vendredi, septembre 21, 2007

L'Iliade d'Homère à Montréal

Je viens de passer une semaine L'Iliade à Montréal. Homère m'a donc accompagné lundi soir dernier lors d'une conférence savante sur le sujet dans le cadre des Belles Soirées de l'Université de Montréal et mercredi soir au TMN pour voir la pièce "L'Iliade" mise-en-scène par Alexis Martin. L'Iliade, roman grec du VIIIe s. av JC., que j'ai lu plusieurs fois tellement cette oeuvre me touche, m'affecte même.

Parce que comme Alexis Martin, je crois que l'Iliade c'est aussi aujourd'hui à Montréal, sur avenue du Parc et dans ses cafés helléniques à l'abri des murailles du Mont-Royal. Je peux même imaginer Achille vivant retranché dans le quartier montréalais du Mile End, boudant Agamemnon parce qu'il lui a ravi la belle Briséis.

Mais de toute façon, peu importe le décor, la déconfiture s'ensuivra. Et quand Zeus dormira, séduit par Héra avec la complicité involontaire d'Aphrodite, Hector sera évincé du combat. Déesses d'hier, émules modernes des tromperies et des ridicules réunis.

Montréal et le TNM m'offrent ce retour aux sources et nous fait une offrande divine. Voyez Zeus, attablé, sirotant son ouzo et grignotant ses olives. Habillé comme un mafioso avec ses lunettes fumées, il joue et déjoue avec les hommes. Agamemnon, pompeux et caricatural, se sert de Mélénas impudemment pour assouvir sa soif de pouvoir.

Achille (servi par un François Papineau extraordinaire) qui s'émeut sur le corps de son cousin Patrocle mort au combat à sa place demeure le plus fort moment de la pièce, car la douleur traverse la salle et atteint nos coeurs malgré nos étourderies puérils et nos débiles rancunes.

La narratrice nous sortira-t-elle de ce bourbier? N'y comptez pas. Les héros resteront seuls à répéter les mêmes erreurs à la manière d'Achille répondant à la supplique d'Hector de rendre son corps aux Troyens: «Pas de prière de toi à moi, chien. » Pour ensuite se morfondre quand Priam tendra la main au meurtrier de son fils et lui implorera son corps.

Tel est le destin scellé d'un ménage à Troie...

L'Iliade à lire (et maintenant à voir au théâtre) pour mieux se connaître soi-même.

Dépouillé et pourtant riche; magnifique et pourtant subtile; lyrique et pourtant étouffé. À portée de main nue. Ne craignez pas le TNM et ce cadeau expérimental malgré une fin déconcertante.

1 commentaire:

Unknown a dit...

"Tel est le destin scellé d'un ménage à Troie..."

Ouaou ! C'est fort comme jeu de mot, ça ! Bravo !