dimanche, janvier 06, 2008

Macédoine de lecture

Durant les deux derniers mois, voyages en avion et vacances de Noël obligent; j'ai pu profiter d'un peu de temps libre pour mes lectures chéries. Voici un petit compte-rendu de mes dernières lectures pour vous inspirer (je l'espère!):

1) Cette histoire-là de l'italien Alessandro Baricco. Chez Gallimard (2007, pour la traduction française).

Je trouve personnellement que la beauté se décrie mieux avec une économie de mots. Ce roman est tout simplement une jubilation à l'état pur : brillant, étincelant, une mécanique romanesque aussi invisible qu'efficace, un style flamboyant, de grandioses pages au coeur des sentiments humains, et une finale fataliste, désabusée, mais accomplie.

Il y a bien-sûr des vies imbriquées et des histoires souvent vraies, comme le drame italien que fût la bataille de Caporetto. Aussi l'histoire de la révolution russe, des débuts de l'automobile en Europe, de la guerre, des Etats-unis de la grande dépression, de l'Europe des trente glorieuses. Mais ceci n'est que prétexte.... superbe littérature.


2) L'aube le soir ou la nuit de Yasmina Reza. Chez Flammarion (2007)

Mes amis français de Montréal n'aiment pas le politicien (et maintenant Président) français Nicolas Sarkozy. Moi, il me fascine comme bien des nord-américains. L'écrivaine française, d'origine d'Europe de l'est, Yasmina Reza a suivi Sarkozy presque comme son ombre dans tous ses déplacements y compris à l’étranger pendant un an. Elle nous est revenue avec une somme d’anecdotes et quelques tirades dont Sarkozy a le secret, mais qui une fois consommées m'a laissé un peu sur ma faim.

En fait, il s'agit d'un “portrait subjectif” de la belle plume d'Yasmina Reza, une verve légère qui s'aplatit cependant vers la fin du livre, comme pour s'éteindre avec l'élection de Sarkozy. Elle abuse parfois du discours libre et invente une sorte de héros romantique, un félin à l'ambition dévorante, une sorte de surhomme fascinant. La “littérature sert à s’élever au-dessus de sa condition”, dit si justement Nicolas Sarkozy... C’est par elle que naissent les mythes. L’exercice de style de Reza en est la preuve...


3) Un roman russe d'Emmanuel Carrière. Chez P.O.L. (2007)

Rough! Rien dans ce "roman autobiographique", si ce n'est ses "brosses" et ses nombreuses séances chez le psy, n'arrêtera l'écrivain dans sa quête obstinée de la vérité, qui tourne vite au jeu de massacre avec ses proches. Il y a quelque chose d'effrayant, de suicidaire dans cette autobiographie déflagrante dont on ne compte plus, au fil des pages, les victimes. Beau mais dur et triste!




4) L'enquête de Lucius Valérius Priscus de Christian Goudineau. Chez Actes Sud (2004)

Le chevalier romain Lucius Valérius Priscus est envoyé dans une région de la Gaule colonisée par Rome afin de démêler les raisons d'une révolte réprimée il y a peu.

On retrouve toutes les composantes d'un bon thriller : trahisons, secrets d'état, amours et rebondissements spectaculaires (jusqu'à la dernière page). Sans compter la plume de Christian Goudineau qui nous plonge, avec talent, au coeur de la vie d'une province romaine du 1er siècle après JC. Tout cela avec humour et dans un style littéraire des plus contemporains. Un must pour ceux qui aiment (comme moi!) les thrillers antiques...


5) Bourgault de Jean-François Nadeau. Chez Lux (2007) .

Je connais peu la vie de l'indépendantiste québécois Pierre Bourgault. En fait un peu comme tout le monde mais sans plus. Il s'agit d'un cadeau de Noël surprise puisque je n'avais jamais pensé lire la toute récente biographie de Bourgault. Très bonne biographie sur un être complexe, important pour le Québec et tiraillé par toutes sortes de démons intérieurs...



6) Un vrai roman : Mémoires par Philippe Sollers. Chez Plon 2007

Phillipe Sollers, romancier et intellectuel français, écrit de bien mauvaises Mémoires et je suis bien d'accord avec le critique du journal français Libération (Philippe Lançon) qui écrivait, sur ce livre:



"Mémorialiste de lui-même, Sollers est son propre exégète. Il explique sans fin ce qu’il a écrit, écrit, écrira, comme s’il n’était ni lu ni compris par personne, c’est d’ailleurs ce qu’il va répétant, et surtout pas par ceux qui le lisent. C’est qu’il veut être en avance sur toutes les interprétations qu’on pourrait donner de lui. Dès la première page, le titre est justifié : «Toute ma vie, on m’a reproché d’écrire des romans qui n’étaient pas de vrais romans. En voici enfin un. “Mais c’est de votre existence qu’il s’agit”, me dira-t-on. Sans doute, mais où est la différence ? Vous allez me l’expliquer, j’en suis sûr."


Passez sans vous arrêter...



7) Alabama Song de Gilles Roy. Chez Mercure de France (2007). Prix Goncourt 2007

Je connais peu la vie très difficile de l'écrivain américain Scott Fitzgerald (1896-1940) et de sa femme Zelda. En fait pas du tout avant de lire ce roman de Gilles Leroy. Mais l'angle du romancier français est originale puisqu'il se mets dans la peau de la femme de Scott, Zelda Sayre (Fitzgerald). Et cette Américaine - née en 1900, morte à quarante-sept ans - reprend vie.

Elle resplendit devant nos yeux, elle crie, elle s'insurge, elle devient folle, elle est pathétique et agaçante, géniale et déprimée. De plus, Leroy réussit à écrire le roman d'une relation passionnée et désastreuse, qui a produit le couple le plus célèbre de l'histoire littéraire: Zelda et Scott Fitzgerald, l'écrivain américain... En usant du «je» en lieu et place de Zelda, son roman devient plus puissant que la réalité. Alabama Song démontre, avec brio, la supériorité de la fiction sur le réel. Splendide écriture pour ceux qui n'ont pas peur des histoires d'amour mal parties et qui finissent mal, très mal...

1 commentaire:

Big Sista a dit...

Pour encore mieux connaître Zelda, personnage qui me fascine (tu ne t'en étonneras probablement pas), il faut lire "Save me the Waltz" écrit par elle-même.