dimanche, juin 11, 2006

La voix du baseball

Bonjour,

2e saison de baseball sans les Expos à Montréal. Je reposte mon billet que j'avais écrit il y a un an environ sur le sujet

A&M
-----------------------------------------------------------------------------------------
J'aime le baseball depuis toujours, comme on aime l'idée de courir sur les sentiers ou de se tenir debout dans le champ. Cette relation avec le baseball a toujours été liée avec la voix de Jacques Doucet à CKAC décrivant tranquillement un match de baseball les soirs d'été à la radio.

Les expressions françaises de Monsieur Doucet qui décrivent le jeu sont franchement belles. Il arrive que les sentiers sont déserts, que le voltigeur fasse une longue course qui l'oblige à reculer, qu'il regarde aller la balle du simple fait qu'elle est partie, il arrive que le frappeur frappe une chandelle dans le champ intérieur ou que la défensive soit mystifié par une balle qui a des yeux ou que le frappeur soit menotté par un lanceur dominant...

Mais je sais que l'amour du baseball n'est pas à la portée de tout le monde. Ses longueurs déconcertent les gens de peu de foi. Le baseball est rythme lent, atmosphère, il est climat, il nous retient insidieusement. C'est une machine à figer le temps. Il est comme la mémoire des plus tranquilles archives de l'histoire.

Pas facile d'expliquer cela à une fille qui ne connaît ni le baseball ni la voix de Monsieur Doucet. Jamais fille n'est plus dérangeante dans l'auto que lorsqu'elle parle par-dessus Monsieur Doucet, ou qu'elle ferme la radio comme si de rien n'était, en neuvième manche, après deux retraits. Pour te donner un bec..!

Je suis aller voir les Expos au Parc Jarry quelques fois et au Parc Olympique plus souvent. Mais moi, j'écoute le baseball à la radio avec Monsieur Doucet. J'entends depuis 33 ans, depuis en fait que je suis un petit garçon, la voix de Jacques Doucet annoncer en avril le retour du beau temps, je l'entends suggérer que l'été sera beau uniquement du simple fait que cette voix si familière revient, comme toujours...Décrire 162 matchs par année pendant près de 35 ans demande une certaine attitude à la fidélité et à la répétition. Car l'âme est répétitive et elle aime les petits pas...

Je me rappelle un séjour de camping dans la région de Québec. J'avais 12 ans et la rougeole. Cloué au lit de la tente-roulotte toutes mes journées, j'attendais patiemment les reportages des Expos de Montréal que la radio portative m'amenait...c'était mes moments de petits bonheurs quotidiens.


Jacques Doucet (à gauche) après le dernier match des Expos à l'automne 2004


Mais maintenant, à quoi ressemblera mon été 2005 sans la voix de Monsieur Doucet décrivant les matchs tous les soirs et m'accompagnant quelques manches chaque fois que je prend ma voiture?

Sa disparition des ondes fera un grand trou noir dans ma ligne du temps. La voix de Monsieur Doucet a meublé tant de vide et tant d'étés, elle a pris une si grande place dans mon paysage sonore qu'elle a fini par entrer en moi-même.

Cette voix m'habitait, m'appartenait et maintenant je la perds. Mes voyages d'été en automobile ne seront plus jamais les mêmes...



Source: Inspiré de Serge Bouchard

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Trèe beau texte que je relis avec plaisir