jeudi, août 23, 2007

La musique de Glenn Gould ressuscitée

Je viens de faire une belle découverte: le tout nouveau CD des Variations Golberg (Jean-Sébastien Bach) interprétées par le pianiste canadien Glen Gould. (1932-1982). C'est ce que j'écoute en écrivant ce billet.

Publié en 1956, l'enregistrement des Variations Goldberg, par Glenn Gould , est immédiatement devenu l'une des meilleures ventes de la CBS.

Les critiques de l'époque ont louangé le jeu nouveau de Gould. On a écrit qu'il s'agissait d'une effervescence rythmique jubilatoire très rock'n'roll, d'une clarté qui éclaire la polyphonie complexe des variations composées par Jean-Sébastien Bach d'une nouvelle lumière. Je ne suis pas un expert, mais, à l'écoute, les Variations sont très belles, chaque note joliment détachée je dirais et l'ensemble émouvant.

Gould lui-même, âgé alors de 23-24 ans, détonnait un brin par sa tête d'adolescent attardé et rigolard, son attachement à un vieux piano fatigué et par une forte personnalité. Elle ne tardera pas à faire naître une légende qui rejaillira sur la façon dont le public écoutera les concerts du pianiste., surtout au canada-anglais. Par la suite, Gleen Gould se fit rare au piano ce qui augmentait encore plus la réputation de l'interprétation de 1955.

Rééditées en microsillon des dizaines de fois, reprises en CD à leur tour réédités, les Variations Goldberg enregistrées en 1955 continuent de se vendre, bien qu'elles souffrent d'un son monochrone lié aux anciennes technologies. Un ACV fauchait Gould en 1982.

Reste que ces vieilles Goldberg, coup de génie d'un jeune homme encore libre, appartiennent à la légende... et restent préférées de bien des mélomanes. Mais elles sonnent mal à cause de la qualité de l'enregistrement.

Plutôt que de nettoyer la bande de ses défauts, la firme Zenph Studios, a eu l'idée de l'analyser à l'aide d'un logiciel pour le rapprocher informatiquement des paramètres du jeu de piano (vitesse de frappe des marteaux, jeu de pédales, etc.). Par la suite (je vous saute des étapes), Zenph a réalisé un fichier qui a été placé dans le lecteur d'un ordinateur commandant un mécanisme sophistiqué actionnant les touches et les pédales d'un grand piano à queue de concert... qui a été enregistré en 2006 dans le studio où Gould avait réalisé son disque en 1955.





Plein de raisons nous faisaient penser que, pour sophistiqué qu'il soit, ce piano "mécanique expressif" ne reproduirait pas le jeu de Gould dans la plénitude de l'infiniment petit de ses plus infimes nuances. Et voilà que tous s'entendent pour dire qu'il n'en est rien. Mieux, la perfection sonore de cette recréation décuple l'effervescence rythmique du jeu du pianiste, donne aux voix de la polyphonie une indépendance fascinante et euphorisante.

Fait étonnant, le CD comporte deux enregistrements, dont l'un, spécialement conçu pour l'écoute au casque, met l'auditeur sur la banquette du pianiste.

Une merveille quoi, de l'alliance entre l'ancien et le moderne...


Source: Le livret du CD, mes oreilles et Alain Lompech. Le Monde (édition du 16.08.07).

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