lundi, septembre 10, 2007

On a retrouvé le centre du monde!!

Longtemps, pendant peut-être 1000 ans, le centre du monde était connu et reconnu par tous: il se situait à Delphes au coeur de la Grèce continentale. On y retrouvait le sanctuaire grec le plus vénéré de toute la méditerranée. La colonne des danseuses de Delphes était considérée alors comme le point précis du centre de l'univers.

Érigée sur le site du sanctuaire d’Apollon à Delphes, la colonne des danseuses fut découverte en 1894, par des chercheurs de l’École française d’Athènes, sous la forme de plus de 260 fragments. Composée d’une colonne corinthienne et d’un groupe sculpté de trois figures féminines, il s’agit là de la plus haute colonne votive de la Grèce antique -14 mètres- et la première à présenter un chapiteau à feuilles d’acanthe. Conservée au musée de Delphes, elle continue de présenter des difficultés d’interprétation du fait de son morcellement.


Depuis 1993, Jean-Luc Martinez, ancien membre de l’Ecole française d’Athènes et conservateur au musée du Louvre, travaille sur la colonne des danseuses. Il étudie l’hypothèse émise par Pierre Amandry, selon laquelle la colonne était surmontée d’un omphalos, pierre blanche qui selon les Anciens marquait le centre du monde. Cette pierre en marbre taillé en forme de demi-oeuf a été retrouvée sur le site du sanctuaire. À sa demande, les équipes de recherche d’Électricité de France (EDF) ont travaillé à la mise au point d’une méthode de traitement en trois dimensions, avec pour objectif le remontage du monument destiné à vérifier les hypothèses des archéologues.




Ce travail a ensuite été complété par sa restitution à l’état originel afin de l’inscrire dans le paysage delphique.

La reconstitution virtuelle : Les 34 fragments de la colonne qui n’avaient pas encore été raccordés furent remontés virtuellement après plus de 600 heures de travail dans les laboratoires d’EDF Recherche et Développement, grâce à un logiciel de traitement de mesures laser destiné à l’origine à préparer les opérations de maintenance dans les centrales nucléaires. La grande nouveauté de cet outil, utilisé par les ingénieurs d’EDF, est sa capacité à traiter des centaines de millions de points en 3D. Il autorise ainsi toutes les vues et manipulations des fragments et de leur remontage.

La seconde étape fut le calcul des maillages issus des points, grâce à une collaboration exemplaire entre entre plusieurs institutions françaises. Les maillages furent alors habillés d’un ombrage faisant ressortir tous les détails. Les images destinées à la publication scientifique pouvaient alors être produites.

La troisième étape fut la restitution de la colonne au plus proche de son état originel. Des étudiants ont travaillé sur la modélisation des parties de l’édifice partiellement ou entièrement détruites, à partir des points 3D d’EDF Recherche et Développement, sous la direction de l’archéologue pour exploiter des similitudes avec des statues du Louvre. Ces illustrations permettent au public de prendre conscience de la colonne intégrale.

Formidable aventure humaine et scientifique, ce projet constitue une première technologique et une prouesse technique qui inscrit le projet à la pointe de la recherche scientifique mondiale. Il jette les bases d’une toute nouvelle méthodologie mise au service de la prospection archéologique. On pourra donc bientôt à nouveau contempler le centre du monde...

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