lundi, décembre 04, 2006

Les mots les moins lus

Je vous ai récemment entretenu d'art byzantin dans un billet sur les musées berlinois. Mes modestes recherches et lectures sur le sujet m'ont permis de tomber par hasard sur les écrits probablement les moins lus de l'histoire de l'humanité. Tiré d'un recueil byzantin (Constantinople) du tournant du 1er millénaire, le texte que je vous présente a été traduit en français en 1935 dans un tirage intime. Cela n'est d'aucune utilité mais tellement étrange, que j'ai le goût de les reproduire ici. Un regal pour les yeux:

"Les gens de la chambre revêtent seulement la tunique ainsi que les spatharobiculaires, les protospathaires eunuques revêtent leurs habits de parade complets et portent leur pique, les protospathaires à barbe portent leur spekion et leur épée, mais pas la pique. Les spatharocandidats, les spathaires, le corps des manglavites (...) marchent de chaque côté derrière le cortège. (...) L'empereur, précédé des dignitaires de la chambre, des patrices et des stratèges s'en va dans le triclinos dit du Danube. Les protospathaires à barbe et le drongaire de la Veille se tiennent de chaque côté de la porte. Les patrices et les stratèges avec le sénat tombent à terre. L'empereur fait alors un signe au préposite et ce dernier au maître des cérémonies qui dit : "S'il vous plaît" et tous acclament : "Nombreuses et bonnes années."

"Précédé par eux, l'empereur passe, le maître des cérémonies étant au milieu et se retournant à chaque marche vers l'empereur, il ouvre ses mains à l'intérieur de sa chlamyde et dit à l'empereur : "Avancez, Seigneur" faisant cela afin qu'au passage il ne manque pas la marche."

Les chronqiues byzantines sont assez incroyables et se caractérisent par leur extraordinaire volonté d'exhaustivité. Chaque geste, chaque mouvement, chaque position sont décrits avec une extrême minutie – par exemple on décrit en soixante-dix pages le cérémonial du grand tir de l'arc.

Ces chroniques sont tirées du Livre des cérémonies qui fut écrit vers 950 par Constantin VII Porphyrogénète ("né dans la pourpre", équivalent de notre "prince du sang"), devenu empereur à huit ans, en 913, et qui gouverna l'Empire byzantin de 944 à sa mort, en 959 après JC.

Source: Les Belles Lettres

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