"...Aujourd'hui, l'optimisme pâtit d'une mauvaise presse ; lorsqu'il ne passe pas pour de la bêtise, on le croit provoqué par l'absence de lucidité. Dans certains milieux, on va jusqu'à décerner un prime d'intelligence au nihiliste, à celui qui crache sur l'existence, au clown sinistre qui expire bof d'une manière profonde, au boudeur qui radote...de tout façon, ça va mal et ça finira mal...
On néglige que l'optimiste et le pessimiste partent d'un constat identique : la douleur, le mal, la précarité de notre vigueur, la brièveté de nos jours.
Tandis que le pessimiste consent à la mollesse, se rend complice du négatif, se noie sans résister, l'optimiste, par un coup de reins énergique, tente d'émerger, cherchant le chemin du salut. Revenir à la surface, ce n'est pas se révéler superficiel, mais remonter de profondeurs sombres pour se maintenir, sous le soleil de midi, d'une façon qui permet de respirer.
Non seulement je ne perçois pas l'intérêt pratique de la tristesse, mais je n'ai jamais compris l'avantage philosophique du pessimisme. Pourquoi soupirer si on a la force de savourer? Quel bénéfice à communiquer son découragement, refiler sa lâcheté, oui, quel gain pour soi ou pour les autres? Alors que nos corps transmettent la vie, faut-il que nos esprits procurent le contraire?"
Source: Eric-Emmanuel Schmitt, Ma vie avec Mozart, p. 65-66
mardi, avril 24, 2007
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2 commentaires:
La tristesse, et la détresse de l'âme sont des émotions légitimes réelles et non dépourvues d'une certaine noblesse.
La complaisance, c'est autre chose. Se vautrer dans la déprime et le pessimisme est, je vous l'accorde, la voie de la facilité et d'une certaine lâcheté. Si l'optimisme a parfois mauvaise presse, c'est que trop souvent, les gens qui le pratiquent s'en servent comme d'un bouclier qui les protège de certaines réalités trop dures ou confrontantes et les valide dans leur non implication , leur non action.
Compatir avec la douleur de l'humanité, n'est pas nécéssairement choisir la voie de la facilité.
Le but de cet extrait dans mon blogue est d'illustrer mon émotion générale face à la douleur de l'humanité. La compassion est aussi vive (que l'on soit pessimiste ou optimiste) pour les problèmes que l'on rencontrent mais l'optimiste a le sentiment très fort que l'on peut faire quelques choses de constructif pour améliorer les choses.
L'optimisme est synonyme de compassion...
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