dimanche, octobre 21, 2007

Jacques Grand'Maison : un maître à penser

Je suis curieux intellectuellement et j'ai lu pas mal d'affaires. J'en n'ai aucun mérite, j'aime ça. Sur de longues années: des bouttes de philosophes grecs (Socrate), de romans songés (Kundera, Ricard), des essais d'intellectuels de bien pensants d'aujourd'hui (Charles Taylor, Michel Foucault, Thierry Hentsch). Mais un des intellectuels auquel je m'identifie le plus, qui me touche le plus je dirais, est le théologien montréalais Jacques Grand'Maison.

Prêtre, théologien, sociologue et essayiste, Jacques Grand’Maison poursuit depuis 30 ans une réflexion unique sur l’évolution sociale et spirituelle du Québec moderne. Son œuvre, qui compte une quarantaine de titres jette, selon moi, un des regards les plus lucides sur les grands enjeux éthiques non seulement de la société québécoise mais de l'ensemble des occidentaux.

Je viens d'acheter ce qu'il annonce comme peut-être le dernier livre de sa vie : Pour un nouvel humanisme

Pour bien des gens l'humanisme est une affaire d'intellectuels. Or il n'en est rien. N'avons-nous pas un besoin fondamental de nous situer dans le monde et de mieux le comprendre pour y oeuvrer?

Faisant sienne cette conviction, Jacques Grand'Maison propose une réflexion stimulante qui risque de bousculer nombre d'idées reçues. Son projet est ambitieux: jeter les bases d'un nouvel humanisme capable de permettre un véritable «vivre ensemble» dans une société où se côtoient des gens d'origines et de cultures différentes, avec ou sans allégeance religieuse.

L'humanisme, affirme-t-il, est à renouveler à chaque époque pour raviver ses rôles libérateurs et civilisateurs. Mais ce serait dommage et même illusoire de penser qu'on peut y parvenir sans les riches patrimoines culturels et religieux de l'histoire.

Notre Révolution tranquille, explique-t-il, a été «marquée par une dynamique d'émancipation, de libération, de redéfinition identitaire, de nouveau projet de société» et elle «a donné un nouvel élan à la liberté, à la politique, à l'histoire à faire plutôt qu'à répéter». Grand'Maison se réjouit d'y avoir participé. Il constate à regret, toutefois, qu'elle se soit accompagnée d'une «rupture globale et abrupte de nos premières identités historiques».

Pour un nouvel humanisme part donc du constat que cette rupture insensée est la cause d'une «crise d'espérance» qui «mine notre tonus moral».


Son nouvel humanisme, il le trouve sur ce terrain dans les oeuvres d' Éric-Emmanuel Schmitt, qui évoquent, à leur manière, une transcendance nécessaire, c'est-à-dire la conviction que la bonté est plus profonde que le mal. Dans la foulée de Charles Taylor, Jacques Grand'Maison redit son attachement à une modernité fidèle à sa mémoire et, partant, soucieuse de l'avenir de l'homme. «Je suis de ceux, écrit Grand'Maison, qui souhaitent une nouvelle synergie du meilleur de la laïcité et du meilleur des sources historiques de la civilisation occidentale, dont le christianisme fait partie. Cela dit, dans le cadre de l'autonomie institutionnelle de ces deux sphères.»

Cette pensée est en complète symbiose avec la mienne...livre non pas à lire mais à chérir...

Pour un nouvel humanisme de Jacques Grand'Maison. Fides 2007 (208 p.)
Source: Le Devoir et Fides

1 commentaire:

Nathalie Lavoie a dit...

La réflexion de Grand'Maison me semble proche de celle de Basarab Nicolescu proposant le transhumanisme et l'attitude transreligieuse dans son essai sur la transdisciplinarité comme un questionnement basé sur la dignité de l'être humain, sa noblesse infinie.