dimanche, juin 11, 2006

Que faire de nos vies (1ère partie)

Pas toujours facile...

Je vieillis en apprenant toujours. La formule est de Solon et Jean-Jacques Rousseau l'avait placée en début d'un de ses livres. Apprendre toujours, oui, mais apprendre quoi?

Que plus on avance en âge, plus on ressent de l'impuissance; que plus on lit, plus on mesure son ignorance? L'être apprend avec le temps qu'il ne sait pas grand chose, qu'il ne saura jamais, qu'il est impossible de venir à bout d'un monde de plus en plus complexe qui nous dépasse. Admettre que nous ne savons pas est la marque même de la maturité.

Il ne s'agit surout pas de baisser les bras!! Et encore moins d'abandonner quoique ce soit. Il faut marcher, il faut rêver et continuer. Apprendre, toujours apprendre même si cela ne change pas le monde. Apprendre parce que ça nous change, nous! Mais, en étant conscient qu'il ne suffit pas de voter ou de lire sur la paix pour que la paix soit.

Le pire tourment de l'Homme est d'avoir connaissance de tout, sans disposer de pouvoir sur rien, disait Hérodote.

C'est toujours avec grande tristesse que nous avouons notre impuissance en face de ce qui arrive. Le mot hélas est un mot qui a de l'avenir. Nous sommes tous désolés. Nous sommes tristes devant les injustices, les tsunamis, les maladies et les malfaisants. Nous sommes abattus par la cruauté de l'histoire, par la bêtise des humains, par les coups du hasard, par la répétition des choses...et surtout nous ne comprenons pas.

Mais quoi comprendre justement?? Chaque pays a cent versions de son histoire. Chaque quartier de la ville, chaque village, chaque maison, chaque conscience humaine est un puits sans fond. Un petit exemple: j'avais été émerveillé de comprendre que l'escalier en colimaçon avait été inventé par un architecte inconnu de la Grande Grèce, à Selinonte, il a 2 500 ans...Dans cette ancienne ville désolée de la Sicile ou même les touristes ne font plus...à part des maniaques comme moi. Cela fait 6-7 ans que je m'intéresse à l'Antiquité comme un fils à la recherche de sa mère et j'en sais si peu...

Alors si je n'arrive pas à bien maitriser les fondements de ma propre culture...que comprendre des arabes, des mulsulmans ou de l'Irak..? Et ailleurs et partout où l'injustice et la violence font rage.

Une autre question qui me trouble actuellement: Comment remettre l'Afrique sur les rails ? L'Afrique dont le seul examen des ethnies, des identités, de l'histoire, ancienne et récente demanderait trois vies de passion, d'obsession, de travail. Lire Ryszard Kapuscinski m'appaise; mais est-ce suffissant?

Je referme son dernier livre, je regarde la télé, nous sommes en 2006, la terre tourne toujours, les technologies explosent et nous vivons une rébellion en l'Irak... Je deviens gaga en apprenant que nous refaisons les mêmes erreurs collectives, que nous nous enfargeons dans les mêmes clôtures, que nous suivons une seule voie. En fait, la société est peut-être simplement comme chacun d'entre nous: elle ne fait que veiller à ses intérêts et fait de son mieux pour les protéger.

Résultats?: l'intérêt personnel trop souvent prime, le pouvoir se concentre, le mystère s'épaissit, le mesquin obéit à une loi de fer. Plus on lit, moins on comprend...comme dans la chanson de Jean Gabin...

Et Rousseau de renoncer, donnant par là raison à l'efficacité des mesquins et à la cruauté du destin. "Je suis désolé. Il ne me reste que mon âme. Hélas ! Je n'y peux rien. " Disait-il.

On ne peut plus tout savoir comme à la Renaissance, l'art actuel va dans des milliers de directions, on a perdu l'illusion de pouvoir changer le monde, Dieu serait mort selon plusieurs,...il ne reste que nous comme individu??? et pour quel destin??...alors que faire?


Inspiré librement de Serge Bouchard

2 commentaires:

Anonyme a dit...

"Les hommes qui jamais ne baissent les bras se pissent sur les souliers ... "

Big Sista a dit...

Excellent commentaire de Paul.

Comme je n'ai pas son talent, je me contenterai de citer André Comte-Sponville sur la quête de sens et le sens de la vie:
« À l'éternelle triple question toujours demeurée sans réponse :
" Qui sommes-nous? D'où venons-nous? Où allons-nous? ", je réponds: " En ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi, et j'y retourne. " » Cela ne répond pas à la question du sens de la vie, mais manifeste peut-être, par le rire, que cette question n'est pas la bonne"fin de la citation

En effet, il me semble qu'a force de la poser cette question sans réponse, on est peut être en droit de se demander si c'est la bonne question.
Le mot « sens » se prend en plusieurs sens : il désigne la faculté de sentir ou de juger (latin sensus), la direction ou l'orientation (ancien germanique sinno), enfin et il semble que les deux étymologies ici se rencontrent - la signification ou dénotation. Ainsi parle-t-on des cinq sens (faculté de sentir), du bon sens (faculté de juger), du sens d'un tissu ou d'un mouvement (dans le code de la route, d'un sens unique), enfin du sens d'un signe, d'une phrase ou d'un symptôme. Trois sens principaux, donc, qui concernent la sensation, la direction, la signification : le sens, c'est ce qui sent ou ressent, ce qu'on suit ou poursuit, enfin ce qu'on comprend.