vendredi, août 19, 2005

Journée de congé: Alexandre le Grand et Google...

Vendredi 19 août. Mes plans ont changé plusieurs fois depuis une semaine pour cette rare journée de congé et je me suis retrouvé sans projet précis en me levant ce matin. J'ai flâné un peu en matinée et par la suite je suis allé à la Grande Bibliothèque où je me suis retrouvé avec 4 livres sur Alexandre le Grand que j'ai feuilletés cet après-midi. Étonnant le culte d'Alexandre le Grand autant durant l'antiquité qu'au XIXe s. et dans la première moitié du XXe s. Les historiens et les philologues allemands ont fait une montagne d'études sur le sujet.

Cette lecture alexandrine me rappella mon voyage en Grèce de 2001. J'ai pu visiter le site de Vergina (en Macédoine-province au nord de la Grèce) où étaient enterrés les rois de Macédoine. On y trouva en 1977 une tombe inviolée que l'on s'accorde à considérer comme la tombe de Philippe II (le père d'Alexandre le Grand). Ce fût une visite qui m'avait émerveillée et émue...

Je me suis évadé de la nostalgie de ce voyage en écoutant un peu le golf à la TV puis je me suis mis à lire tout ce que j'ai trouvé sur le Net sur la question de la digitalisation des bibliothèques....c'est un sujet qui me fascine et j'ai quelques heures pour me faire une tête là-dessus. Youppi!! Je vous résume ce que j'en ai compris..

La bataille du livre sur Internet a donc commencé. Premier round: Décembre 2004- Lancement de Google Print , dont le but est de numériser et de mettre en ligne le maximum d'ouvrages détenus dans les bibliothèques partenaires du projet (essentiellement américains). Deuxième round: Avril 2005- à l'initiative de Jean-Noël Jeanneney, président de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), un projet européen de numérisation des livres, alternatif à Google Print commence à prendre forme…Troisième round: Cette semaine (le 16 août) Google prend une pause dans sa démarche devant la méfiance de la France (et des européens) et de plusieurs éditeurs américains.

Rappellons le projet Google:

1) L'objectif général ? Organiser l'information mondiale en mettant sur la Toile le maximum de textes édités, sans hiérarchie ni classement particulier. Comment ? En proposant aux bibliothèques (Google Print Library Project) ainsi qu'aux éditeurs (Google Print Publisher Program) de mettre en ligne leurs ouvrages papiers, intégralement ou partiellement, si ces derniers restent sous copyright.

2) Quelles bibliothèques ? Quatre d'entre elles ont jusqu'à présent adhéré au projet « Google Print » : les bibliothèques des universités américaines d'Harvard, du Michigan et de Stanford, la New York Public Library ainsi que la Bodleian Library qui est rattachée à l'université d'Oxford (Grande-Bretagne). Compte tenu des fonds des quatre bibliothèques, 15 millions de livres pourraient être numérisés, soit environ 4,5 milliards de pages Web, d'ici six ans. Cela représenterait plus de 2 millions de pages à numériser chaque jour ! Mais seulement 15 % des quelque 100 millions d'ouvrages publiés depuis l'invention de l'imprimerie (1455). Depuis janvier 2005, Google Print numériserait en moyenne 50 000 pages/jour, soit 40 fois moins que nécessaire…

3) Sous quelles conditions ? Les bibliothèques disposent d'un droit de veto sur la numérisation de certains ouvrages, et la possibilité offerte par Google de disposer de deux versions numériques : l'une pour le Web, accessible via Google Print, l'autre disponible pour le site de la bibliothèque !

4) Quel budget pour le « Google Print » ? Le coût du projet de numérisation est estimé entre 150 à 200 millions de dollars (soit environ 10 dollars par livre). Google n'a toutefois pas confirmé cette fourchette de coûts.

5) et du côté des éditeurs ? Ces derniers donnent au préalable leur accord sur la mise en ligne de leur ouvrage sous copyright (après 1923, selon la loi américaine). Après quoi, Google Print n'affiche pour l'internaute qu'un nombre limité de pages grâce à un système de cookies. Si aucun accord n'est obtenu avec l'éditeur, Google s'appuie sur la notion américaine de « Fair use » afin de proposer un « petit extrait » à l'internaute. Toujours gratuitement.

Donc, d'un côté les moteurs de recherche, qui derrière leur désignation à connotation technique, constituent un véritable “nouveau média”; les entreprises qui gèrent ce point de passage obligé des internautes sont de grandes structures capitalistiques, qui doivent en permanence élargir les services rendus aux utilisateurs ; accentuer leur présence boursière pour lever des capitaux permettant l’amélioration technique permanente ; financer les recherches par la publicité, en offrant aux annonceurs de nouvelles opportunités.

De l’autre, des bibliothèques numériques qui visent au contraire “à mettre en place des “collections” très catégorisées (les métadonnées de catalogage y occupent une place centrale) en offrant des accès (plus ou moins réservés en fonction des stratégies) à des ‘photocopies numériques’ des documents existants (écrit, image), ou à des reformatages utilisables sur le web des documents analogiques (son, vidéo).

Cette initiative de Google aura eu quand même du bon malgré les ratés de cette semaine. Sans avoir de boules de cristal, j'ai l'impression qu'un mode mixte va vraisemblablement émerger. Et alors nous aurons un phénomène de coopération entre les “bibliothèques numériques” qui offriront des accès limités et “moteurs de recherche” qui lanceront leurs robots pour explorer les rayons des bibliothèques numériques et intégrer leur contenu dans le flux médiatique qu’ils mettent en place... Dès qu’un document existe sous forme numérique, il va circuler, et finalement être retrouver et consulté suivant de multiples chemins d’accès. il va ête intégré dans de nouveaux documents (études, documents pédagogiques, autres créations, citations, ré-édition,…) et servir dans la constitution de nouveaux réseaux.

Qu'en penserait Alexandre le Grand? La bataille de l'empire n'est plus sur les champs de bataille mais bien au niveau de l'information et les plus agressifs et intelligents seront les vainqueurs...comme le fût Alexandre le Grand...mais je rappelle une des leçons de la vie tumultueuse du macédonien...N'oublie-t-on pas qu'Alexandre est mort à 33 ans d'épuisement après avoir conquis un territoire incroyablement nouveau...comme quoi même les plus grands génies peuvent être dépassé par l'ampleur de la tâche...

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