mercredi, mai 17, 2006

Jean Ferrat

La vie est une grande boucle disait Malraux je crois.

J'ai toujours fait de drôles de rencontres. Par exemple, à l'Université, je m'étais intégré au sein d'un bizarre de groupe. 7 gars qui se rassemblaient en soirée pour écouter essentiellement ce qui n'avait déjà plus court au milieu des années 80: la musique française des années 50 et 60. Alors brassés entre les vagues disco et nationaliste; nous écoutions Reggiani!!

À cause de l'influence du leader du groupe, chaque membre du groupe (tous des gars québécois) avait adopté un chansonnier français et le défendait comme un étendard.

Pascal, le meneur du groupe, s'était approprié Jacques Brel (évidemment) . Mais il y avait aussi Jack (Boris Vian), Marc-André (George Brassens) , JF (Charles Aznavour), Charles (Léo Ferré), et Daniel (Serge Reggiani). Aucune fille dans le groupe, les filles ne s'intéressaient pas à la musique française. Personne pour défendre Piaf ou Barbara!

Le CEGEP m'ayant retenu un peu trop longtemps dans la léthargie, je commençais l'université une session en retard. Les chansonniers les plus connus étaient déjà pris. De toute façon, je n'y connaissais à peu près rien; je ne voulais que rentrer dans un groupe. Je croyais que Madeleine (de Jacques Brel) avait été écrite par Joël Denis!! L'enfance vide de la banlieue montréalaise me rattrapait.

Et comme Pascal avait une vague sympathie pour Ferrat, j'en héritais...

Jean Ferrat, pas Jean Ferrat! Ma mère écoutait sans fin "La Montagne" sur notre vieux pick-up et on l'entendait à CKAC le matin! (Mon dieu! que Ferrat est kétaine). Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour être aimé.

Je me mis à l'écoute des "7" en apprenant en plus, par coeur, les tounes les moins connues de Ferrat. À la longue, en ouvrant mon esprit, je ne dirais pas que ce fût une révélation mais pas loin...même si quelques chansons de Ferrat sont bien sirupeuses...

Jean Ferrat est étonnant sous le vernis du texte populaire, son inspiration s'oriente vers deux directions: l'engagement social et la poésie. Comme il le dit, il ne chante pas pour passer le temps. Toujours, il cherchera à donner à ses chansons une signification militante derrière le texte populaire

Moi, ma chanson favorite est "Au Printemps de quoi rêvais-tu ?" (1968); inspirée des événements de Mai 68 à Paris où il met en musique le poète Louis Aragon d'une façon magistrale:

Au printemps de quoi rêvais-tu ?
Vieux monde clos comme une orange
Faites que quelque chose change
Et l'on croisait des inconnus
Riant aux anges, au printemps de quoi rêvais-tu ?
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La vie continue, les années passent et je me suis bien-sûr gorgées de d'autres musiques aussi inspirantes les unes que les autres: le jazz, le blues, la musique classique, le rock et le pop et dernièrement le House. J'oubliais Ferrat dans le fond d'un rack à CD.

Et c'est récemment que revient la boucle de Malraux. Je me suis mis au I-tunes et I-pod. J'ai donc numérisé l'ensemble de mes CD. Et quelques part dans ma pile, il y avait mon Ferrat. Je le mis machinalement dans mon ordi et c'est depuis ce temps-là que je réécoute "Au Printemps de quoi rêvais-tu ?", "Je vous aime", "Camarade" et "Maria".

Mais pas par nostalgie. je l'ai déjà écrit, la nostalgie ce n'est pas ma tasse de thé. Je le réécoute parce que les chansons de Ferrat ont une âme et qu'elles transcendent le réel. C'est beau quoi.

Alors, je ne sais pas ce qu'est devenu mon ami Pascal. Mais aujourd'hui, je le salue bien bas pour avoir mis sur ma route les 7 immortels (et surtout Jean Ferrat).

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bien sûr que Ferrat est beau et sincère, vous falait-il un si long détour pour vous en rendre compte?