècle et aboutit éventuellement à Constantinople (Istanbul). En 1906, le philologue danois Johan Ludwig Heiberg découvrit qu’il contenait les théorèmes d’Archimède et les transcrivit en utilisant une loupe (même si une partie du texte était dissimulée par la reliure). De 1930 à 1998, le livre de prières est demeuré dans une collection privée à Paris, jusqu’à ce qu’un acheteur anonyme s’en porte acquéreur pour deux millions de dollars.

Le nouvel acquéreur a accepté que le manuscrit soit restauré et que les spécialistes d’Archimède puissent y avoir accès pour en effectuer la transcription. Toutefois, il a d’abord fallu le défaire, tâche confiée ainsi que le traitement de restauration, au Walters Art Museum de Baltimore (Maryland).

Une équipe de scientifiques a donc été constituée pour dégager le texte d’Archimède, lequel était à peine visible. Pour ce faire, l’équipe a fait appel à l’imagerie UV, à la microscopie confocale et à plusieurs techniques ayant servi à obtenir des images satellites de la Terre.

L'expérience s'est déroulée à l'Université de Stanford, qui met à disposition son synchrotron, un accélérateur de particules qui fait office de "super-microscope". La technique utilisée est celle de la fluorescence d'ultraviolets qui fait ressortir les textes originaux en faisant "briller" le fer contenu dans l'encre du Xe s. (lire "Quand la technologie donne des couleurs aux statues grecques").

Pas simple comme procédé puisque le texte est dans un très mauvais état. En effet, au cours de sa vie, le palimpseste a survécu à un incendie (attesté par ses bords carbonisés), a été la proie d’un grave problème de moisissure et a été défait et relié à nouveau au moyen d’un adhésif moderne.

Chaque page prend 12 heures à scanner, à l'aide de l'accélérateur de particules de l'université. Les scientifiques espèrent récupérer une quinzaine de pages en tout.

C'est vendredi le 4 août (soit hier!) qu'a été présenté en temps réel la première page d'un texte caché d'Archimède; soit dans la nuit à 23h GMT (cad hier, vendredi à 18h00, heure de Montréal). On a donc pu assiter à la retransmission en direct sur le web de cette mise au jour du texte d'Archimède.

Le texte nouvellement révélé a déjà fourni aux spécialistes d’Archimède des renseignements nouveaux sur ce grand mathématicien et physicien. Par exemple, une page contenant une partie du Traité de la méthode qui porte sur les théorèmes mécaniques indique qu’Archimède connaissait et utilisait le calcul intégral 2000 ans avant qu’on attribue cette découverte à Newton. Qui sait quelles autres découvertes nous réserve ce texte?

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