samedi, mars 03, 2007

Encore Jésus

Suivant un peu les fouilles archéologiques actuelles dans le monde greco-romain, je peux vous dire qu'il y a des trouvailles exceptionnelles à tous les mois. Mais dès qu'il est question de Jérusalem ou d'un aspects de la vie de Jésus, on rentre dans un monde irrationnel qui prend une tournure médiatique démesurée.

Maintenant c'est à un documentaire canadien et les allégations faites par ses artisans de faire le tour de tous les journaux , sites internet et blogues du monde. On aurait découvert le tombeau de Jésus...

Cette histoire débute dans les années 80, avec la découverte d'une tombe à Talpiot, un quartier de Jérusalem.

Dans cette tombe, on a retrouvé dix boîtes funéraires et, dans ces boîtes, trois crânes humains. Sur six des boîtes, des inscriptions en hébreu, en latin et en grec, soit:

Yeshua bar Yosef (Jésus, fils de Joseph);
Maria (Marie);
Matia (Mathieu);
Yose (José, frère de Jésus, dont parle l'Évangile de Marc)
Yehuda bar Yeshua (Judas, fils de Jésus);
Mariamne e mara (en grec signifiant: Marie-Madeleine, connue comme la maîtresse).


Le réalisateur torontois Simcha Jacobovici et le producteur James Cameron (du film Titanic) ont fait appel à des spécialistes qui ont mené une batterie de tests pour analyser les restes contenus dans ces boîtes. Les conclusions médico-légales et même mathématiques suggèrent que:

- Ce sont les membres de la famille de Jésus-Christ;
- Jésus a été marié à Marie-Madeleine;
- Jésus a eu un fils.

La chaîne américaine Discovery Channel diffusera demain soir (dimanche le 4 mars) le documentaire qui exposera de nouvelles données scientifiques, notamment des analyses ADN, laissant suggérer que les tombeaux ont pu, à un moment donné, contenir les ossements de Jésus et de sa famille. Simcha Jacobovici reconnaît qu'il n'est pas archéologue, expert légiste ou statisticien, mais il affirme que son rôle en tant que documentariste est de soulever des questions, et non pas de leur répondre. Ce qui est quand même assez déconcertant, c'est que, à la base, il y a un consensus certain chez les chercheurs autour de la découverte de ces dix ossuaires. Le New-York Times, à l'époque, affirmait même qu'il était très répandu de graver les prénoms des défunts sur leurs tombeaux, et ces noms étaient très usuels.

Donc pour la communauté archéologique "sérieuse", le débat est quasi inexistant. Ainsi en est-il du premier archéologue à s'être prononcé il y a 20 ans sur l'authenticité des boîtes, Amos Kloner. Il n'hésite pas à ridiculiser la « découverte » de la « tombe perdue ». « Je suis un universitaire, je travaille de façon scientifique, ce qui n'a rien à voir avec le travail d'un cinéaste », dit-il en insistant sur les différences de méthode entre son métier et celles des réalisateurs du documentaire. « Il est impossible de prendre un épisode religieux et de le transformer en quelque chose de scientifique. Ou alors il faut faire des tests ADN et vérifier que l'ADN des ossements appartenant prétendument au fils de Dieu est le même que celui de Dieu ! », plaisante-t-il.

Selon moi, les meilleurs analystes de la planète sur les questions liées à la Bible et à l'archéologie gravitent autour de l'excellente revue française Le Monde de la Bible. Je vous conseille donc d'y lire un article tout récent (et critique) de Sophie Laurent sur le sujet.

J'ai déjà expliqué dans ce blogue mon rapport à la foi, à la religion catholique et à Jésus de Nazareth. Le tout est complexe comme j'imagine pour la vaste majorité des êtres humains dans le monde d'aujourd'hui. Il me semble que c'est un débat beaucoup trop sensible et délicat pour en faire du sensationnalisme. Laissons donc un peu notre pauvre Jésus en paix...

1 commentaire:

Simon Dor a dit...

C'est dommage qu'on se concentre davantage sur des découvertes (pseudo-)scientifique que lorsqu'il y a du sensationnalisme à faire avec (ex: relié à la religion).