dimanche, février 25, 2007

Les élections du "Gorgui" au Sénégal

"Gorgui, dolli nu" - Vieux, donne-nous encore!", en wolof.

Les élections présidentielles ont lieu aujourd'hui (dimanche le 25 février) au Sénégal. Quelques cinq millions d'électeurs sénégalais sont appelés aux urnes, pour un scrutin qui voit le président sortant Abdoulaye Wade (le "Gorgui" ou Vieux en wolof) opposé à 14 autres candidats, dont son principal rival, son ancien Premier ministre Idrissa Seck. Agé de 80 ans, le président sortant s'est dit persuadé d'être réélu dès le premier tour pour un mandat de cinq ans.

Dans le cadre d'une réunion internationale à laquelle je participais l'an passé à Dakar, le hasard a voulu que je rencontre pendant quelques minutes, le président Abdoulaye Wade. Sa venue à notre hôtel avait été un véritable cirque précédé de milliers de partisans pro-Wade, de Hummer et Jeep blindés tous gyrophares dehors et d'une présence militaire omniprésente. Bienvenue en Afrique! Stéphanie en Afrique m'avait bien parlé de Dakar avec passions et nuances mais la réalité nous rattrape toujours un peu.

Ce lien, cette histoire personnelle explique peut-être pourquoi cette élection m'intéresse et que j'en observe les rebondissements Ici et Ici sur le web sénégalais depuis quelques semaines.

Si Wade est considéré comme favori, le nombre élevé de candidats et l'éparpillement des voix semblent pourtant rendre peu probable sa réélection dès le premier tour d'aujourd'hui. Charismatique et caractériel, Wade est aussi surnommé Njomboor (il en a des surnoms ce Wade!), ce qui, en wolof, signifie «lièvre», un animal auquel le folklore africain associe la ruse comme principal trait de caractère.

En 2000, porté par le vent du sopi («changement»), Wade, éternel opposant depuis 30 ans, quatre fois candidat malheureux à la présidence, avait été élu dans un raz-de-marée, déboulonnant le Parti socialiste aux commandes depuis 40 ans en mobilisant notamment cette jeunesse laissée pour compte dans un pays où 40% de la population a moins de 14 ans. Depuis, le slogan du sopi s'est retourné contre lui, Idrissa Seck appelant notamment les Sénégalais à voter pour le «véritable changement».

En effet, le mécontentement est grand au Sénégal où la moitié de la population active est au chômage et où des vagues de clandestins de plus en plus nombreux risquent leur vie en mer pour gagner l'Europe, ses rivaux promettent des emplois que Wade n'a pas su leur apporter.

Selon le livre de Mamoudou Gazido, le Sénégal est un des rares pays africains à connaître une démocratie consolidée (p. 219) Le Sénégal est un des plus paisibles, stables et démocratiques pays du continent. Il n'a jamais connu de coup d'état, même s'il a cependant essuyé les foudres des organisations de défense des droits de l'Homme pour la répression d'opposants et de journalistes sous Wade.

Mais cette campagne électorale a été marquée par des violences. La police a tiré des grenades lacrymogènes dans la foule participant à une manifestation interdite de l'opposition. Moustapha Niasse, un des principaux chefs de l'opposition également candidat, a été traîné à terre par les forces de l'ordre. Et cette semaine, le cortège de Seck a été attaqué par une foule pro-Wade à coups de pierre, qui ont blessé un de ses assistants.

Est-ce que l'Afrique se sortira un jour des ses démons? Tout cela me semble bien fragile et il faut espérer une victoire démocratique sans bavure...

Les résultats officiels pourraient être connus dans quelques jours seulement, je vous en reparlerai.

Source: Le Monde et sites web sénégalais

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